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GRAN TURISMO de Neill Blomkamp : la critique du film

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Nom : Gran Turismo
Pères : Neill Blomkamp
Date de naissance : 2023
Majorité : 09 août 2023
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h15 / Poids : 100 M$
Genre : Action, Drame

Livret de Famille : David HarbourOrlando BloomArchie Madekwe…

Signes particuliers : Une adaptation bine fichue.  

Synopsis : Passionné par le jeu vidéo Gran Turismo, un adolescent participe à une série de compétitions automobiles en vue de devenir un véritable pilote de course professionnel.

LE FOU DU VOLANT

NOTRE AVIS SUR GRAN TURISMO

Dans une autre vie, on aurait pu penser qu’il aurait été l’un des blockbusters de premier plan de la saison estivale mais curieusement non. Depuis le COVID, tout est déréglé, les plantages sont fréquents et boussoles et compas ne répondent plus. Niché discrètement au cœur de l’été, sans grosse campagne promotionnelle pour le porter, l’adaptation du jeu vidéo culte Gran Turismo par Neill Blomkamp donne presque l’air d’être cachée sous le tapis. Si généralement on peut voir dans ce type de pratique, un mauvais signe quant au résultat, ce n’est pas forcément le cas ici car le film n’a pas à rougir de ce qu’il est ni de ce qu’il offre.

Plus de huit épisodes sans compter les déclinaisons, des dizaines de millions de joueurs à travers le monde et une aura de « meilleur jeu de pilotage jamais produit » loué pour son réalisme et les sensations qu’il procure, la franchise Gran Turismo fait partie des jeux les plus renommés du monde du gaming aux côtés de Need for Speed. Justement, parlons-en de Need for Speed. Ce dernier avait connu une adaptation cinématographique en 2014 pour un résultat désastreux. A la même époque, une adaptation de Gran Turismo était également en production mais le projet est tombé aux oubliettes… jusqu’en 2022. Il est alors soudainement réactivé avec le talentueux Neill Blomkamp aux commandes (District 9, Elysium), lequel parvient enfin à aller au bout d’un truc après les déceptions avortées que furent son Alien 5 et RoboCop Returns. Le tout sur un scénario de Jason Hall (American Sniper, Thank you for your service de lui-même).

Combien se sont cassés les quenottes sur une adaptation de jeu vidéo au cinéma ? On connaît la chanson, le « sous-genre » donne rarement lieu à des satisfactions, bien plus souvent à des échecs XXL. D’autant que contenter néophytes et connaisseurs en même temps est un combat trop souvent perdu d’avance (exemple récent, Uncharted contentait les néophytes, moins les joueurs). Cependant, Gran Turismo a tout pour relever le challenge. D’abord, parce que le film ne se contente pas d’adapter bêtement le concept de la licence dans une fiction prétexte, mais parce que Jason Hall et Neill Blomkamp ont le mérite de raconter une véritable histoire autour du jeu et non une histoire basée sur le jeu. La nuance est énorme et elle fait toute la différence. L’angle choisi est l’histoire vraie et incroyable de Jann Mardenborough, jeune passionné d’automobile et surtout virtuose de Gran Turismo dans sa chambre au nord de l’Angleterre. Le jour où il prend connaissance d’un coup marketing lancé par Nissan autour du jeu Gran Turismo, il voit sa chance de briser son déterminisme social et de peut-être pouvoir accéder à un monde qui n’est pas le sien. Son objectif désormais, intégrer la GT Academy nouvellement créée. Le programme a pour but de sélectionner les meilleurs joueurs de Gran Turismo pour y dénicher le « meilleur des meilleurs », celui qui intégrera la team Nissan pour essayer de devenir un vrai pilote de course professionnel. La question étant, peut-on faire d’un champion de simulateur adroit dans sa chambre, un vrai coureur pro capable de soutenir la pression dans des fusées sur roues lancées à 300 km/heure, où la vie ne tient qu’à un coup de volant ?

Ou l’histoire hors norme d’un gamin qui semblait sans avenir avant d’être porté par sa passion et un coup de pouce du destin. La force de Gran Turismo est là, raconter une bonne histoire (cela dit très fictionnalisée attention) sur laquelle couler ensuite les marqueurs attendus d’une adaptation de GT à l’écran. Ces marqueurs obligés, ce sont bien sûr des séquences de course ultra-spectaculaires et immersives. A ce jeu-là, Neill Blomkamp fait parler son savoir-faire de metteur en scène doué. Entre trouvailles visuelles (l’intégration/dés-intégration du joueur dans la voiture), bagnoles qui ont de la gueule et caméras qui foncent sur le bitume en nous embarquant avec elles au cœur des courses, Gran Turismo assure le service en termes d’action et d’intensité. Il ne restait plus qu’à lui injecter l’enthouasiasme d’une success story, des épreuves et antagonistes et une dose d’émotion et l’affaire était bouclée. Les deux heures passent aussi vite qu’une pointe en ligne droite aux 24 heures du Mans, en bonne partie grâce à la solidité d’un blockbuster troussé avec une efficacité indéniable.

Bien évidemment, l’ensemble a tout d’une pub XXL vantant les qualités du « meilleur jeu  du monde ». Mais en même temps, peut-on lui en vouloir ? On est dans une adaptation de Gran Turismo, on sait pertinemment à quoi s’attendre (ou alors faut pas venir le voir).  Ce serait comme reprocher à Barbie d’être une pub pour Barbie. Derrière ça, oui cette adaptation n’est pas d’une grande finesse dans sa manière de raconter, arranger ou idéaliser très largement l’histoire vraie dont elle s’inspire, et elle ne cherche jamais à trop aboyer son manque d’honnêteté de ce côté-là bien au contraire, ce qui gêne un peu. Mais on en retiendra surtout l’essentiel, Gran Turismo offre un bon spectacle cinématographique, calibré pour être efficace, entraînant, émouvant. C’est déjà pas mal pour un petit blockbuster de mi-été.

 

Par Nicolas Rieux

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