Carte d’identité :
Nom : Valley of Love
Père : Guillaume Nicloux
Date de naissance : 2014
Majorité : 17 juin 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h32 / Poids : Budget NC
Genre : Drame
Livret de famille : Isabelle Huppert (Isabelle), Gérard Depardieu (Gérard), Dan Warner (Paul)…
Signes particuliers : Sélectionné en compétition officielle à Cannes, le nouveau film de Guillaume Nicloux faisait également l’ouverture de la nouvelle édition du Champs-Élysées Film Festival. Un effort plein d’intentions… qui restent à l’état d’intentions.
SOUS LE SOLEIL DE GUILLAUME
LA CRITIQUE
Résumé : Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu’ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant. Malgré l’absurdité de la situation, ils décident de suivre la programme initiatique imaginé par Michael…L’INTRO :
Pour célébrer la réalisation de son dixième long-métrage, le Festival de Cannes a offert un beau cadeau à l’éclectique metteur en scène Guillaume Nicloux. Valley of Love, qui réunit le duo Gérard Depardieu & Isabelle Huppert 35 ans après Loulou de Maurice Pialat, a connu les honneurs d’une sélection en Compétition Officielle du côté de la Croisette. Une première pour le réalisateur La Religieuse ou du Poulpe qui, avec ce récit dramatique teinté d’absurdité, nous entraîne sur les sentiers poussiéreux de la mythique Vallée de la Mort, aux Etats-Unis. Sous un soleil de plomb à faire passer le Sahara pour un climat tempéré, un couple séparé depuis plus de trente ans, se retrouve à répondre à l’étrange invitation post-mortem de leur fils, qui s’est suicidé six mois plus tôt. Étonnante, cette histoire aux relents initiatiques était l’occasion de faire briller deux monstres sacrés du cinéma français dans un drame bouleversant et imprégné de vapeurs surréalistes.L’AVIS :
Avec une telle distribution de luxe et un sujet en or brûlant d’aspérités, Guillaume Nicloux avait toutes les cartes en main pour signer une ballade intimiste magistrale. Malheureusement, le cinéaste loupe complètement sa virée tragique. Ennuyeux, redondant et finalement pas aussi intéressant qu’il n’en avait l’air de prime abord, Valley of Love se perd dans son désert usant, fond sous le soleil de plomb qui écrase son image, et ne laisse rien, si ce n’est les ossements d’un projet animé d’intentions jamais concrétisées. Guillaume Nicloux, qui se prend pour un croisement entre Pialat et Terrence Malick, le talent en moins, tourne autour de son sujet, remplit des espaces vides avec d’autres espaces vides, formés eux-mêmes d’espaces vides et ainsi de suite. Dans ce jeu de poupées russes douloureux, Gérard Depardieu impose le charisme de sa carcasse essoufflée et son talent encore vif, à la mesure de la prestation grinçante de sa partenaire Huppert, que l’on aurait volontiers récompensée d’un Prix de dés-interprétation. Étrangement mauvaise et outrancière dans sa tentative de jeu sibyllin à fleur de peau, la comédienne agace à chaque envolée dramatique, et livre l’une des pires performances de sa carrière en plus de surcharger le film d’un d’excès de prétention souffreteuse et mortifère.Œuvre abrupte, aride, toute en sobriété rugueuse et en mysticisme confondant, sur l’impossibilité du deuil parental, l’amour et le bilan de la vie (décidément les grandes thématiques esquissées par la sélection de Cannes 2015), Valley of Love ne parvient jamais à se charger d’émotion, s’abandonne à un rythme lancinant qui n’accroche pas, et tourne à vide, faute de réussir à transcender son histoire et à cristalliser son sujet, pour les amener sur des versants dépassant son exercice hermétique et vacillant. Trop brouillon pour convaincre, Valley of Love semble se reposer entièrement sur son couple de stars déclinant des dialogues à la lisière entre la fiction et la réalité pour faire exister son expérience d’un cinéma crépusculaire flottant entre méditation existentielle et mélancolie tragico-lyrique confectionnée dans un réalisme naturaliste charnel. Mais leurs corps affligés gravitant dans le cadre et répondant aux esprits écorchés, sombrent petit à petit dans un exercice à l’équilibre trop fragile, qui finit par chuter faute d’être exploité avec suffisamment de puissance et d’intentions dominantes. Et Valley of Love d’être une longue virée fantomatique aussi pénible que celle vécue par ses personnages.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux