Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : San Andreas
Père : Brad Peyton
Date de naissance : 2014
Majorité : 27 mai 2015
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h58 / Poids : 100 M$
Genre : Catastrophe
Livret de famille : Dwayne Johnson (Ray), Carla Gugino (Emma), Alexandra Daddario (Blake), Ioan Gruffudd (Daniel), Paul Giamatti (Lawrence), Hugo Johnstone-Burt (Ben), Art Parkinson (Ollie), Archie Panjabi (Serena)…
Signes particuliers : La mode semble être revenue. Avec un peu de chance, on va désormais avoir droit à notre film catastrophe annuel. Après 2012 et son inversion des pôles et Black Storm et ses tornades ravageuses, place à San Andreas et ses séismes. Que la valse des immeubles qui s’effondrent commence…
QUAND JE SERAI GRAND, JE VOUDRAIS ÊTRE ROLAND EMMERICH
LA CRITIQUE
Résumé : Lorsque la tristement célèbre Faille de San Andreas finit par s’ouvrir, et par provoquer un séisme de magnitude 9 en Californie, un pilote d’hélicoptère de secours en montagne et la femme dont il s’est séparé quittent Los Angeles pour San Francisco dans l’espoir de sauver leur fille unique. Alors qu’ils s’engagent dans ce dangereux périple vers le nord de l’État, pensant que le pire est bientôt derrière eux, ils ne tardent pas à comprendre que la réalité est bien plus effroyable encore…L’INTRO :
Revenu d’entre les morts sous l’impulsion des Roland Emmerich et autre Michael Bay après la fin de sa période de gloire dans les années 70, le cinéma catastrophe connaît un regain d’intérêt depuis quelques années. Précisément, depuis que les studios américains se sont rendus compte que, certes ça coûte un pognon monstre à produire, mais que ça peut aussi remplir à gogo les tiroirs caisses du moment que l’argument marketing aussi simple qu’une chanson de Patrick Sébastien est tenu : « Venez voir, on va tout péter et c’est génial ». 2012 ou Black Storm en ont été deux bons exemples récents et visiblement, cette nouvelle embellie, aidée par la considérable amélioration et démocratisation des effets spéciaux, n’est pas prête de s’arrêter en si bon chemin, pour notre plus grand plaisir sadique en tant que grands amateurs de spectacle de destruction massive où le monde s’effondre. San Andreas est donc l’opus régressif de l’année 2015. La promesse ? Pas compliqué. La tristement célèbre faille géologique éponyme traversant la Californie (celle qui fait que la région redoute l’attendu Big One) se réveille et ravage toute la côte Est américaine. Au milieu du chaos ambiant, un père, pilote d’hélico super-balèze et secouriste émérite (Dwayne Johnson) monte à bord de son joujou et virevolte à la recherche de son ex-femme et de sa fille (les méga-sexy Carla Gugino et Alexandra Daddario) prises au piège de la catastrophe.L’AVIS :
Amateurs de grand spectacle qui dépote et en fout plein la vue en gonflant ses muscles tout en CGI, San Andreas est là pour vous satisfaire avec une générosité débordante. Pour ceux qui en revanche, qui exigent un quota minimum d’originalité pour se déplacer vers un blockbuster, autant vous prévenir, il est encore temps de passer votre chemin. Le film de Brad Peyton (tâcheron de première derrière le nanardeux Voyage au Centre de la Terre 2 avec déjà The Rock) signe un doublé-gagnant : 10/10 aux deux barèmes de référence du genre. Un premier 10 sur l’échelle du kiff intégral pour le capital divertissant de son affaire qui envoie le bois sans retenue ni temps morts, puis un second 10 sur l’échelle de là bêtise abyssale. Car la seule chose qui est inébranlable et dotée de fondations ultra-solides dans cet effondrement massif et destructeur, ce sont les clichés. En réalité, San Andreas n’est pas frappé par un tsunami de déjà-vu, c’est tout le film à lui-seul qui est un cliché géant, copiant sans vergogne le cinéma de l’ami Emmerich en général, le script du 2012 en particulier. Et à y être, autant assumer jusqu’au bout et aussi copier sa mise en scène du spectacle démolisseur de buildings qui s’effondrent, de villes qui se soulèvent sous l’onde de choc et tout le toutim. Brad Peyton n’a visiblement aucun scrupule, à tel point qu’on ne s’étonnerait pas de voir Emmerich lui coller un procès pour plagiat éhonté ! Le cinéaste va jusqu’à reprendre tout un tas de scènes visuelles emblématiques du surpuissant morceau d’entertainment emmerichien, livrant une pâle copie au rabais de 2012. Les plaques tectoniques qui soulèvent les villes sous l’onde de choc, des images de tsunami ou de zones entières englouties par le vide (filmées tout pareil que chez le Roland), les avions qui passent entre les tours en chute libre, les lettres d’Hollywood emportées dans le cataclysme (ça c’était dans Le Jour d’Après), les mêmes ressorts à suspens (bonjour le coup du crash en avion/hélico, de la noyade, des fissures qui s’entrouvrent devant les pneus des voitures et on en passe…). Déjà que San Andreas lui chipait aussi la même élaboration de ses personnages en reprenant à son compte le coup du scientifique qui a tout vu venir grâce à ses recherches ou encore celui du couple séparé et proche du divorce, avec dans la boucle un nouveau mari tête à claque et couard obligeant l’ex-mari à voler au secours de son ex-femme… Ça fait beaucoup quand même.Gros mélange faisant sa tambouille en recyclant jusqu’à plus soif quarante ans de cinéma catastrophe, du classique Tremblement de Terre de Mark Robson (1974) à Titanic, Armagueddon ou Deep Impact, auxquels il piquent également des plans entiers par-ci par-là, San Andreas n’invente rien, bien au contraire. Sa seule intention affichée, est celle de livrer un méga-divertissement catastrophe laissant parler pour lui, son trop-plein d’action et ses effets spéciaux surabondants nous plongeant dans un tourbillon ravageur. Sur ce point, le film assure l’essentiel et saura satisfaire les amateurs, qui lui pardonneront éventuellement son avalanche de défauts sismiques accompagnés de leurs multiples répliques. A commencer par une mise en scène sans inspiration ni relief (un comble pour un film en 3D !) conduite par un Brad Peyton au choix, mauvais ou dépassé par son entreprise, un casting cabotin en roues libres, une mécanique aussi prévisible que l’augmentation annuelle du prix du timbre, des dialogues aussi ternes que le dernier spectacle de Chevalier et Laspalès, des faux raccords et autres incohérences en tout genre, un petit florilège de CGI traités pardessus la jambe, notamment une batterie de fonds verts dégueulasses contrastant avec la réussite des gros plans ambitieux d’écroulements massifs (en même temps, on ne fait pas du Emmerich à 200 M$ avec un budget réduit de moitié)… Et puis ce script pompeur aux allures de défilé de déjà-vu. Car si le scénario de 2012 cachait quelques petites idées très intéressantes derrière sa trame basique, celui de San Andreas est à ranger dans le placard du bas de gamme minimaliste, cumulant les niaiseries à la pelle et les coups d’éclat de ridicule (mention au plan final).Mais tout aussi mauvais qu’il soit dans l’absolu, San Andreas est sauvé de la déroute par le fait qu’on s’y attendait autant que la dernière défaite de la Gauche aux élections départementales. Et du coup, le spectateur d’occulter sa chevauchée nanarde pour profiter du spectacle en fusion d’une catastrophe naturelle riche en fissures terrestres et en écroulements monumentaux. Spectaculaire et fun, le film de Brad Peyton vient s’ajouter à la longue liste des blockbusters cinématographiquement affligeants dans le fond mais devant lesquels on se surprend à en redemander encore et encore. Un peu comme une après-midi à enchaîner les tours de Space Mountain à Disney. On a la nuque et le fessier en compote mais c’est pas grave, on est toujours partant pour un petit dernier pour la route.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux