La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Once Upon a Time… in Hollywood
Père : Quentin Tarantino
Date de naissance : 2018
Majorité : 14 août 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h42 / Poids : NC
Genre : Comédie, Drame
Livret de famille : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Bruce Dern, Timothy Olyphant, Al Pacino, Kurt Russell, Damian Lewis, Dakota Fanning, Luke Perry, Emile Hirsch…
Signes particuliers : Surprenant. A la fois du pur Tarantino et dans le même temps très différent de ses précédents films.
UN VOYAGE DANS LA FIÈVRE DU HOLLYWOOD DE LA FIN DES 60’s
NOTRE AVIS SUR ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD
Synopsis : En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
A n’en pas douter, c’est l’un des films les plus attendus de l’été. De ces films qui cristallisent les attentes et alimentent les débats passionnés. Présenté en grande pompe en mai dernier au festival de Cannes (d’où il est reparti étonnamment bredouille au terme de la compétition), Once Upon a Time… In Hollywood est la déclaration d’amour de l’ami Tarantino a un pan de l’histoire cinématographique qu’il aime tant. Avec pour véhicule d’immersion dans ce fascinant et dingue microcosme hollywoodien de la fin des années 60, un duo de stars mythiques réunies pour la première fois à l’écran : Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Tarantino + Pitt + DiCaprio + Hollywood, il flottait comme un parfum de fantasme de cinéphile autour de ce 10ème long-métrage du père de Pulp Fiction et Kill Bill. C’est d’ailleurs la force du film comme son problème. Devoir gérer une énorme attente qui l’exposait à mille et un dangers, à commencer par le risque de décevoir.
Avec Once Upon a Time… in Hollywood, Tarantino met en images sa passion pour ce glorieux Hollywood vintage qu’il a si souvent évoqué dans sa carrière à grands coups de références éclatantes. Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas le faste glorieux qu’il met en scène mais l’étage d’en-dessous, ce monde bouillonnant tapi dans l’ombre des symboles. Récit très amer voire mélancolique où un aura de tristesse borde une énergie comique de chaque instante, OUATIH (non parce que l’écrire en entier à chaque fois, c’est chiant) s’attarde sur ce que l’on pourrait appeler des loosers magnifiques. Looser à leurs yeux du haut de leurs carrières ratées, mais magnifiques aux yeux du cinéaste qui les voit comme les fabuleux étendards de la contre-culture bis. Comme ce Rick Dalton (DiCaprio), acteur connu mais qui a toujours échoué à franchir la marche qui l’aurait mis à égalité avec les plus grands de son époque style Steve McQueen et consorts. Le genre d’acteur qui a eu une série télé, une poignée de longs-métrages d’exploitation et qui jouent maintenant les bad guy en guest dans les TV show des autres tout en écoutant avec amertume les propositions émanant du cinéma bis italien de l’époque qui aimait tant enrôler ce type de vedettes yankees en perte de vitesse (on pense aux Christopher George, Robert Kerman, Richard Harrison, Tony Musante voire dans une autre mesure Lee Majors, John Saxon, Jack Palance et tant d’autres). Ou aussi comme ce Cliff Booth (Brad Pitt), cascadeur qui rame à trouver du boulot et se contente avec philosophie d’être l’assistant du premier en regardant dans le rétro une carrière manquée. Ou enfin comme Sharon Tate, starlette émergeante qui grappille des seconds rôles par-ci par-là en espérant que sa carrière décolle un jour.
Oui, Once Upon a Time… in Hollywood est un sacré hommage à un certain cinéma, le cinéma d’exploitation américain, le cinéma d’exploitation italien des Margheriti et autres Ferroni ou Corbucci, le cinéma western, le cinéma des gueules besogneuses qui ont loupé le train de l’immense starification, le cinéma des seconds rôles qui avaient de l’allure, celui des stars aussi, le cinéma des cascadeurs et autres techniciens chevronnés ou le cinéma mésestimé qui faisait vivre les drive in. Tout cela, Quentin Tarantino le reboutique dans un panorama ambitieux entre la fresque et le film choral, dans un film complètement fou sans autres limites que celle qu’il s’impose lui-même (faire passer Bruce Lee pour un gros débile vaniteux, fallait oser !), un film qui s’amuse à venger l’histoire et se veut le justicier remettant les choses à l’endroit, ou plutôt disons comme Tarantino aurait voulu les voir. Parce qu’après tout, l’avantage du cinéma, c’est le pouvoir de la fiction qui permet toutes les libertés. Mais derrière cette alléchante description, se cache un loup. Souvent fascinant, souvent fantasque, souvent proche de l’overdose d’idées tant il est riche, Once Upon a Time… in Hollywood est probablement le Tarantino le plus difficile à appréhender. Car quand on l’éviscère, tout est formidable. La mise en scène est brillante, l’histoire est passionnante, les personnages sont excellents, la reconstitution est fabuleuse, les thématiques sont fortes, le ton crépusculaire sur la fin d’un Hollywood (et par extension d’un monde prêt à basculer dans le désenchantement alors que les hippies passent du peace and love à l’horreur de Charles Manson) est nourricier. Bref l’ensemble transpire le génie et une densité rare. Et pourtant, quelque chose cloche…
Conçue comme une œuvre fleuve à la longueur tarantinesque (2h42 quand même), Once Upon a Time… in Hollywood semble se plaire dans une allure entre la séduction et le mal aimable. D’un côté, il y a la virtuosité étincelante d’un film grandiose, de l’autre cet étrange faux rythme permanent dans lequel il baigne. D’un côté, il y a cette immersion passionnée, de l’autre cette pesanteur constante. D’un côté, il y a tout Tarantino dans ce qui pourrait ressembler de loin à un film-somme. De l’autre, on s’étonne de l’absence de ses traditionnels dialogues clinquants et de sa folie habituelle (mis à part le final que l’on n’évoquera pas par souci de préserver la découverte intacte). Et surtout, d’un côté il y a ce regard fascinant et fasciné, de l’autre un étonnant manque d’enjeux narratifs qui abandonne le film à lui-même. Aussi brillant puisse t-il être de manière intermittente, Once Upon a Time… in Hollywood est une chronique qui pourrait rappeler Robert Altman ou le Paul Thomas Anderson de Boogie Nights avec la patte Tarantino en prime, mais qui s’offre comme une sorte d’immense fresque sans la fluidité que requiert habituellement le registre. Ou comme une sorte de film choral mais sans la maîtrise de la choralité (trop de personnages peu étoffés à commencer par Sharon Margot Robbie Tate). Il s’en dégage surtout, chose très étonnante venant de Tarantino, une sensation de lourdeur narrative, le cinéaste se lançant dans la chronique avec un style qui pourrait être au cinéma, ce que Jules Verne est à la littérature. OUATIH ne suit pas une trame précise, il tourne autour d’une époque de l’histoire d’Hollywood, il tourne autour de ses deux protagonistes principaux, il se promène dans ce monde qui fascine tant le cinéaste. Avec parfois, comme dans les romans de Jules Verne, des digressions qui furètent à droite à gauche. Ces digressions sont justement tantôt magnifiques tantôt plombantes pour le récit, et elles participent à créer ce faux rythme qui risque d’en déconcentrer plus d’un, y compris chez les fans hardcore de QT.
Bancal, Once Upon a Time… in Hollywood l’est car il ressemble par moments à un assemblage de scènes et de saynètes, à une fresque hachurée aux délires digressifs censés être cool mais qui césurent de trop le récit en lui ôtant ce qui d’ordinaire fait la force des films de l’artiste, cette musicalité cinématographique qui claque, ce sens inégalé du tempo juste, cette métronomie si parfaite et ce caractère jouissif si jubilatoire. Qu’on se le dise bien, OUATIH ne ressemble à aucun autre Tarantino, de ses plus construits à ses plus bavards en passant par ses plus intenses ou ses plus retors. C’est comme une nouvelle œuvre d’un cinéaste qui termine sa mue et semble avoir atteint enfin le bout d’un chemin qu’il arpentait depuis un bon moment. Que fera t-il après ? C’est une question excitante. Mais avant d’y penser, il va falloir digérer cette proposition pantagruélique qui oscille entre le fantastique et le maladroit. Une proposition folle, pleine de classe, de magnificence et d’intelligence dans le regard qu’elle jette sur ses protagonistes mais à travers laquelle on aurait presque l’impression que Tarantino se repose un peu trop sur ses codes formels et narratifs en oubliant de soigner son écriture. Mais ça reste quand même un sacré morceau de cinoche, un beau film de et sur le cinéma mais aussi sur l’amitié où le cinéaste s’éclate comme jamais en réalisant mille choses en une seule !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Tarantino n est pas Dieu ! Qu il l accepte et fera enfin un chef d oeuvre après Pulp Fiction qui aujourd hui ressemble à un merveilleux mais unique accident…
La finale est catastrophique et ne rend pas hommage a Sharon Tate qui rappelons-le est morte dans des conditions horribles.