Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Veronica Mars
Père : Rob Thomas
Livret de famille : Kristen Bell (Veronica Mars), Jason Dohring (Logan), Enrico Colantoni (Keith), Chris Lowell (Piz), Tina Majorino (Cindy), Percy Daggs (Wallace), Ryan Hansen (Dick), Francis Capra (Weevil), Krysten Ritter (Gia), Jerry O’Connell (Lamb), Ken Marino (Lou), Martin Starr (Cobb)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 14 mars 2014 (en VOD)
Nationalité : USA
Taille : 1h47 / Poids : 6 millions $
Signes particuliers (+) : Plus qu’une adaptation, Veronica Mars le film est une véritable résurrection de la série. Un épisode bonus, comme si rien n’avait changé en sept ans d’arrêt du show, rallongé à longueur de long-métrage avec un respect et un amour passionnel du matériau originel. Le nostalgie et le charme opèrent instantanément par la faculté du projet à enfiler les souliers de la série que l’on aimait tant sans jamais en trahir ni l’esprit, ni l’univers. La démarche parfaite pour un réjouissant voyage dans le passé. Pour les fans que nous sommes : excellent et merci à tous ceux qui y ont participé pour ce beau cadeau !
Signes particuliers (-) : De fait de cet immense respect au matériau, Veronica Mars n’est finalement pas réellement ce que l’on pourrait appeler « un film de cinéma ». Plus un téléfilm sans génie recréant la série avec des codes et mécanismes très marqués télévisuels. L’ambition de conjuguer en si peu de temps « présentation de l’univers » pour les néophytes, rappel pour les fans, « ce qui a évolué », références et nouvelle intrigue développée, rendent le film un peu court sur pattes.
A LONG TIME AGO, WE USED TO BE FRIENDS…
LA CRITIQUE
Résumé : Veronica Mars revient dans sa ville natale des années après avoir fuit son passé de détective. Elle va devoir y faire face pour élucider une affaire de meurtre dans lequel son ex-petit ami, qui attire toujours les ennuis, semble impliqué jusqu’au cou.
L’INTRO :
On en était où ? Ah oui… « A long time ago, we used to be friends but I haven’t thought of you lately at all… » Vous aurez probablement reconnu l’air (ou pas, remarquez) mais oui, c’est d’elle dont on parle… La belle ado proclamée détective privé Veronica Mars est de retour. Et au cinéma s’il vous plait ! Fruit d’un travail de longue haleine, le projet d’adaptation sur grand écran de la populaire série télé diffusée sur la chaîne américaine Paramount (M6 en France) a fini par se concrétiser au terme d’une laborieuse recherche de financement infructueuse ayant abouti à un appel à la participation des fans via Kickstarter, lancé par le créateur Rob Thomas et l’actrice Kristen Bell. Appel entendu puisque les fonds nécessaires à la réalisation du projet auront été très vite récoltés au gré d’une mobilisation exceptionnelle, mettant dans la foulée en chantier ce film bouclé en moins d’une année top chrono. Un peu moins de sept ans après l’arrêt officiel de la série, la pimpante Veronica Mars ressort sa langue de sa poche et son esprit de déduction sans pareil, pour nous revenir dans un long-métrage rameutant tous les anciens, mais qui ne connaîtra malheureusement pas de sortie salles chez nous. Lot de consolation, une exploitation rapide en VOD. Et l’heure du verdict a sonné. Veronica Mars a t-elle changé ? La mode passée, ce film ne sortirait-il pas un peu trop tard ?
