[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Three
Père : Johnnie To
Date de naissance : 2016
Majorité : inédit
Type : –
Nationalité : Hong Kong
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Thriller
Livret de famille : Louis Koo, Wei Zhao, Wallace Chung, Lam Suet…
Signes particuliers : Virtuose dans la narration, moins dans l’action.
RÈGLEMENTS DE COMPTE DANS UN HÔPITAL
LA CRITIQUE DE THREE
Résumé : Dans un hôpital, un gangster arrêté, une doctoresse et des policiers. Les heures passent et quelque-chose se prépare…
Quand Johnnie To sort un nouveau film, c’est toujours un petit événement. Si le réalisateur asiatique peut avoir des hauts et des bas, comme la plupart de ses confrères, reste qu’il incarne encore le meilleur visage d’une industrie hongkongaise aux abois depuis son déclin dans les années 2000 et l’avènement du cinéma coréen. Avec Three, le cinéaste s’adonne encore à ce qu’il affectionne le plus, le film conceptuel conjugué au cinéma spectacle. Ainsi, Three est un huis-clos dans un hôpital, où différents protagonistes vont interférer avec dans le viseur, un but qui ne sera dévoilé qu’à la toute fin, dans un ultime acte attendu de tous depuis le début. Un truand blessé à la tête, les flics qui l’ont arrêté, le corps médical qui s’affaire dont une doctoresse dans une passe difficile, tels sont les personnages au cœur du nœud dramatique. Et Johnnie To de jouer avec leurs interactions en faisant monter la pression en vu de l’affrontement redouté et espéré… Avec en filigrane, une petite réflexion éthique et morale sur l’éternelle interrogation, la faim justifie t-elle les moyens ?
L’originalité de Three est d’avoir concentré le film non pas sur l’affrontement attendu mais sur sa mise en place. Johnnie To signe une sorte de court long-métrage (88 minutes) dont la majeure partie est comme longue mise en place destinée à aboutir sur un final explosif. Lequel sera malheureusement aussi court que frustrant. Les amateurs des splendides gunfight chers au cinéma de To seront probablement un peu déçus par ce qui ressemble à un bref orgasme venant ponctuer de longs préliminaires. Sauf que dans le cas présent, l’orgasme final n’est pas aussi jubilatoire qu’à l’accoutumée. Peut-être parce que Johnnie To semble n’y avoir attaché qu’une importance secondaire, tout ce qui le précède étant clairement ce qui l’intéressait en priorité, à savoir l’orchestration d’une tension palpable mêlée à un suspens naissant de comment va exploser la résolution pressentie. Mais ladite tension peine à naître et Three tourne un peu en rond, en plus de manquer de poigne pour faire patienter la boule au ventre. En réalité, le véritable intérêt du film est de voir Johnnie To reformuler différemment les codes de son cinéma habituel. D’ordinaire, le cinéaste nous gratifie de splendides chorégraphies magnifiant l’action. Avec Three, Johnnie To s’est amusé à utiliser cette virtuosité chorégraphique mais au service de la narration cette fois. En clair, c’est le scénario qui est une habile chorégraphie narrative et non la manière dont il est illustré. Le résultat est audacieux mais il laisse sur sa faim.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux