Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Runner Runner
Père : Brad Furman
Livret de famille : Justin Timberlake (Richie Furst), Ben Affleck (Ivan Block), Gemma Arterton (Rebecca), Anthony Mackie (Shavers), Sam Palladio (Shecky), Oliver Cooper (Andrew), Louis Lombardi (Archie), Ben Schwartz…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 25 septembre 2013 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h32
Poids : 30 millions $
Signes particuliers (+) : Une série B efficace et de correcte facture, portée par un casting impeccable. Se regarde sans déplaisir et trompe l’ennui.
Signes particuliers (-) : Mineur et très anecdotique, Players s’oublie aussi vite qu’il se visionne. Ni spécialement passionnant ou créatif, il se contente d’aligner sa recette éculée et très prévisible avec rythme mais aussi superficialité d’écriture et de mise en scène, sans jamais chercher plus loin que le bout de son nez.
L’AMOUR DU RISQUE
Résumé : Un étudiant de Princeton en difficulté pour payer ses études, joue toutes ses économies à quitte ou double au poker en ligne. Victime d’une arnaque, il décide de se rendre au Costa Rica pour y rencontrer le puissant et exilé Ivan Block, créateur et patron du site. De l’espoir d’être remboursé de ses gains injustement perdus, Richie se retrouve finalement sous la bienveillance de Block qui va en faire son bras droit…
A l’heure de l’explosion des sites de paris et de jeux en ligne, nouvelle voie royale aux côtés des casinos pour la quête de l’argent facile afin de matérialiser les désirs de croquer le rêve américain en vitesse accélérée, le cinéaste Brad Furman s’empare de cet univers opaque pour tisser la toile de son troisième long-métrage après The Take et La défense Lincoln. Soutenu par la de plus en plus active société de production de l’ami DiCaprio, Players réunit un beau casting (Justin Timberlake, Ben Affleck, Gemma Arterton et Anthony Mackie) pour un thriller de série B à moyen budget gentiment dénonciatoire des méthodes louches de ce milieu aux vitres de façade teintées. Le sujet avait de quoi poser de solides fondations pour un film, d’autant que la question inquiète de plus en plus aux Etats-Unis avec la recrudescence de conséquences dramatiques notamment auprès de la jeunesse américaine tentée d’avoir recours à ce type d’issue illusoire pour brûler les étapes de la vie en espérant devenir rapidement riche et célèbre sans réellement avoir conscience des risques. De ce problème de société, le duo de scénariste Brian Koppleman et David Levien (visiblement deux passionnés par les thématiques du jeu et de la corruption, derrière des films comme Les Joueurs de John Dahl en 1998, Ocean’s Eleven 3, Le Maître du Jeu ou Tolérance Zéro) va bâtir un récit dramatique suivant un jeune étudiant de Princeton tombant dans les griffes du milieu après avoir été victime d’une arnaque où il a tout perdu à jouer quitte ou double le financement de ses études.
De sa bande-annonce à son affiche à la tagline facile en passant par sa promotion discrète et son changement de titre (un titre anglais devenant un autre titre… anglais), Players est typiquement le genre de série B dont on attend souvent le pire. Et de ce fait, la surprise est parfois au rendez-vous, ce qui est le cas ici, quand le film est finalement moins mauvais que redouté. Non pas que l’exercice de Furman soit particulièrement brillant ou profond mais il limite honnêtement les dégâts et sauve les meubles par le moment de distraction très anecdotique qu’il propose. Efficace et rythmé, Players est clairement un film sans génie ni créativité, en plus d’être quasi-entièrement prévisible, le spectateur ayant toujours deux longueurs d’avance sur le héros, ses réflexions et actions. D’ailleurs, si le casting n’était pas ce qu’il est, on parlerait là de sorte de DTV de luxe, thriller divertissant et de facture correctement recevable même si Furman n’y transcende jamais son sujet et se cantonne a une grande superficialité d’approche de son univers qu’il dépeint en multipliant facilités, clichés, manichéisme et conventionnalisme de son arc dramatique éculé, Players recourant à de nombreux emprunts évidents, de Wall Street et son Gordon Gecko pour personnifier le bad guy Ivan Block (Ben Affleck) aux œuvres scorsesiennes pour caractériser sa jeune proie prise dans la spirale séduisante de l’argent facile avant d’en explorer les sombres recoins du revers de la médaille en passant par le clin d’œil aux anciennes femmes fatales d’un temps révolu. Mais attention, même s’il s’en réclame, Players aussi est bien loin d’atteindre le quart de la moitié de la valeur de ses nobles références. Sur sa courte durée (1h30), il fonctionne en adhérant à la route sur laquelle il s’est engagé, évitant de lorgner vers le précipice de la falaise de l’ennui qui borde son chemin ultra-balisé. Relativement bien ficelé et rondement mené avec peu de fioritures et de temps morts au programme, ce troisième essai de long-métrage du cinéaste est de cette catégorie de films qui se regardent sans déplaisir mais sans marquer non plus, presque instantanément oublié une fois la séance terminée. Ni spécialement bon ni outrageusement mauvais, juste une œuvre semblable à tant d’autres, tiède et déjà-vu, plus propice à une soirée DVD détendue qu’à une expédition occasionnelle au cinéma.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux