Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Frantz
Père : François Ozon
Date de naissance : 2016
Majorité : 07 septembre 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : France, Allemagne
Taille : 1h54 / Poids : NC
Genre : Historique, Drame
Livret de famille : Pierre Niney, Paula Beer, Ernst Stötzner…
Signes particuliers : François frappe fort… encore une fois.
LE POIDS DU SECRET
LA CRITIQUE DE FRANTZ
Résumé : Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville.
Dans une guerre, il y a presque toujours un gagnant et un perdant. Du point de vue géopolitique en tout cas. Ce que l’on oublie un peu trop vite, c’est la douleur des familles des deux camps. Les français que nous sommes ont été gavés depuis leur plus jeune âge, de films sur la Première Guerre Mondiale, et son après. En règle générale, les méchants sont allemands, les gentils sont français. Point. Le film de François Ozon prend le parti de raconter une autre version de l’histoire. Cette fois-ci, c’est un français, Adrien, magnifiquement interprété par Pierre Niney, qui prend le risque de traverser la frontière germanique juste après le bain de sang qui a opposé les deux pays voisins, pour partir à la recherche de la famille de son ami allemand : Frantz. Il découvre là-bas des parents allemands meurtris par la mort de leur fils, comme leurs homologues français et d’autres, en quête de coupables à la perte des êtres chers, et qui de fait, haïssent leurs bourreaux. Comme le dit le père de Frantz dans le film, fustigeant les nationalistes anti-français qui ne comprennent pas son attachement quasi filial pour cet étranger qui vient d’arriver dans ce petit village encore chagriné par la perte de nombreuses âmes : « Nous sommes juste des pères qui buvons à la mort de leurs fils« .Dans cette famille allemande, Adrien rencontre Anna, la fiancée de Frantz. Orpheline, ses beaux-parents l’aiment comme leur propre fille. Ses deux êtres vont se lier malgré eux, sur fond d’un secret lourd. C’est là que François Ozon rentre dans le vif de son sujet en interrogeant le spectateur sur la vérité et le mensonge, la culpabilité de mentir à ceux qu’on aime, même dans le but louable de les protéger. Est-il préférable d’être transparent quitte à heurter, ou mieux vaut-il mentir et préserver ? C’est le dilemme permanent que rencontrent les deux personnages principaux de ce film majoritairement en noir et blanc, où la couleur ne rentre que par touche, annonçant la reprise de la vie. Comment être heureux et continuer à vivre quand la mort frappe et que l’on est celui qui reste ? Le jeune français et l’allemande choisissent de répondre à cette problématique de façon très différente, les deux dans l’optique de se libérer d’une douleur sourde. Adrien (qui au début du film apprend à dire « heureux » en allemand, mot qu’il ne comprend pas alors qu’il parle relativement bien la langue) expie ses fautes à coups d’auto-châtiments. Anna, elle, ne peut que s’éloigner physiquement de ses beaux-parents qu’elle aime tant, pour moins subir le poids du mensonge.Il y aurait mille choses à dire et à interpréter sur ce film plein de mystère et d’ambiguïté. Les deux jeunes acteurs sont brillants et d’une maturité qui force le respect (Paula Beer, l’interprète d’Anna n’a que 21 ans), et la décharge d’émotion qu’ils projettent sur nous est si puissante que la remise en question pour le spectateur est inévitable. On se demande ce qu’on aurait fait à leur place, au moment de rendre des comptes, quel poison serait venu nous titiller, celui de la culpabilité, de la vengeance ou de la victimisation ?
BANDE-ANNONCE :
Par Raphaela Louy