La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Veronica Mars saison 4
Père : Rob Thomas
Date de naissance : 2019
Majorité : 19 juillet 2019
Type : Dispo sur Hulu
Nationalité : USA
Taille : 8 épisodes
Genre : Policier
Livret de famille : Kristen Bell, Enrico Colantoni, Jason Dohring…
Signes particuliers : Un retour où on se sent comme à la maison.
LE COMEBACK DE VERONICA
AVIS SUR LA SAISON 4 DE VERONICA MARS
Synopsis : La réputation de Neptune et son activité touristique sont mises à mal lorsque des étudiants fêtards sont retrouvés assassinés en pleine période du Spring Break. La famille de l’une des victimes fait appel à Mars Investigations pour retrouver le meurtrier de leur fils. Une fois encore, Veronica est embarquée dans une enquête aux rebondissements multiples, où le danger est omniprésent.
Mine de rien, Veronica Mars fait désormais partie des rares séries à avoir connu une double résurrection, une sur grand écran en 2014 grâce au soutien de ses fans qui ont financé eux-mêmes une partie du long-métrage éponyme et une seconde aujourd’hui sous la forme d’une saison 4 inattendue, preuve de l’indéfectible attachement de son créateur Rob Thomas et de son actrice principale Kristen Bell à une œuvre dont ils ont parfaitement conscience de l’impact sur leurs carrières respectives, et qui a su s’imposer le temps de ses trois premières saisons dans le monde aseptisé des séries adolescentes par un ton somme toute unique et une noirceur bienvenue. Bref, Veronica Mars est aujourd’hui une série vouée à un mini-culte mérité, et à l’ère des revivals télévisuels, il était presque normal que la jolie blonde détective revienne un jour ou l’autre nous redonner de ses nouvelles, surtout que tous ses participants et son public (dont moi-même) n’avaient rien contre l’idée. « We used to be friends » avec Veronica et on le sera toujours en définitive, peu importe le temps qui passe…
Et dès le premier épisode, impossible de ne pas jubiler devant nos retrouvailles avec la ville fictive de Neptune toujours aussi corrompue et ses habitants vite susceptibles d’afficher des facettes peu enviables. Une série d’attentats à la bombe mettant en péril l’avenir touristique du Spring Break dans la municipalité va rapidement devenir l’affaire au cœur de la saison et le prétexte à l’apparition d’une kyrielle de nouveaux personnages tout autant que des têtes bien connues de la sphère Veronica Mars. Ainsi, entre un politicien louche, des hommes de main d’un cartel mexicain, une néo-Veronica Mars en puissance, un club de détectives amateurs mené par un livreur de pizzas en mal de reconnaissance (Patton Oswalt), un ex-taulard aux intentions douteuses (J. K. Simmons), une nouvelle shérif rigide, une famille de rednecks ou encore une gérante de club au caractère bien trempé, on peut dire que cette quatrième saison multiplie les noms inédits sur sa liste de suspects potentiels et permet évidemment un tour d’horizon de toutes les différentes strates de Neptune en multipliant les fausses-pistes, les rebondissements et les interactions de tout ce petit monde avec une héroïne qui n’a rien perdu de sa verve sarcastique. Sur ce dernier point, l’écriture de Rob Thomas n’a clairement pas faibli et réserve toujours autant de répliques brillantes marquées au fer rouge de l’ironie irrésistible de Veronica, les échanges entre elle et son père ou encore Logan sont d’ailleurs un pur régal, une constante qualitative de la saison !
Même si la jeune détective côtoie donc bon nombre de nouveaux visages pour cette enquête, elle navigue la plupart du temps dans des eaux « neptuniennes » qu’elle connaît déjà et que le spectateur a appris à connaître avec elle. À vrai dire, et cela va devenir une problématique à plusieurs niveaux de la saison, elle y stagne et la plupart des personnages rencontrés de la mythologie Veronica Mars lui rappelleront directement cette existence en pause soit par leurs remarques acerbes, soit par leurs situations actuelles (l’éternel idiot Dick Casablancas, le détective rival Vinnie Van Lowe ou encore Weevel et les autres petites frappes de la ville condamnées à une vie faite de larcins, seront des figures figées la ramenant à sa propre condition pendant que Wallace, père de famille responsable, ou Leo, ancien adjoint devenu agent du FBI, démontreront son incapacité à évoluer). Hormis son père gagné par les affres de la vieillesse et sa relation plus mature avec Logan, Veronica se condamne à l’immobilisme, persuadée que Neptune est une forme de punition inévitable pour les tragédies de sa vie passée, et ce statu quo existentiel volontaire de l’héroïne entraîne de fait la série à ne pas bouger avec elle. Alors oui, cette vague d’explosions qui veut changer la face de Neptune comme finalité est un évident symbole qu’une prise de conscience est en cours dans la tête de Veronica, certains nouveaux personnages la confronteront à une possible solution à retirer de ses propres tourments (les développements autour de sa relation avec Nicole, la gérante d’un club, en seront une des plus belles réussites), la peur grandissante de perdre son indéfectible pilier paternel et sa lente acceptation à goûter réellement au bonheur à travers sa relation avec Logan seront aussi des indicateurs que de nouveaux horizons sont envisageables, mais en attendant, cette saison 4 ne va finalement prendre aucun grand risque, se contentant de répéter pendant sa majeure partie ce qui a fait l’originalité et la fraîcheur de la série à ses débuts mais qui, aujourd’hui, s’est transformé en formule aux contours connus. En ce sens, il faudra véritablement attendre le dernier acte de l’enquête pour qu’enfin un électrochoc de grande ampleur émotionnelle vis-à-vis de l’héroïne vienne bousculer la routine dans laquelle elle s’était enfermée cette saison et soit synonyme de grands changements quant au futur de la série (on peut même y voir la perspective d’un potentiel spin-off en plus de la série-mère).
Attention, lorsqu’on utilise le terme de « routine », entendez bien que celle de Veronica Mars en est une des plus agréables qu’il soit ! Renouer avec tous ces personnages et leur univers inchangé, avoir un sourire constant devant le flot quasi-ininterrompu de dialogues savoureux ou encore suivre avec plaisir une enquête riche en développements et en nouveaux protagonistes satisferont les fans de la première heure (dont moi-même) à plus d’un titre ! Il est juste dommage que la série profite de la condition captive de son héroïne comme une opportunité un peu facile pour ne se reposer que sur les codes bien établis qui ont fait sa renommée, et ce sans jamais chercher à en dévier à l’exception d’un dernier bouleversement majeur. Aussi plaisante à suivre soit-elle, cette quatrième saison apparaît finalement comme une transition vers un avenir inconnu pour Veronica Mars et forcément plus prometteur pour qui réclame de la voir dans un nouveau contexte. La série mise donc sur ce futur incertain dans le but de nous appâter en vue d’une plausible suite mais également avec le risque une nouvelle fois de ne jamais en dévoiler la teneur car, même si Veronica Mars a la peau dure, il lui faudra connaître une troisième résurrection pour cela…
Par Frédéric Sebource
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