Nom : L’intérêt d’Adam
Mère : Laura Wandel
Date de naissance : 17 septembre 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h13 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Léa Drucker, Anamaria Vartolomei, Jules Delsart…
Signes particuliers : Entre le drame social et le thriller coup de poing.
Synopsis : Face à la détresse d’une jeune mère et son fils, une infirmière décide de tout mettre en œuvre pour les aider, quitte à défier sa hiérarchie.

UN CHOIX CORNÉLIEN
NOTRE AVIS SUR L’INTÉRÊT D’ADAM
Un soir, à l’étage pédiatrique d’un hôpital, le petit Adam est hospitalisé pour malnutrition à la suite d’une décision de justice. Protectrice, sa mère refuse de laisser son enfant seul et l’enfant refuse de quitter sa mère. Lucie, infirmière en chef, accepte de leur laisser un peu de temps malgré les consignes. Mais la situation va rapidement se compliquer autour de l’intérêt d’Adam.

On attendait impatiemment le retour de la réalisatrice Laura Wandel après son formidable Un Monde sur le harcèlement scolaire. Cinq ans plus tard, la cinéaste belge revient avec L’intérêt d’Adam, un drame raconté en quasi temps réel et porté par le duo Léa Drucker et Anamaria Vartolomei. Présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique, le film avait fait forte impression. On comprend pourquoi. Encore une fois, Laura Wandel fait mouche avec un drame tendu comme une corde à linge, que l’on traverse en apnée, suspendu à son réalisme suffocant. La tension de L’intérêt d’Adam se développe dans l’urgence d’une courte durée, 1h13 en tout et pour tout. Concis, efficace, droit au but. L’intérêt d’Adam s’empare d’une situation d’urgence comme il en existe des tas chaque jour dans le système hospitalier. Avec des personnages qui vont essayer de composer avec elle.
Intelligent dans sa mise en scène toujours à hauteur des personnages filmés comme dans sa narration d’une densité exceptionnelle et qui ne cède jamais à l’artificialité dramatique, L’intérêt d’Adam nous emporte dans le chaos d’une situation complexe où tous les points de vue s’affrontent. Une mère qui pense bien faire, un enfant en détresse, un personnel médical qui agit sans détour, une infirmière bienveillante qui tente de composer avec les éléments en présence et son expérience. Laura Wandel capte ce moment sous tension avec l’intensité du thriller, la justesse du drame et la précision d’un regard quasi documentaire. Ou quand la puissance de la fiction rencontre le réalisme d’une immersion totale dans un drame du quotidien en saisissant à vif l’idée que derrière tout drame humain, peut (bien souvent) se cacher une extrême complexité des points de vue.

Film rageur et socialement militant, L’intérêt d’Adam semble chercher l’effet « coup de poing ». Mais sa (trop ?) courte durée du film a un double effet. D’une part, elle permet à Laura Wandel de contracter l’intrigue et ses enjeux, et d’en accroître la tension dramatique. Elle trouve sa logique dans le fait qu’une journée d’infirmière est une succession de moments avec des patients qui passent, et celui raconté ici est un épisode parmi d’autres dans une garde. En revanche, 1h13 c’est court et la fin pourra paraître brutale, comme si les lumières se rallumaient sèchement, nous extirpant d’un film que l’on était en train de vivre pleinement. Par ailleurs, elle-même poussée par l’urgence de cette volonté de durée ramassée, Laura Wandel se voit parfois contrainte d’empiler les situations à montrer dans un effet catalogue qui veut tout dire et tout montrer en très peu de temps. Fort heureusement, ça fonctionne quand même, bien aidé par les prestations saisissantes de Léa Drucker et Anamaria Vartolomei.
Par Nicolas Rieux