Cinquième numéro de notre nouveau rendez-vous « ciné-club » du samedi. Le « Wall Ciné Pictures » c’est un coup de projecteur hebdomadaire sur trois films, anciens ou récents, connus ou méconnus, d’un horizon à un autre. Histoire de se balader ensemble dans l’incroyable vivier du septième art et peut-être, de vous donner des idées ou envies, de voir ou revoir tout un tas de films ! Escale n°5, focus sur un souvenir des années 90 (Le Droit de Tuer ?), sur un bon vieux nanar italien (2019 Après la chute de New York) et sur un vieux chef-d’œuvre de l’animation (La Planète Sauvage).
LE DROIT DE TUER ?
De Joel Schumacher – 1996
Genre : Thriller
Avec : Matthew McConaughey, Samuel L. Jackson, Sandra Bullock, Chris Cooper, Kevin Spacey, Donald et Kiefer Sutherland, Oliver Platt, Ashley Judd, Charles S. Dutton…
USA – 2h29
Synopsis : Dans une bourgade du Mississippi marquée par les violences racistes, Carl Lee Hailey, après le viol de sa fille de dix ans par deux Blancs, engage un jeune avocat, Jake Brigance. Il lui confie sa crainte de voir l’affaire finir en non-lieu. Quelques heures plus tard, Carl Lee se fait justice en abattant les deux violeurs. Bien décidé à sauver la tête de son client, Jake Brigance va être entraîné dans la terrible spirale de la violence.
On ne va pas se mentir, Joel Schumacher n’a jamais été un très bon cinéaste. Pourtant, dans sa riche filmographie truffée de conneries, on avait envie de sauver un bon souvenir des années 90’s, le thriller dramatique Le Droit de Tuer ?, film de procès porté par Sandra Bullock (pour une fois dans un truc intéressant), Samuel L. Jackson, Matthew McConaughey et un casting de seconds rôles ahurissant. Alors ok, Le Droit de Tuer ? reprend à son compte un excellent roman de John Grisham pour en faire un truc émouvant et oscarisable, mais quand même. Sur un sujet passionnant (l’auto-justice et le meurtre fondé sur des circonstances plus qu’atténuantes), Schumacher signe un film haletant, puissant à nouer les tripes, appelant à une réflexion intéressante sur la morale. « Et vous, que feriez-vous à sa place ? » énonce la tagline. Peut-on blâmer un homme qui applique ce que la justice lui refuse dans sa colère rageuse et irraisonnée ? C’est tout le fond soulevé par le film qui ne cherche jamais à défendre ou à critiquer la peine de mort mais qui pose les bonnes questions. Certes, l’ensemble est naïf, démonstratif voire simpliste, mais il est surtout poignant, ludique et bien ficelé. A revoir !
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2019 APRÈS LA CHUTE DE NEW YORK
De Sergio Martino – 1983
Genre : SF, Action
Avec : Michael Sopkiw, George Eastman, Edmund Purdom, Valentine Monnier, Anna Kanakis, Roman Geer, Hal Yamanouchi, Serge Feuillard…
Italie – 1h30
Synopsis : Dans un monde dévasté par la guerre atomique, un aventurier, dit Parsifal, part à la recherche de la seule femme féconde de la Terre.
On fait une parenthèse « nanar italien à se pisser dessus ». 2019, ou le film qu’on pourrait noter 0/5 tant il est mauvais, comme 5/5 tant il est bidonnant de… nullité ! Avec 2019, Après la chute de New York, le tâcheron italien Sergio Martino avait fait fort dans le genre film d’action post-apocalyptique (bah oui, c’était à la mode). Pompant allégrement New-York 97, Mad Max ou La Planète des Singes, Martino le bisseux légendaire nous livre un délicieux chef-d’oeuvre de ridicule compilant post-apocalypse, punks, transsexuel « gagné » à un tournoi de bagnoles par un Snake Plissken discount, voitures tunées, mutants croisés avec des singes, gore (pas de cul en revanche, un tort), action, nains vivants dans les égouts… Pondu sous crack au rabais, 2019, Après la chute de New York est un voyage en plein délire scénaristique, agrémenté de dialogues pourris, de scènes surréalistes de bêtise quand elles ne sont pas à la limite du racisme. Un grand n’importe quoi foutraque dont on retiendra quelques répliques collectors…
– « Un enfant ! Tuons le !! » – « Mais arrêtez ! Est-ce une faute grave d’être un nain ? »
– « Je ne suis pas contaminé par les radiations. La preuve, j’ai fait 2 enfants à une femme chimpanzé ! »
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LA PLANÈTE SAUVAGE
De René Laloux – 1973
Genre : Animation, SF
Avec : Jean Valmont, Jennifer Drake, Sylvie Lenoir
France, Tchécoslovaquie – 1h12
Synopsis : Sur la planète Ygam, vivent des androïdes géants appelés les Draags. Ils élèvent de minuscules êtres humains qu’ils surnomment Oms. Mais un jour, l’Om de la jeune Tiwa se révèle plus intelligent et va déclencher une révolte…
On termine par un chef-d’oeuvre d’animation franco-tchécoslovaque, Prix du Jury à Cannes en 1973. La Planète Sauvage est probablement l’un des animés les plus intelligents jamais fait. Sur des dessins de l’artiste touche-à-tout Roland Topor, Renée Laloux adapte le roman de SF Oms en série de Stefan Wul. Œuvre poétique, pop à tendance hippie, psychédélique et existentielle, La Planète Sauvage est un animé pour tous les âges tant ses niveaux de lecture sont nombreux. Fable lumineuse ou dure, remarquable réflexion politico-philosophique sur la condition humaine par rapport aux autres espèces, sur le pouvoir politique et ses dérives, sur la place de l’homme dans le monde, l’esclavagisme, les rapports de force entre sociétés, ceux entre dominants et dominés et la hiérarchisation qui peut s’en découler, et même métaphore allégorique de la Tchécoslovaquie sous joug soviétique, La Planète Sauvage est vieux de 40 ans mais se bonifie avec l’âge, devenu un mix entre trip expérimental et œuvre puissante, ludique et lyrique, à tendance métaphysique.
A samedi prochain !
Par Nicolas Rieux