L’année dernière,
Barbie et
Oppenheimer ont tout écrasé un peu partout dans le monde. Un peu partout… ou presque. Pas en Italie par exemple, où le duo de blockbusters a subi la loi d’un invité surprise : le local
Il reste encore demain. Réalisé par la vedette multi-casquette Paola Cortellesi (présentatrice-humoriste-comédienne populaire à la télé italienne),
Il reste encore demain remonte le temps en noir et blanc et nous plonge dans l’Italie des années 1940 post-Guerre. La vie est dure dans un pays vaincu, les restrictions nombreuses, mais l’espoir fait vivre. Dans un quartier pauvre, Délia (Paola Cortellesi elle-même) vit dans un appartement miteux avec ses trois enfants et son mari violent qui la cogne régulièrement. Elle cumule plusieurs boulots et ses rares brefs moments de répit sont ceux en compagnie de son amie Marisa qu’elle croise dans le quartier. Le jour où une mystérieuse lettre arrive, une porte nouvelle s’ouvre pour un autre avenir possible…
Plus de 5 millions d’italiennes et d’italiens ont vu Il reste encore demain, chronique historique dans l’air du temps, qui charge le patriarcat courage bombé et baïonnette à la main. Paola Cortellesi signe un film plein de fraîcheur, plein d’idées. Faire de l’histoire d’une femme battue une comédie dramatique, fallait oser déjà ! Parfois doux comme un bonbon ou amer comme la mélancolie, son film est une histoire dure emballée dans un éclat de poésie. Comme ces moments difficiles où Délia est cognée, moments terribles que la cinéaste-comédienne image comme des ballets fantasmagoriques où la valse des gifles est chorégraphiée avec grâce. Un joli moyen allégorique pour traduire l’évasion mentale de son personnage dans ces instants cruels. La joliesse de l’Italie véritable, son accent chantant, progressisme et histoire en marche, le romantisme qui opère un peu partout, les élans de comédie, de bons comédiens, la mise en scène élégante dans son beau noir et blanc rappelant celui de l’opposé néo-réalisme, ou encore la surprise inattendue réservée par le scénario (on n’en dira pas plus), plein de choses séduisent dans un film qui en fait parfois un poil trop dans le drama tapageur « à l’italienne » mais qui globalement, est bourré de charme. Du charme, Il reste encore demain en est rempli mais sans que celui-ci soit le seul argument de l’entreprise. Avant toute chose, avant le drame, la comédie ou la romance, le film de Paola Cortellesi est surtout un portrait de femme du passé dont l’histoire résonne fort avec l’actualité d’aujourd’hui. Il fut un temps où des pionnières ont posé les bases d’un premier élan d’émancipation. Il fut une époque plus récente où les femmes poursuivent leur chemin en se libérant des chaînes pas encore brisées. En parlant d’émancipation, de culture machiste mais aussi de féminicide (plusieurs cas ont ébranlé l’Italie récente dont celui de Giulia Cecchettin qui a ébranlé le pays l’an passé, contribuant au succès du film), Il reste encore demain est une fronde contre les violences faites aux femmes prônant la révolte et l’entraide. A travers une relation mère-fille, Paola Cortellesi montre que l’expérience des aînés doit servir de leçons aux jeunes de maintenant.
Mais toute ode à la liberté féminine qu’il soit, Il reste encore demain n’est pas qu’un film militant aveuglé par son propos engagé (et non enragé). Paola Cortellesi signe une odyssée de femme pleine de douceur où il est question de destin, de masculinité toxique, d’un autre temps porteur d’enseignements, mais aussi d’amitié indéfectible, de rires, de beauté, de tendresse, de transmission, de relations bouleversantes. Formidablement interprété (notamment par Paola Cortellesi elle-même et Valerio Mastandrea), le film de Cortellesi est un hymne profondément émouvante et exaltante.
comment faut-il interpréter la fin du film ?