CLASSE MOYENNE d’Anthony Cordier : la critique du film

Nom : Classe Moyenne
Père : Anthony Cordier
Date de naissance : 24 septembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h35 / Poids : NC
Genre : Comédie

Livret de Famille : Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia, Laure Calamy, Noée Abita, Sami Outalbali..

Signes particuliers : Drôle et mordant.

Synopsis : Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d’un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s’envenime…

AFFREUX, BÊTES ET MÉCHANTS

NOTRE AVIS SUR CLASSE MOYENNE

Passée la parenthèse télé avec l’excellente série OVNI(s) sur Canal+, Anthony Cordier revient au cinéma huit ans après son charmant Gaspard va au mariage. Cette fois, il s’intéresse aux conflits de classes avec Classe Moyenne, une farce satirique hautement caustique dans laquelle le couple de gardiens d’une maison secondaire appartenant à un couple riche entre en guerre avec leurs patrons. Avec côté bourgeois le duo Laurent Lafitte et Élodie Bouchez, et côté populaire le tandem Ramzy Bedia et Laure Calamy.

Sorte de Parasite à la française (comparaison facile mais incontournablement évidente), Classe Moyenne s’amuse d’une guerre déclarée entre un couple de prolétaires et un couple de friqués sur fond de tensions sociales. Dans l’esprit vif et un peu méchant des comédies des années 70 (notamment italiennes et françaises), Classe Moyenne mêle l’hilarant vitriolé au portrait social d’une société trop fracturée pour être réconciliable. Les riches exploitent les pauvres depuis si longtemps que le vase déborde à la moindre goutte de trop. Entre manœuvres juridiques et coups bas, toutes les armes sont bonnes dans ce règlement de compte à Ok Corral. La satire est acide comme une pomme pas mûre. Ce qui est mûr en revanche, c’est la révolte du peuple soumis contre les nantis. Mais loin de vouloir clouer au piloris les uns ou les autres de manière binaire et manichéenne, Anthony Cordier reprend la formule du Parasite de Bong Joon-ho ou de satires à la Affreux, Sales et Méchants, Que les gros salaires lèvent le doigt ou La Vie est un long fleuve tranquille. Les pauvres ne valent pas mieux que les riches et finalement tout le monde semble pourri dans ce bal où l’empathie devient à géométrie très variable. Parce que les riches deviennent souvent cons. Parce que les pauvres deviennent souvent aigris. Dans le tableau de Classe Moyenne, d’un côté des bourgeois qui n’ont plus le sens des réalités humaines et affichent une arrogance presque involontaire tellement elle paraît naturelle, de l’autre des petites gens qui en ont ras le bol de l’injustice du monde et ne jure plus que par l’appât du gain. Et les vrais innocents dans tout ça, les vrais gentils, les honnêtes, ça n’existe donc pas ? Si. Mais Cordier montre que l’on en est arrivé tristement à un point où la société ne les tolère plus, où la gentillesse ne paie pas et où être trop naïf se retourne contre vous. Témoin, ce nouveau petit-copain de la jeune fille bourgeoise (excellent Sami Outalbali) trop innocent pour se faire une place dans ce monde impitoyable où la cupidité et la mesquinerie dirigent tout.

Très drôle, Classe Moyenne n’invente ou ne réinvente pas grand-chose que le cinéma n’ait pas déjà traité mille fois et le film manque peut être d’un peu de sens du cinéma (à l’inverse du virtuose Parasite justement). Néanmoins, le film d’Anthony Cordier réussit à être aussi divertissant et ludique dans son allure humoristique que pertinent et intelligent dans sa diatribe farceuse sur la société. La caricature des uns et des autres sert un propos engagé et très pertinent sur notre époque.