Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Non Stop
Mère : Jaume Collet-Serra
Livret de famille : Liam Neeson (Bill Marks), Julianne Moore (Jen), Scoot McNairy (Tom), Michelle Dockery (Nancy), Nate Parker (Zach), Corey Stoll (Austin), Lupita Nyong’o (Gwen), Shea Wigham (Marenick)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 26 février 2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 1h46 /
Poids : 50 millions $
Signes particuliers (+) : Un thriller à prendre pour ce qu’il est, soit une série B qui se regarde comme une sympathique distraction simple et efficace, ne cherchant pas midi à quatorze. Et puis c’est toujours un plaisir de voir ce bon vieux Liam Neeson et sa carrure de destroyer mettre des mandales en serrant la mâchoire !
Signes particuliers (-) : Si l’on en vient rapidement à se ficher de son enfilade de clichés parce que Non-Stop est un film à concept bis et qu’il ne cherche pas réinventer un genre, on regrette plus, en revanche, son manque de rythme et de nervosité, ce qui finit par nuire à son efficacité et le fait tourner en rond. Collet-Serra est appliqué dans sa réalisation mais on aurait aimé quelque chose d’un poil plus bourrin pour qu’il en devienne réellement excitant.
LE RETOUR DE LA SAGA AIRPORT ? ALERTE EN PLEIN CIEL !
LA CRITIQUE
Résumé : Alors qu’il est en plein vol, un agent de la police de l’air reçoit des SMS d’un inconnu qui dit être à bord et vouloir assassiner un passager toutes les 20 minutes s’il ne reçoit pas 150 millions de dollars…
L’INTRO :
Révélé par le cinéma horrifique dans lequel il montra d’intéressantes aptitudes (La Maison de Cire et l’excellent Esther) l’ibérique Jaume Collet-Serra semble avoir pris le genre pour un tremplin vers un cinéma plus commercial et grand public dans lequel il use de son savoir-faire pour emballer de solides séries B d’action avec le concours de son nouvel acteur fétiche, un Liam Neeson qui n’a jamais autant incarné l’archétype même de l’Action Man badass que depuis qu’il a franchi le cap de la cinquantaine. Après Sans Identité en 2011, les deux compères se retrouvent pour Non-Stop, nouveau thriller musclé à pitch, dont tout le concept est résumé dans la Base line : un avion, un terroriste, 146 passagers, 146 suspects. La messe est dite, bonsoir.
L’AVIS :
Non-Stop est de ces films qui ne cherchent pas à s’embarrasser d’un fond à la mord-moi-le-nœud, même si d’aucun iront vaguement y puiser une fumeuse réflexion sur les angoisses modernes du terrorisme aérien en adéquation avec une paranoïa post-11 septembre. Jaume Collet-Serra nous pond le plus simplement du monde un film bisseux dont la bêtise primaire n’a d’égale qu’une volonté d’afficher efficacité, suspens et distraction pas prise de tête avec une petite péloche qui se veut humblement haletante. Le scénario tient sur une feuille de papier et tout l’intérêt de la chose va désormais passer par la faculté de son auteur à nous tenir captivé par une intrigue radicalement basse du front mais potentiellement divertissante. Traduisez que dans ce huis-clos à 10000 mètres du sol, notre quête en tant que spectateur va être de décoller en compagnie de ce beau monde pour un roller coaster placé sous le signe de l’anxiété et du complot, avec si possible un maximum d’action qui défouraille au gré des poings de notre charismatique Liam Neeson qui joue une fois de plus les sauveurs de la veuve et l’orphelin, lancé dans une enquête atypique par son contexte où il va devoir se bastonner sec dans une carlingue devenant un potentiel cercueil volant pour quantité de bons américains innocents.
On s’en doutait, Non-Stop le fait. Le dernier effort de Jaume Collet-Serra est une sympathique bisserie raz des pâquerettes qui aligne les clichés par paquet de douze au rythme de son déroulement balisé et cousu de fil blanc. On a droit à l’anti-héros alcoolique qui se traîne un trauma qui l’a détruit, à la gentille demoiselle qui va tout faire pour lui venir en aide parce qu’elle est la seule à croire en lui, aux gugusses demeurés qui ne comprennent rien à rien, au supérieur incrédule et énervant de connerie alors que l’évidence se trame sous son nez et on en passe des vertes et des pas mûres.
Sauf que voilà, il y a série B ras du bulbe et série B ras du bulbe. Et Non-Stop se range dans la première (ou la deuxième selon le sens par lequel vous voulez prendre l’expression) catégorie. Concrètement, Jaume Collet-Serra nous propose un thriller bis entrée de gamme, quelque part à mi-chemin entre le « cool », le « fun » et la paresse suffisante. Le cinéaste essaie de renouer avec la grande tradition du cinéma catastrophe aérien qui a connu son heure de gloire dans les années 70 (voir notre dossier sur la saga Airport ici), en somme un pitch simple pour un film à concept qui nous balance dans une aventure pas très futée mais qui se veut la plus trépidante possible, sans temps mort mais avec tout ce qu’il faut de spectacle et d’intrigue policière en mode cluedo avec des suspects, un lieu et une arme du crime… le téléphone.
Le résultat n’a absolument rien de honteux malgré sa maigreur scénaristique mais clairement, Collet-Serra aura pu viser mieux. Artisan-tâcheron un brin plus doué que la moyenne quand il officie dans un cinéma formaté tel que celui-ci, il emballe son affaire avec sérieux et aplomb et arrive à partiellement nous capter dans son récit qui aurait pu être nettement meilleur s’il n’avait pas commis quelques erreurs qui lui sont dommageables. On regrettera notamment qu’au lieu de se contenter d’une péloche courte sur pattes mais foutrement efficace, le réalisateur ait préféré étirer son histoire sur une durée excessive d’1h46, finissant par perdre en rythme et en tension au fur et à mesure que son affaire tourne en rond dans son étroit fuselage, en se cognant la tête contre tous les recoins explorés de son avion-décor. Si Non-Stop montre patte blanche en termes de maîtrise et de sens du twist invraisemblable, le film peine en revanche à trouver la bonne carburation et paraît plus poussif dans son déroulé. Déjà qu’il ne brillait pas par son intelligence…
Non-Stop est une sorte de mélange entre Flight Plan et Taken, malheureusement avec la nervosité du second sporadique. Pas détestable sur le fond et inoffensif, il ne vole (ironiquement) pas bien haut non plus et n’inspire qu’une forme de détachement patenté face à son manque d’inspiration, hésitant entre la rigolote bêtise primaire assumée et la rigueur tenue avec génie. En n’allant pas chercher midi à quatorze heures dans un scénario troué comme du gruyère, il pourra faire la blague et occuper un instant les amateurs du genre.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux