Mondociné

GRAVE ENCOUNTERS 2 (critique)

Partagez cet article
Spectateurs

Mondo-mètre :

Carte d’identité :
Nom : Grave Encounters 2
Père : John Poliquin
Livret de famille : Richard Harmon (Alex), Leanne Lapp (Jennifer), Alex Barima (Michael), Dylan Playfair (Trevor), Stephanie Bennett (Tessa), Howie Lai (Jared), Victor Zinck Jr (le docteur)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : Etats-Unis, Canada
Taille/Poids : 1h40 – 100.000 $

Signes particuliers (+) : Quelques séquences de flippe bien troussées. Une intro originale et amusante.

Signes particuliers (-) : Navrant. Une suite sans idées et inintéressante, qui enfile ses pieds dans les chaussons de son prédécesseur avec un je-m’en-foutisme terrible. Décevant.

 

UNE SÉQUELLE FANTOMATIQUE

Résumé : Alex Wright, étudiant en cinéma à la fac, fait parti des nombreux fervents admirateurs du film culte Grave Encounters, petite merveille de l’horreur tournée en 2011 par le duo des Vicious Brothers. Ses recherches autour du film le conduisent à une interrogation quant à la part de réalité et de fiction des évènements qu’il relatait, d’autant qu’il semblerait qu’une bonne partie du casting ait disparu. Avec quelques amis, Alex se lance à la recherche de l’hôpital psychiatrique investi par la production pour les besoins du tournage et espère tirer un documentaire passionnant de ses pérégrinations…

Grave Encounters, la baffe horrifique de l’année 2011 (et accessoirement l’un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années) n’aura pu y échapper. Comme tous les triomphes du cinéma de genre, il aura eu droit lui-aussi à sa séquelle calamiteuse. Rappelez-vous, 1999, un petit film pointe le bout de son nez ni vu ni connu. Il s’appelle Le Projet Blair Witch et lance la mode de la fiction tournée en found footage. Un an plus tard, sort Blair Witch 2, désastre artistique absolu. Sur les seules années 2000, Rec ou The Descent, deux des meilleurs films d’horreur de la décennie ont tous les deux eu droit à leur séquelle nettement inférieure. Seul 28 Jours plus Tard semble avoir échappé à cette mode qui frappe, cela dit, souvent les tout petits films venus de nulle part et qui ont un succès fulgurant presque inattendu les propulsant soudainement, et dans la lumière, et au rang de péloche instantanément culte.

Le duo des Vicious Brothers, tandem à quatre mains inspirés lors de la claque originelle qui avait su reprendre les codes éculés du found footages pour tourner un monument de terreur redoutablement efficace à défaut d’être une folle innovation, passe la main cette fois-ci, à notre plus grande tristesse. Les Vicious Brothers restent à l’écriture du script de cette séquelle mise en branle assez rapidement pour profiter à chaud du statut que s’est forgé le premier opus. Toujours inédit en France, il est devenu une bombe culte à la fois en Amérique du Nord mais également dans le monde entier grâce à… internet ! En France par exemple, Grave Encounters est un film adoré des amateurs d’horreur alors qu’il n’est pourtant jamais sorti ni en salles ni en DVD ! Un comble sacrément ironique qui n’est pas sans rappeler un autre exemple récent, l’ingénieux The Man From Earth, heureusement sorti sur galette numérique depuis. C’est en réalité le téléchargement et la toile qui auront contribué (illégalement) à propulser planétairement le film dans la lumière. Et alors que ce deuxième volet sort, on attend toujours une édition du premier de part chez nous. De quoi avoir les boules. Bref…

Pas de Vicious Brothers à la réal donc mais seulement à la rédaction d’un script très ingénieux qui joue sur le même crédo que le récent The Human Centipede 2 et qui n’est pas sans rappeler le septième chapitre de la saga de mister Wes Craven, Freddy sort de la Nuit où comment convoquer la fiction dans la réalité pour les faire se rejoindre dans une intrigue ambiguë faisant de la séquelle un méta-film prenant racine dans l’histoire réelle et la légende engendrée par son prédécesseur. C’est au réputé réalisateur de clips et de pubs John Poloquin que The Vicious Brothers font appel pour diriger, toujours caméra à l’épaule et toujours sur le ton du found footages, cette suite. Un John Poliquin qui signe, au passage, son premier long-métrage.

On espérait beaucoup de cette suite tant le premier Grave Encounters avait été un moment mémorable de trouille. Et même si l’on était conscient du danger d’une suite à un film culte etc… naïfs que l’on est, on espérait revivre à nouveau une bonne soirée d’angoisse à se faire dessus de panique devant cette petite équipée partant sur les traces du tournage de Grave Encounters pour en démêler la réelle part de fiction. Bien évidemment, une fois sur place, ils vont se rendre compte qu’il aurait mieux fait de rester chez eux… Précédé d’une bouche-à-oreille pas vraiment très bon, Grave Encounters 2 est annoncé comme une immense déception rappelant celle de l’opposition Blair Witch/Blair Witch2 où comment passer d’une bombe ultra-efficace et emballante à un nanar pur premium plus luxueux mais aussi plus raté. Et malheureusement, il faut bien se rendre à l’évidence : ça se confirme. Alors non, n’exagérons pas, Grave Encounters 2 n’est pas non plus Blair Witch 2 mais il passe pas loin.

