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WASTE LAND de Pieter Van Hees [Critique – Sortie Ciné]

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waste_landMondo-mètre
note 2.5 -10
Carte d’identité :
Nom : Waste Land
Père : Pieter van Hees
Date de naissance : 2014
Majorité : 25 mars 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : Belgique
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Thriller

Livret de famille : Jérémie Renier (Léo), Natali Broods (Kathleen), Babetida Sadjo (Aysha), Peter Van den Begin (Johnny), Peter van den Eede (Jean)…

Signes particuliers : Un thriller psychologique belge qui démarre bien… puis qui sombre.

LE LENT DÉCLIN D’UN HÉROS, D’UNE HISTOIRE, D’UN FILM

LA CRITIQUE

Résumé : Léo Woeste est inspecteur à la brigade criminelle de Bruxelles. Il vit avec Kathleen et leur fils Jack, 5 ans. Jour après jour, il explore les bas-fonds de la ville, le « Waste Land ». Sa famille lui permet de garder pied. Mais l’enquête sur le meurtre d’un jeune congolais amène Léo à rencontrer la soeur de la victime, une femme magnétique et déterminée. Entre rituels, fascination et vieux démons, l’équilibre de Léo semble plus que jamais menacé…waste-land-critique-bruxellesL’INTRO :

En 2007, le cinéaste belge Pieter Van Hees, qui cumulait déjà une longue expérience dans le court ou le moyen-métrage, signait son premier long, et d’emblée le début d’un triptyque qu’il baptisait « Anatomie de l’amour et de la douleur ». Left Bank et Dirty Mind, un an plus tard, respectivement un film d’horreur et un drame, en étaient les deux premières pierres. Cinq ans plus tard, le metteur en scène termine son projet avec Waste Land, un policier dramatique porté par Jérémie Renier, remplaçant d’un Matthias Schoenaerts dont la carrière est en plein essor depuis sa collaboration avec lui sur Dirty Mind. En guise référence et de base pour son nouveau film, Pieter Van Hees brandit un poème éponyme de l’américain T.S. Elliot, qu’il présente comme évoquant « un pays qui n’est plus capable d’être fertile et qui meurt, et d’un roi qui doit se blesser pour redonner la vie avec son sang. C’est une métaphore de l’Europe actuelle, un continent en crise avec une jeunesse issue de l’immigration très éloignée de ce qui était le peuple blanc dominant. » Voilà le postulat de départ de ce Waste Land, thriller s’attachant à un flic dont l’équilibre est remis en question par une enquête ébranlant sa vie et ses certitudes.waste_land_2L’AVIS :

Avec son intrigue évoluant entre les eaux troubles de deux réalités, comme les deux visages d’un homme écartelé entre son univers professionnel et son univers familial, et son récit d’une descente aux enfers sombrement existentialiste attachée à un personnage confronté aux limites d’une vie dont il perd le fil à force de lutter pour en maintenir l’équilibre précaire, Waste Land bouillonnait d’ambitions thématiques, d’autant qu’il se pare en plus d’un certain engagement en faveur du multiculturalisme européen à l’heure où il est remis en question par la montée des partis extrémistes un peu partout sur le vieux continent. Pieter Van Hees a t-il vu trop grand pour contenir autant de choses dans l’étroitesse de son scénario ? Probablement. Car malheureusement, à l’arrivée, son effort est au moins aussi bancal qu’il ne passe à côté de son/ses sujet(s). waste_land_3Waste Land se voulait avant tout un drame psychologique aux allures de film policier tortueux. Jérémie Rénier y incarne solidement un flic enquêtant sur le meurtre d’un jeune congolais œuvrant dans le trafic de statuettes importées du Congo. Si le récit nous amarre d’emblée à l’enquête menée, le vernis de façade s’effrite rapidement, laissant place au réel sujet de fond voulu par Van Hees. Son point de départ n’était pas de livrer un polar haletant où l’on suivrait pas à pas la résolution d’une énigme retorse, mais de s’appuyer sur elle pour brosser le portrait d’un homme en apparence stable… en apparence seulement. Fasciné par une femme envoûtante, la sœur de la victime, addict à son travail comme un drogué est accroc à sa dope, basculant progressivement dans la folie obsessionnelle au fur et à mesure que son monde s’effrite sous ses pieds, Léo (Jérémie Rénier) perd l’équilibre, bascule, sombre. Sa femme enceinte qui ne veut pas garder l’enfant à cause de l’absence prévisible de ce père qui a déjà prouvé son incapacité à gérer un foyer, l’attirance étrange et aimantée envers cette femme insaisissable qu’il veut satisfaire en dénichant le coupable, cette enquête tortueuse dont il ne parvient à se défaire, son père malade, son fils qui le réclame… Une combinaison de conjonctures menant ce héros aux portes d’un enfer, de son enfer, ce minuscule terrain où il s’acharne à tenir les trop nombreux fils de sa vie qui se dérobent petit à petit entre ses mains qui lâchent prise. Centre du film, centre des attentions diverses, Léo est un héros sous pression qui implose et Pieter Van Hees filme ce lent déclin menant vers une agonie humaine.waste-land-620x350Le problème de fond, c’est que rien n’est vraiment crédible dans Waste Land. Pieter van Hees ne parvient jamais à nous faire croire à l’enquête policière qu’il suit, pas plus qu’à la descente aux enfers qu’il dépeint, maladroitement construite, sans profondeur, finesse, ni écho résonant, affaiblie par une conduite narrative foutraque, qui mélange ses pistes sans jamais en saisir aucune, qui survole tout sans jamais rien incarner vraiment, qui parasite son histoire par quantité de scènes inutiles ou manquant d’à-propos. On finit par peiner à s’intéresser à ce drame désordonné, doublé d’un policier engagé à l’ambiance pesante, qui ambitionnait beaucoup de choses mais qui n’atteint jamais rien, si ce n’est de couler à pic dans son étrangeté permanente parlant de mysticisme, de sorcellerie, de démons personnels… A cela s’ajoute une facture qui en aurait fait un élégant téléfilm. Une œuvre de cinéma ? Beaucoup moins. L’exigence narrative et formelle ne venant jamais à l’aide d’un scénario bien faible dans ses enjeux, au-delà des thématiques défendues par cet effort trop brouillon pour convaincre. Et Waste Land de finir par s’égarer dans un dérisoire flirtant parfois avec le grotesque alors que le cinéaste essaie de raconter des choses. Quoi ? Lui le sait sans doute. Nous, on a du mal à le saisir dans ce capharnaüm sans nom.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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