VALENSOLE 1965 de Dominique Filhol : la critique du film

02 juillet 1965, Valensole, petite commune dans les Alpes de Haute-Provence. Maurice Masse, cultivateur respecté du coin, se présente à la gendarmerie locale pour témoigner. Dans son procès-verbal, il déclare avoir vu une soucoupe volante et deux extraterrestres dans son champ de lavandes. Après avoir fait le tour du village, l’affaire devient vite médiatique, journalistes et curieux affluent, même la télévision se déplace pour un reportage de l’ORTF. L’histoire sera même surnommée « la rencontre de Valensole ». Mais derrière le fait divers qui divise croyants et incrédules, il y a surtout l’histoire méconnue de Maurice Masse, un homme simple et apprécié de tous, propulsé du jour au lendemain sous les feux des projecteurs contre son gré, et dont la vie va basculer dans la dépression.

Réalisateur de documentaires (dont Ovnis : une affaire d’Etat qui témoignait déjà d’un intérêt notable pour le sujet), Dominique Filhol passe au long-métrage en retraçant l’histoire de Maurice Masse et sa prétendue rencontre du troisième type en Provence. Loin des blockbusters spectaculaires bardés d’effets spéciaux, le cinéaste délaisse la fable science-fictionnelle pour signer un drame entre mélancolie et onirisme où il dresse avant tout le portrait d’un homme dépassé par des événements qu’il n’a pas cherché. Pour certains, l’anecdote « J’ai vu une soucoupe volante dans mon champ de lavandes » aurait pu être une bonne blague amusante à base de  « Arrête bougre d’andouille, c’est le cagnard qui t’a chauffé la tête » ou « Hé dis-moi, t’avais bu combien de pastagas avant ta rencontre avec les martiens ? ». Pas pour le pauvre Maurice Masse, qui va voir sa vie se déliter après son témoignage. Moqueries, pression médiatique, envahissement de sa propriété, tensions familiales, effondrement psychologique, le phénomène va submerger un homme qui n’a jamais voulu attirer l’attention et dont la discrétion et la respectabilité vont être balayés par le retentissement de son histoire obsédante. Avec justesse, Dominique Filhol relate l’histoire de la rencontre de Valensole sans donner dans le sensationnalisme. A la rigueur, on pourrait y voir un vague Rencontre du Troisième Type en version intimiste au pays des cigales. Ou comment un phénomène mystérieux va chambouler la vie d’un homme au point de la foutre en l’air.

Toute petite production bouclée grâce à une campagne de financement participatif, Valensole 1965 pourra paraître un peu téléfilmé et certains auront vite fait de lui reprocher son manque d’envergure cinématographique. Ce serait occulter le charme et la poésie que Dominique Filhol distille tout au long d’un film touchant, qui ne juge pas son récit. Vraie ou fausse, le cinéaste ne prend pas parti quant à la véracité de son histoire, il se contente de raconter celle plus tragique d’un homme derrière l’emballement populaire.