Si le film de Poloquin est basé sur une excellente idée jouant avec amusement sur le succès du premier opus pour développer l’intrigue du second en le réinscrivant dans une réalité qui du coup pourrait donner lieu à un surplus de frissons par sa « crédibilité », la façon de la traiter va être l’objet d’un ratage dans les grandes largeurs. Poliquin à son niveau n’a pas grand-chose à faire. Le peu qui lui incombe est de tenir sa caméra et d’exécuter le tournage en faiseur. Il le fait, malheureusement pour lui bien mal pour un premier film. Sa réalisation trop prévisible désamorce quantité d’effets de flippe que l’on voit venir à des kilomètres, à notre plus grand malheur et ce, quand réalisation il y a et que le néo-cinéaste ne se contente pas de secouer son objectif dans une mise en scène qui se mue en un comble d’incohérence dans la gestion de sa pseudo-facture found footage. Car question raccords, coupes, montage, on est très loin de l’intelligence de Grave Encounters premier du nom qui jouait habilement avec son concept. Cette fois-ci, rien ne tient la route dans la façon de montrer des images soi-disant captées sur le vif. On passera (comme souvent quand on parle d’horreur ici, vous noterez) sur la direction d’acteur inexistante qui frise le comique second degré notamment avec sa « star » juvénile, un sosie de Robert Pattinson version hard-discount. Pour les autres, tout le monde joue mal de toute façon donc bon…

Mais le plus gros problème de Grave Encounters 2 est encore son concept aussi malin qu’il n’est le point qui vient saborder l’entreprise de cette séquelle dont les erreurs les plus majeures sont finalement à mettre à l’actif des Vicious Brothers scénaristes. En articulant leur script sur le concept du fan-film, leur idée fonctionne comme une épée de Damoclès tournoyant sans cesse au-dessus du métrage en l’empêchant de se donner le droit à la moindre ambition formelle comme narrative. Plus clairement, Grave Encounters 2 ne cherche jamais à égaler le un voire même à le surpasser mais se contente tout du long de le regarder avec admiration et un sentiment d’infériorité permanent qui paralyse complètement son avancée. Marchant sur les traces de l’équipe de tournage dont le cauchemar avait été relaté dans le précédent, l’équipe de se second volet se rend sur les mêmes lieux, dans les mêmes pièces, aux mêmes endroits et va forcément vivre… les mêmes choses ! Résultat, Grave Encounters 2 nous ressert exactement les mêmes idées et effets que Grave Encounters 1, chose assez surréaliste qui fait que le film se mue du coup en remake déguisé. Adieu effets de surprise, adieu inattendu, adieu sensation de terreur permanente, Grave Encounters 2 ne nous sert que du déjà-vu dans son modèle au point que cette séquelle devient plus chiante que passionnante, regardable sans jamais être vraiment frissonnante. Le résultat est raté et c’est bien dommage.

Et un petit classique de l’horreur de plus de sabordé par une suite opportuniste et commerciale de bien piètre qualité. Grave Encounters partait d’une idée pas si mauvaise au demeurant, jouant sur le phénomène engendré dans la planète cinéphile/geek des fans d’horreur mais se vautre en cherchant sans cesse à « reproduire » plutôt qu’à « créer », à « copier » plutôt qu’à « s’inspirer ». Sans être désagréable et insupportable en soi au regard, Grave Encounters 2 est juste une énorme descente dans un manège de montagnes russes. On était monté si haut que l’on descend violemment très bas dans la foulée. Vu directement, cette suite pourrait presque être un bon film petit d’horreur appréciable et sympathique. Mais malheureusement, si l’on est devant avec la bave aux lèvres, c’est bien parce que l’on a vu le premier. Et dans ce cas, cette séquelle est une déception terrible que l’on mate à la fois parce qu’en toute honnêteté, c’est largement regardable mais dans le même en ayant sans cesse ce sentiment d’avoir les boules devant un beau gâchis, ce qui a pour effet de nous empêcher de rentrer pleinement dans l’aventure narrée. On a tellement envie de hurler « eh merde » qu’on aurait tort de s’en priver alors voilà, c’est fait. Était-ce parce qu’ils étaient conscients du désastre que l’on voit autant d’extraits du premier dans ce second volet ?

Bande-annonce :

One thought on “GRAVE ENCOUNTERS 2 (critique)

Répondre à authentic jordans Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux