Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Call
Père : Brad Anderson
Livret de famille : Halle Berry (Jordan), Abigail Breslin (Casey), Morris Chestnut (Phillips), Michael Eklund (Michael Foster), Roma Maffia (Maddy), José Zuniga (Marco), Michael Imperioli (Alan)…
Date de naissance : 2013 / Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 1h35 – 13 millions $
Signes particuliers (+) : On manque de peu de se prendre au jeu du suspens effréné déployé dans un cadre rarement abordé au cinéma.
Signes particuliers (-) : Une série B bourrée d’invraisemblances aux allures d’épisode de série TV étiré en longueur. Fade, sans personnalité, tristement banal et mal écrit avec des personnages dont on se contrefout.
911, QUEL EST VOTRE URGENCE ?
Résumé : Jordan Turner est l’une des nombreuses opératrices du 911, le lien entre les victimes et les forces de police sur le terrain. Traumatisée par un appel reçu six mois plus tôt où elle aura assistée impuissante au meurtre d’une fillette par un psychopathe, elle est depuis formatrice et ne touche plus au téléphone. Sauf ce jour là où une adolescente appelle depuis le coffre d’une voiture, enlevée par un inconnu la menant vers la mort…
Qu’il est loin le Brad Anderson de l’étrange et envoutant The Machinist, pépite espagnole acclamée en 2004 avec son Christian Bale amaigri et insomniaque. Le voilà aujourd’hui cantonné à des projets de commande tristement lisses comme en témoigne ce The Call, thriller qui devait être à la base réalisé par Joel Schumacher avant que ce dernier ne soit obligé d’abandonner le projet. Produit par la fédération professionnelle de catch américain (!!?!) qui a ouvert une branche de production cinématographique spécialisée dans le thriller (déjà derrière l’injustement critiqué Dead Man Down), The Call prend place dans un univers rarement traité au cinéma, celui des services d’appels d’urgences américains, le fameux « 911, quelle est votre urgence ? ». Après l’épouvantable nanar fantastique Vanishing on 7th Street, Anderson confirme sa descente aux enfers de la série B insipides tout juste digne de pauvres DTV, lui qui avait pourtant enchainé après The Machinist, avec le plutôt pas mal et haletant Transsibérien, toujours produit en Europe. Il faut dire que le bonhomme s’était pas mal mis à dos le petit microcosme hollywoodien au sortir de son petit classique de 2004 (vexé qu’Hollywood ait refusé de le produire), revendiquant la liberté de création et de prises de risque que l’on trouvait en Europe par rapport à un cinéma américain engoncé dans sa frilosité. Il a dû par conséquent prolonger son exil sur notre continent, le temps que ses déclarations s’oublient et que les chose se tassent. Depuis, Vanishing on 7th Street (son retour au bercail) a été une purge ratée et Anderson est apparu dans les séries Masters of Horror et Alcatraz.
Doté d’un petit budget (13 millions de dollars) et d’une star (Halle Berry), The Call est un film qui fonctionne un peu comme le principe de L’Attaque du Métro 123. Un centre d’appel, le mauvais coup de fil et une « intense » course contre la montre à distance pour sauver une jeune adolescente kidnappée par un redoutable psychopathe. Halle Berry est la pauvre opératrice qui va décrocher et se retrouver en ligne avec une jeune fille paniquée, prise aux pièges dans le coffre de la voiture de son ravisseur. Une situation qui la renvoie au drame qu’elle a vécu six mois plus tôt, impuissante face à l’attaque d’une fillette chez elle par un serial killer. L’idée de prendre pour cadre les opérateurs du 911 n’était pas mauvaise à la base tant cette plateforme téléphonique est l’un des maillons fondamental du système policier américain. Des officiers qui prennent en charge tout type d’appels, des plus ubuesques au plus grave avec un devoir de distance et de lâcher prise lourd tant ils ne sont impliqués émotionnellement que dans l’urgence et la concision d’un coup de fil avant de passer le relai aux gens compétents qui interviennent. Un métier exténuant physiquement mais surtout moralement, frustrant et fait de coups de pression intenses, de sang froid, de gestion psychologique et de maîtrise de soi. Sauf que pour faire vivre cette haletante histoire d’enquête dans l’urgence avec comme épée de Damoclès, un chrono qui tourne où chaque minute condamne davantage la potentielle victime, The Call avait besoin d’une haute dose d’inspiration pour à la fois ne pas tomber dans le grand n’importe quoi scénaristique et à la fois ne pas s’enfermer dans le statique de son postulat de départ. Et malheureusement, autant le scénariste Richard D’Ovidio (les scripts de Hors Limites et 13 Fantômes) par son écriture que Brad Anderson par sa réalisation, personne n’en aura.
The Call fait l’effet d’un long épisode de la série Esprits Criminels étiré péniblement sur la longueur d’un long-métrage grâce à un amoncellement d’invraisemblances, d’aberrations et de mauvaises idées. Avec son suspens de pacotille prévisible à souhait, ce modeste thriller qui frôle sans cesse l’immersion nerveuse et oppressante sans jamais y entrer de plein pied, se foire sur toute la ligne avec en point d’orgue, un final d’une débilité sans nom en plus d’être incroyablement mal écrit et mis en scène. Si la première moitié du film essaie de se montrer efficace pour happer un spectateur décidé à ne pas trop faire la fine bouche, elle reste cousue de fil blanc et narrée avec une artificialité écumant dans sa sur-écriture peu convaincante, tous les clichés du genre et du registre. Progressivement, le film archi-balisé s’enlise de minute en minute et s’enfonce vers les abysses de la médiocrité par sa banalité sans borne. C’est une impression de vide fossoyeur qui sous-tend au final cette histoire qui pourtant avait pour elle, quelques intéressantes idées de départ notamment dans la psychologie de son héroïne au quotidien rythmé par un métier harassant dont on ne se rendait pas forcément compte de sa difficulté. Mais au lieu d’exploiter ce filon dramatique qui aurait pu le transcender, The Call se cantonne à faire dans la basse efficacité basique et simpliste et l’ensemble reste plafonné au degré zéro de l’intelligence et de l’inventivité dont il ne reste rien après coup si ce n’est l’impression d’avoir assisté à un triste spectacle factice à mi-chemin entre le piètre DTV et le télévisuel réac et idiot. Un film qui malgré ses rares envolées de bravoure (on manque de peu d’être pris par le suspens) se révèle être une purge médiocre quelconque et sans personnalité.
Bande-annonce :