Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Hyde Park on Hudson
Père : Roger Mitchell
Livret de famille : Bill Murray (F. D. Roosevelt), Laura Linney (Daisy), Samuel West (George VI), Olivia Colman (Elizabeth), Elizabeth Marvel (Missy), Olivia Williams (Eleanor), Elizabeth Wilson (Mme Roosevelt)…
Date de naissance : 2012
Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 1h35 – 9 millions $
Signes particuliers (+) : Un grand Bill Murray. Une belle image et une reconstitution réussie.
Signes particuliers (-) : Un film inintéressant et creux, réduisant un grand politicien à pas grand-chose de passionnant. Totalement vain et coincé dans son style rétro et léger.
LE DISCOURS D’UN PRÉSIDENT
Résumé : Juin 1939. Le Président des Etats-Unis Franklin Delano Roosevelt reçoit la visite du roi britannique George VI et de la reine Elizabeth, la première d’un monarque anglais sur le sol américain. A la veille de la guerre, cette rencontre au sommet est capitale, les anglais devant convaincre les États-Unis de rallier leur cause dans le futur conflit. Roosevelt va devoir se partager entre ses obligations, sa relation avec sa cousine Daisy, sa secrétaire omniprésente et sa femme Eleanor…
George VI a décidément la côte. Le Roi britannique bègue trouve une fois de plus le chemin du grand écran, après avoir été le centre d’attention du triomphal Discours d’un Roi de Tom Hooper et l’un des personnages de l’échec W.E. de Madonna. Mais au-delà du seul souverain anglais, c’est le film historique en général qui semble connaître un regain d’intérêt, et plus particulièrement lorsqu’il mêle histoire sérieuse et douce comédie dramatique. Et c’est exactement là où se situe Week-end Royal, nouveau film de Roger Mitchell (Morning Glory, Coup de Foudre à Notting Hill…) qui se penche sur un simple week-end politique mais aux conséquences majeures dans l’histoire mondiale du XXème siècle. Et de la grande Histoire, Mitchell de tirer la petite qui s’écrit en filigrane derrière elle. Le cinéaste signe à la fois un film historique mais également –et surtout- une douce comédie romantique alternant légèreté et drame soit un peu la formule qui sous-tendait déjà Le Discours d’un Roi.
Difficile de ne pas penser au film de Tom Hooper en regardant celui de Roger Mitchell, emmené par un très crédible Bill Murray en Franklin Delano Roosevelt et Laura Linney dans le rôle de sa fameuse cousine Daisy avec qui il a entretenu une relation amoureuse secrète. D’autant qu’en plus du style et de l’atmosphère générale, c’est également la période qui est commune aux deux métrages avec l’approche de la Deuxième Guerre Mondiale. C’est ce que raconte d’ailleurs Week-end Royal qui revient sur la célèbre visite du Roi George VI et sa femme Elizabeth au Président Roosevelt en 1939, première visite d’un souverain britannique sur le sol américain. Un séjour motivé par l’espoir et la nécessité de convaincre le dirigeant de venir en aide à l’Angleterre en s’alliant avec elle à l’heure où le tragique conflit est sur le point d’éclater en Europe. Et ce sera au cours d’un fameux pique-nique resté dans les manuels d’Histoire que le destin du monde basculera.
Samuel West, acteur de cinéma comme de télévision, sera choisi pour se glisser dans la peau du Roi George VI après Colin Firth et Laurence Fox (mais en même temps, tout le monde s’en fiche du W.E. de Madonna) alors qu’Olivia Colman interprètera la coincée Reine Elizabeth (la mère de l’Elizabeth actuelle que nous connaissons tous, donc), elle qui sortait déjà d’un biopic historique après sa participation à La Dame de Fer sur Margaret Thatcher. Enfin, plein de visages connus se meuvent dans cette reconstitution fidèle et, il faut l’admettre, réussie, comme Elizabeth Marvel (True Grit, Lincoln, The Bourne Legacy) qui y joue la secrétaire dévouée du Président ou Olivia Williams (Hanna, The Ghost Writer, Rushmore) sous les traits d’Eleanor Roosevelt, la femme de.
Les auteurs, le scénariste Richard Nelson, le cinéaste Roger Mitchell et toutes ses équipes artistiques, ont tous fait du très bon boulot pour reconstituer fidèlement aussi bien 1939, que l’ambiance de ce week-end si particulier marqué par ce déjeuner étonnant, scellant à la fois l’amitié anglo-américaine tout en, amusément, dévoilé les différences de ces deux nations entre le traditionaliste et vieil Royaume-Uni et la décontractée Amérique. Un fossé qui se matérialise dans les relations entre le chichiteux couple royal, coincé dans son protocole et ses bonnes manières souvent en totale opposition avec le style américain, plus familier, plus relâché, plus simple. Et ce pique-nique mémorable de rester du coup dans les mémoires avec la fameuse anecdote des hot-dogs servis au Roi et à la Reine. Grande histoire cachant la petite, la face cachée d’un Roosevelt infirme dissimulant une liaison avec sa cousine Daisy Suckley, relation qui sera découverte à la mort de cette dernière, lorsque ses journaux intimes referont surface. C’est à partir de ces écrits et de l’Histoire connue que Richard Nelson rédigera le scénario de Week-end Royal liant un tournant majeur qui va donner un autre visage à la guerre à venir et l’intimité d’un Président parmi les plus appréciés et importants du XXème américain. Alors que la politique, les intérêts nationaux, les protocoles, s’agitent autour de lui, Roosevelt a la tête ailleurs, la tête à une relation amoureuse qui l’emplissent de bonheur. Et le voilà coincé entre ses obligations, sa secrétaire dévouée, sa femme, sa mère et sa cousine pour laquelle son cœur bat la chamade…
Comme on peut aisément le deviner, Week-end Royal sent la comédie romantico-historique légère à plein nez. Confirmation rapidement lorsque se met en marche un film assez désespérant, qui gâche son extraordinaire sujet historique à trop vouloir faire dans l’intimiste et dans le mélo de pacotille. Il y avait tant de chose à dire, tant de choses à montrer autour de cette page historique passionnante, que l’on ne peut que regretter le niveau auquel le scénariste Richard Nelson et le cinéaste Roger Mitchell la réduisent. De ce qui aurait pu être un subtil moment de complicité entre « Grands du monde de l’époque » révélant les failles des uns et des autres, les différences qui séparent deux nations amies, ce qui les a rapproché, dévoilant aussi comment la politique et l’intime s’entremêlent chez ces dirigeants sans cesse sollicités, éclaircissant la face obscure d’un Président que l’on connaît essentiellement pour son rôle dans le redressement d’un pays post-Krach de Wall Street avec le New Deal et l’utilisation de la première bombe atomique durant la guerre, Week-end Royal ne retient finalement qu’une romance désuète qui prend souvent trop de place pour laisser quoique ce soit d’autre, s’exprimer dans un film désespérant d’inutilité et de vacuité. Roger Mitchell rate complètement son exercice et livre une douce comédie romantique bien trop légère pour intéresser, marquée par l’insupportable et irritante voix off de la dite « cousine » qui narre les évènements. Insipide, agaçant, on a l’impression de sans cesse frôler les choses (sujets) sans jamais pouvoir les toucher, condamnés à regarder de loin ce qu’aurait pu être le film s’il n’avait pas été traité sur le ton d’une mièvrerie navrante et frustrante. Mitchell nous rejoue le couplet du Discours d’un Roi, l’intéressant et les quelques qualités du film d’Hooper en moins. Reste seulement la prestation d’un Bill Murray extraordinaire même si, à force de cabotiner pour retranscrire la bonhomie de son personnage, il finit par phagocyter le film et la reconstitution très travaillée, aussi bien dans l’atmosphère, les décors que les éclairages.
Roger Mitchell a voulu s’aventurer frontalement dans plusieurs directions en espérant les faire se rejoindre conjointement vers un point de mire commun qui donnerait de l’homogénéité à l’ensemble. Sauf qu’au final, trop versatile, son film s’égare dans chacun des sentiers qu’il aura essayé d’explorer et Week-end Royal d’aller nulle part, de ne rien raconter vraiment, de se perdre dans les nombreuses pistes qu’il visite avec nonchalance sans prendre le temps de vraiment les contempler. On s’ennuierait presque devant un film pourtant riche dans ses intentions et les directions qu’il prend tour à tour, largué par un faux spectacle ni généreux ni intéressant, seulement facile et trop léger pour convaincre, servi avec beaucoup trop de paresse et de détachement. Mitchell veut aborder un homme fascinant par un court épisode de sa vie (exactement ce qu’a fait, avec plus de réussite, Simon Curtis sur My Week with Marilyn). Le résultat est vain et inutile.
Bande-annonce :