Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : Grudge Match
Père : Peter Segal
Livret de famille : Sylvester Stallone (Razor), Robert De Niro (Kid), Kevin Hart (Dante), Alan Arkin (Lightning), Kim Basinger (Sally), Jon Bernthal (BJ), LL Cool J (Frankie)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 22 janvier 2014 (en salles) / 04 juin 2014 (en vidéo)
Nationalité : USA
Taille : 1h53
Poids : 50 millions $
Signes particuliers (+) : Un plaisir coupable jouissivement old school opposant deux monstres sacrés du cinéma dans un revival hargneux maquillé en comédie hilarante nourrie aux punchlines irrésistibles évoquant le meilleur du cinéma eighties. Raging Bull vs Rocky, le duel des vieux dépote sévère et régale !
Signes particuliers (-) : Si l’on s’amuse à creuser au-delà du seul plaisir jubilatoire, inéluctablement ce Match Retour perd (un peu) de sa superbe. Petites facilités, maladresses, réalisation sans génie… Mais on aurait presque envie de dire qu’on s’en tamponne en fait car le plaisir l’emporte vraiment sur tout !
CE SOIR, ESPN CLASSIC PRÉSENTE JAKE LA MOTTA vs ROCKY !
LA CRITIQUE
Résumé : Henry « Razor » Sharp et Billy « The Kid » McDonnen sont deux boxeurs de Pittsburgh propulsés sous le feu des projecteurs grâce à leur rivalité ancestrale. Chacun a eu l’occasion de battre son adversaire à l’époque de sa gloire, mais en 1983, alors qu’ils s’apprêtaient à disputer un troisième match décisif, Razor a soudain annoncé qu’il arrêtait la boxe : sans explication, il a ainsi brutalement mis fin à leur carrière à tous les deux.Trente ans plus tard, le promoteur de boxe Dante Slate Jr., y voyant une occasion de gagner beaucoup d’argent, leur fait une offre irrésistible : monter sur le ring pour obtenir leur revanche une bonne fois pour toutes.
L’INTRO :
Ladies and Gentlemen, bienvenu dans l’arène pour un match de légende et de légendes ! Sur le ring aujourd’hui, à ma gauche, Sylvester Stallone, icône du cinéma d’action, champion du monde du box office, 6 Rocky à son actif et une gueule burinée qui en dit long sur son allure badass. A ma droite, Robert De Niro, icône du cinéma tout court, champion du monde du charisme, Raging Bull à son actif et des expressions de visage qui en imposent toujours après des décennies. Deux monstres sacrés, Jake La Motta vs Rocky Balboa, une put*** de rencontre iconique dans un film sévèrement burné et chargé au maximum en testostérone. Voilà ce que promet Match Retour !
L’AVIS
Ils n’ont plus vingt ans. Ils sont vieillissants, mais le réalisateur de comédies Peter Segal a décidé de tirer avantage de cette situation pas loin du loufoque. Voir ces « papis » se foutre sur la gueule dans un film de boxe hargneux peut paraître complètement débile sur le papier. Mais le débile du papier, le scénariste Tim Kelleher s’est mis en tête de le transformer en décalé en s’inspirant des retrouvailles avortées des illustres boxeurs Larry Holmes et George Foreman qui devaient recroiser les gants alors qu’ils étaient âgés de 50 ans dans un combat historique malheureusement tombé à l’eau. Match Retour prolonge cette idée et raconte l’histoire de la belle que ne se sont jamais livrés deux ennemis de légende (fictifs) de la boxe, Henry Razor Sharp et Billy The Kid McDonnell. Une victoire et une défaite chacun et un troisième round qui n’a jamais eu lieu jusqu’à aujourd’hui… 30 ans plus tard.
Peter Segal (Y’a t-il un flic pour sauver Hollywood, La Famille Foldingue) avait tout du choix sonnant comme une grosse erreur de casting pour un film de ce genre. Mais à l’arrivée, pas du tout. Car Match Retour n’est pas seulement un film de boxe sec et viril façon Fighter. C’est aussi, et presque avant tout, une comédie détonante décochant les rires comme autant de crochets du droit. La rivalité de ces deux anciens revenant de nulle part et la situation ubuesque à laquelle ils prêtent vie, donnent lieu à un acerbe numéro d’humour jubilatoire nourri aux punchlines jouissives. Peut-être les meilleures estampillées eighties entendues depuis belle lurette !
Match Retour, c’est un peu comme le magnifique Stand Up Guys version boxe. Le revival d’ancêtres d’un genre qui se voient offrir une seconde chance de montrer ce qu’ils ont encore dans le bide. Stallone n’avait pas quitté le cinoche d’action malgré ses 67 piges trébuchantes. Robert De Niro faisait plus vieillard du haut de ses 70 printemps. Mais tout cela s’efface dans un film qui remet les compteurs à zéro. Stallone est un vieux rouillé à la forme moyenne, De Niro est un gras du bide qui a lâché la sienne depuis bien longtemps. Ils n’ont plus le profil du combattant acharné. Mais ils ont toujours la rage, l’envie et surtout un état d’esprit conjugué à une rivalité ancestrale qui, comme le vélo, ne s’oublie pas !
Version comique de Fighter, version old school de Warrior, mashup de films sur la boxe où les référence délicieuses et attendues abondent (les clins d’œil à Rocky et à Raging Bull fourmillent), Match Retour une petite surprise dont on n’attendait rien et qui sans génie et en dépit de ses maladresses et facilités, fait passer un super bon moment de cinoche en mode « pas d’âge pour une seconde chance » et « exaltation des valeurs à l’ancienne » ! Si sur le fond on est très loin du chef d’œuvre, si l’ensemble fleure bon la série B pas très élaborée ne brillant pas par ses qualités cinématographiques, Match Retour reste quand même un kiff qui régale et qui remet dans le bon sens le concept du « old school » souvent galvaudé.
Avec deux cabotins des grands soirs et une pléiade de seconds rôles savoureux entre un énorme Alan Arkin (Oscar du second rôle comique direct !), une Kim Basinger qui n’a rien perdu de son charme, un Jon Bernthal (Walking Dead) de plus en plus excellent, un John Hart réglé en mode Chris Tucker en version moins insupportable et des guest-surprises absolument mortels (restez jusqu’à la fin !), Match Retour fait le job et surtout amuse le spectateur dilettante venu chercher du fun. Ses gags juteux et hilarants servis sur un plateau d’argent, sa gentille tendresse ruisselant derrière les destins croisés de ces deux meilleurs ennemis, son combat épique où valsent les uppercuts au rythme des têtes qui se déforment sous les coups et son ambiance touchante, détendue et sans prétention, font oublier ses nombreux défauts qui deviennent autant de petites imperfections pardonnables dont au final on a cure. Oui, Match Retour est emballé avec un peu trop de décontraction, oui il aurait pu être meilleur, oui sa BO (ou plutôt ses choix musicaux) sont parfois douteux, oui sa réalisation est assez faiblarde, autant que sa trame conventionnelle est construite sur des poncifs à la louche… Mais Peter Segal n’a jamais eu l’ambition de signer un classique impérissable. Juste une pastille réjouissante réunissant deux icônes qui ne s’étaient jusque-là jamais rencontrées sur un plateau et qui livrent leurs dernières banderilles avec puissance et conviction. L’éclate totale !
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux