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MARCHE OU CRÈVE de Francis Lawrence : la critique du film

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Spectateurs

Nom : The Long Walk
Père : Francis Lawrence
Date de naissance : 1er octobre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h48 / Poids : 20 M$
Genre : Thriller

Livret de Famille : Cooper HoffmanDavid JonssonGarrett Wareing, Ben Wang, Charlie Plummer, Mark Hamill, Tut Nyuot, Judy Greer…

Signes particuliers : Une bonne adaptation du roman de Stephen King.

Synopsis : Le jeune Garraty va concourir pour La « Longue Marche », une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision. Mais ce n’est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi…

 

UN KILOMÈTRE À PIED, ÇA USE, ÇA USE…

NOTRE AVIS SUR MARCHE OU CRÈVE

Un film de Francis Lawrence sur une compétition retransmise à la télé où des jeunes vont concourir à la vie à la mort avec le vainqueur comme seul survivant. On pense instantanément à la franchise Hunger Games dont le cinéaste avait signé trois des épisodes canon. Mais même si ça y ressemble, ce n’est pas de cela dont il s’agit aujourd’hui. En adaptant le célèbre roman Marche ou Crève de Stephen King, le réalisateur reste en terrain connu. Encore un univers dystopique. Encore une histoire similaire. Encore la thématique sous-jacente du totalitarisme.

Avec Marche ou Crève, le roi de l’horreur littéraire imaginait un futur proche où les États-Unis peinaient à se relever d’une guerre qui a ruiné un pays devenu depuis totalitaire. Chaque année y est organisé la « Grande Marche ». Un candidat (volontaire) issu de chaque État est sélectionné pour y participer et le « spectacle » est diffusé à la télévision. Le principe est simple. Les concurrents s’élancent d’une ligne de départ et doivent marcher sans ralentir, sans s’arrêter, sous peine de recevoir un avertissement. Au troisième, c’est l’exécution sommaire et immédiate. Le dernier debout remporte une grosse somme d’argent et le droit à un vœu exaucé. Cette année, Ray Garraty, Pete McVries, Arthur Baker, Stebbins, Hank Olson, Richard Hartnett, Collie Palker, Gary Brokovitch et d’autres prennent la route. En connaissance de cause, tous plein de rêves de victoire, mais sans se douter de l’horreur d’une réalité impitoyable incarnée par les soldats qui les accompagnent, dirigés par le tout-puissant « Commandant » (Mark Hamill).

L’adaptation de Marche ou Crève dormait dans des cartons depuis très longtemps. Dans les années 80, elle était promise à l’illustre George Romero. Et on n’a aucun mal à imaginer tout ce que le cinéaste aurait pu en faire, lui le maître du cinéma d’horreur pamphlétaire. Bien des années plus tard, c’est Frank Darabont qui en acquiert les droits. Là aussi, on fantasme le résultat, le cinéaste ayant signé quelques-unes des meilleures adaptations de romans de Stephen King au cinéma (Les Évadés, La Ligne Verte, The Mist). Échec encore. On en arrive à Francis Lawrence qui va faire parler son sens de l’efficacité pour mettre des images sur les mots de Stephen King. Plus ou moins fidèlement. Pour les puristes du livre, précisons que Francis Lawrence s’applique à suivre le roman originel mais qu’il s’octroie quelques écarts plus ou moins importants. Certains personnages secondaires sont légèrement modifiés ou compactés en un seul, et la fin est un poil changée. Changer la fin d’un Stephen King peut être une audace à succès, Darabont l’a prouvé avec celle The Mist. Mais ça peut être aussi un pari très risqué. Ce qui est sûr, c’est que Francis Lawrence s’en sort plutôt bien compte tenu de la gageure. Par son concept de huis clos à ciel ouvert et en mouvement, et de récit linéaire et narrativement assez mécanique, adapter Marche ou Crève comportait d’énormes difficultés. Lawrence les accepte et compose avec elles. Et même si certaines ont un impact notable sur le résultat, l’ensemble se tient avec solidité.