L’AVIS :
On reproche souvent aux adaptations de ne pas être assez fidèles à leur modèle originel. Parce que c’est un film et non un épisode de 42 minutes, parce que c’est du cinéma et plus un format télévisuel, parce que les automatismes ne prennent pas, parce que les libertés prises dans le travail d’adaptation trahissent le plaisir nostalgique, parce que le charme n’opère plus… Bonne nouvelle, pour être fidèle, Veronica Mars le film l’est, et pas qu’un peu. Il n’aurait même pas pu l’être davantage. Il l’est d’ailleurs tellement que ça en serait presque un peu trop. Pur épisode de la série rallongé sur une durée acceptable pour un long-métrage, ce revival en mode « souvenir-souvenir » semble mettre un point d’honneur à permettre aux fans de retrouver intact l’esprit Veronica Mars sans le moindre changement, comme comme si rien ne s’était arrêté un triste mai 2007. Les personnages sont tous là, l’univers de Neptune aussi, les intrigues emberlificotées sont de sortie, la musique pop-rock des Dandy Warhols sonne comme un jubilatoire retour dans le passé, les romances compliquées réapparaissent… Et c’est parti pour un bon moment passé en compagnie d’une Veronica aux punchlines toujours aussi piquantes, en compagnie du paternel protecteur Keith alias « le mentor malgré lui », du romantique écorché Logan, de Weevil le délinquant, des fidèles amis Wallace et Cindy, du crétin immature Dick, de la police incompétente de la ville (personnifiée par Jerry O’Connell s’il vous plaît !)…
Oui, Veronica Mars le film est réellement un comeback inespéré de la série, plus qu’il n’est une « adaptation » au cinéma, de fait. Si les personnages ont légèrement évolué dans leur vie personnelle, rien n’a bougé d’un iota dans un univers resté quant à lui intact. L’explication est simple. Rob Thomas a pensé son affaire dans un respect total de son matériau, ne proposant pas un travail de « création » mais de « résurrection », ce qui l’amène à se présenter davantage comme une sorte de téléfilm inscrit « quelques années plus tard », plus qu’il ne serait un vrai film de cinéma indépendant. Le pari est à 100% réussi dans l’esprit, dans le sens où Veronica Mars le film s’offre comme une délicieuse suite modelée au format long, à défaut d’être un brillant effort de cinéma ou une formidable transposition du petit au grand écran. Un peu comme les OVA japonais pour l’animation, en somme. Clairement sans aucun intérêt pour les néophytes qui n’aurait jamais suivi le show, il saura en revanche satisfaire pleinement les fans de la première heure de miss Mars que nous sommes, qui à coup-sûr vont adorer cette nouvelle enquête ramenant la belle dans sa ville, entre têtes connues, investigation rondement menée et ironie acerbe made in Veronica. On s’amuse, on a cette délicieuse impression de voyager dans le passé, alors même que la série s’offre un baroud d’honneur tardif mais authentiquement jouissif.
Ce retour aurait dû rester à sa place. Une parenthèse d’une heure trente exploitée pour la petite lucarne, plutôt que de viser un grand écran où manifestement il n’a pas sa place. Trop restrictif, agréable pour les fans mais inutile pour le reste du public non-initié. D’autant qu’outre le plaisir nostalgique, la franchise nous oblige à avouer que Veronica Mars avait beau être une adorable série comico-policière, elle n’aura jamais été un show réellement culte et emblématique de sa décennie. Cela dit, ne nous méprenons pas sur l’impression laissée, ces retrouvailles sont plus que plaisantes, d’autant que rarement une série n’aura su aussi bien conserver son esprit en s’adaptant aux mécanismes du format long, surtout après autant d’années écoulées. Si d’un bout à l’autre dans sa structure narrative, son écriture, son rythme, sa mise en scène, ses clins d’œil et passages obligés, ses personnages au traitement expéditif ou sa distribution, tout la renvoie à sa facture télévisuelle balisée au gré des codes re-convoqués, cette résurrection mignonne n’en demeure pas moins amusante, ludique et pleine de bonne humeur, évitant à merveille l’écueil de la poussivité due au rallongement de son format. Les novices ne verront certainement pas l’intérêt de cette série B peu cinégénique et sans génie mais les accrocs, eux, auront de quoi se régaler avec ce t instant de rab à un plaisir coupable disparu. On en vient à se demander s’il ne serait pas plus malin de songer à raviver la série, soit comme à l’époque, soit par quelques événements épisodiques pensés en téléfilm, plutôt que de chercher à monter d’autres longs-métrages visant plus haut qu’ils ne devraient. D’autant que cette déclaration d’amour à la série montre que personne dans l’équipe n’a perdu la main depuis le temps !
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux