C’est l’un des visages les plus prisés du cinéma français en ce moment. Après avoir bataillé pour s’imposer,
Raphaël Quenard est aujourd’hui partout. C’est bien simple, on l’a vu dans près d’une quinzaine de films depuis le mémorable
Chien de la Casse qui l’a révélé en 2023, César à la clé. Cette trajectoire frénétique, Raphaël Quenard s’en amuse aujourd’hui avec I
Love Peru, un faux documentaire qu’il a coécrit et coréalisé avec Hugo David. Perché entre le documentaire et la fiction (ou plutôt entre le mockumentaire et la comédie autoportraitiste),
I Love Peru raconte le quotidien d’un Raphaël Quenard qui atteint enfin le succès et devient gentiment pénible. Il abandonne ses plus vieux amis, devient lourd et insupportable et se fait même plus largué par sa copine. Seul face à sa gloire soudaine, il rêve qu’il est un condor survolant les Andes. Ni une ni deux, Raphaël Quenard décide de partir de quelques jours au Pérou pour (se) comprendre.
Sous couvert de comédie moqueuse voire de caricature un brin exagérée, I Love Peru est une mise à nu d’un acteur tel qu’il se voit, ou pense qu’on le voit. Drôle, fatiguant, cultivé, lourd, spirituel, déconnecté, attachant, perché. I Love Peru présente Raphaël Quenard tel qu’on l’imagine en vrai et le film est lui-même ce que l’on imagine de l’acteur qu’il est. Au spectateur de tirer de tout cela la part de performance déjantée et de confidence personnelle. Mais en creux de cet ovni aux allures d’aventure humaine truculente, Quenard et David signent une réflexion existentielle sur le métier d’acteur, sur le comédien total constamment en représentation. Pour Quenard, son premier public, ce sont ses proches, dont Hugo David qu’il a rencontré sur le tournage de Chien de la Casse (il y réalisait le making of). Depuis, ils ne se quittent plus ou presque, et Hugo David est le témoin privilégié d’un acteur en excès de performance. Il filme sa fougue, sa douce folie, ses angoisses, ses pitreries lourdes, ses mauvais côtés, sa tchatche fantasque qui ne s’arrête jamais…
I Love Peru est une sorte d’autoportrait en roue libre, un film court (1h08) qui ne ressemble à pas grand-chose d’autre que cette ballade loufoque en compagnie d’un loser étincelant qui, en réalité, est un vrai comédien brillant et un sacré personnage iconoclaste. Dans la veine des documentaires de la mythique série Striptease, I Love Peru est un délire mélangeant éclats de rire et pointes de philosophie dans un joyeux chaos parfois mal-aimable parfois jubilatoire.
Penser que se film se résume seulement aux trépidations d’un acteur, c’est un peu comme le con qui regarde le doigt quand on lui montre la lune 🙂