La première réussite de Francis Lawrence est de réussir à matérialiser son univers, à planter ses personnages, ou du moins à en faire ressortir un certain nombre de sorte que le spectateur dispose d’un pouvoir d’identification avec ces marcheurs. Derrière, le cinéaste trace sa route et nous fait crapahuter avec ce groupe de victimes ambulantes. En filmant avec une intensité tremblotante et horrifiante leurs effroyables péripéties, en captant non sans émotion leurs pensées existentielles voire philosophiques jadis couchées sur papier par Stephen King. Alors qu’ils marchent contre la mort, le temps passe et leurs discussions les amènent à disserter sur le sens de la vie, le chérissement des moments partagés, leurs espoirs et leurs angoisses ou encore l’état de leur pays aux libertés individuelles entravées. Et surtout en n’oubliant pas sur le bas côté le propos politique de l’auteur sur la désagrégation d’une société cherchant une renaissance illusoire dans l’horreur de l’inhumanité. Francis Lawrence essaie de tout garder, n’aseptise rien (ni le fond engagé ni la forme violente, pas plus que la morale choquante) et signe un blockbuster d’une indéniable efficacité où le road trip épuisant se conjugue avec le thriller de genre âpre et douloureux. Le seul hic de l’affaire est inhérent à son histoire programmatique. Dès que la « Marche » commence, le spectateur sait pertinemment par avance que la suite du film sera un décompte. Et au fur et à mesure que les concurrents tombent, difficile d’être surpris voire ému par quelque chose que l’on attendait. Parce qu’ils ne peuvent s’arrêter, parce qu’ils doivent continuer à marcher sans ralentir, Francis Lawrence n’a que peu de marge de manœuvre pour s’attarder sur ceux qui crèvent. Difficile dans ces conditions d’imposer une émotion déchirante alors que le concept même du récit est de ne pas avoir le temps de l’éprouver. Il en subsiste heureusement quelques bribes parce qu’encore une fois, le scénariste JT Moller et Francis Lawrence ont su bien planter les principaux membres de cette troupe de marcheurs programmés pour mourir.

Très bonne adaptation du roman de Stephen King, Marche ou Crève manque peut être d’un soupçon de puissance mais le challenge est largement relevé, et le casting n’y est pas non plus étranger avec les formidables prestations de Cooper Hoffman (découvert dans Licorice Pizza), Ben Wang (le héros du dernier Karaté Kid Legends) ou encore Charlie Plummer. Formidables… mais néanmoins tous bouffés par un acteur hors norme, un jeune comédien dont on avait déjà salué le génie il y a peu dans Alien : Romulus où il incarnait l’androïde Andy. David Jonsson, retenez bien de nom. S’il existait un Oscar du Meilleur Espoir (comme c’est le cas aux César), il serait un très sérieux candidat à la prochaine édition. Drôle, attachant, bouleversant, David Jonsson campe un Peter McVries qui s’impose dès la première minute comme un phare dans les ténèbres, un repère physique et émotionnel pour le spectateur. De loin le meilleur personnage du film et l’un de ceux pour qui l’on va trembler le plus fort.

 

Par Nicolas Rieux

3 thoughts on “MARCHE OU CRÈVE de Francis Lawrence : la critique du film

  1. Je ne trouve pas que le film se soit fidèlement adapté au livre. Il suffit de voir le casting…. Où est la cicatrice sur le visage de Peter Mcvries ? Où est Scream? L’histoire est totalement changée sur les personnages et ne parlons même pas de la fin…. Sacrilège de modifier une fin signée Stephen King. Quelle déception ! Rien à voir avec l’adaptation des évadés ou la ligne verte…. Ou Carrie de Brian de palma. Là c’était du bon.

    1. Sacrilège de changer une fin de Stephen King ?!! Darabont a changé celle de The Mist et la fin ciné est bien meilleure que la fin du livre. Même King l’a reconnu.

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