Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : The Lone Ranger
Père : Dan Bradley
Livret de famille : Johnny Depp (Tonto), Armie Hammer (John Reid), Tom Wilkinson (Cole), Ruth Wilson (Rebecca), William Fichtner (Butch), Helena Bonham Carter (Red), Barry Pepper (Fuller), James Badge Dale (Dan Reid), Damon Herriman (Ray), James Frain (Barret)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : 06 août 2013 (en salles)
Nationalité : États-Unis
Taille : 2h29
Poids : 250 millions $
Signes particuliers (+) : Un western comique entraînant, proposant généreusement 2h30 d’action et d’humour en nous embarquant dans le lointain Far West des cowboys, des indiens, des hors-la-loi et des héros. Un spectacle extravaguant et joyeux assumant avec sincérité, son statut de plaisir de l’instant récréatif nourri à la démesure et aux pitreries de ses comédiens qui s’éclatent à nous amuser et nous divertir.
Signes particuliers (-) : Des défauts inhérents à beaucoup de blockbusters basiques et un peu longs, d’une bonne dose de facilité à une pincée de maladresse parfois pataude.
DEUX CAVALIERS QUI SURGISSENT HORS DE LA NUIT !
Résumé : John Reid, un ranger avocat qui ne jure que par la loi, va être forcé de devenir lui-même un hors-la-loi redouté pour faire régner la justice dans un monde corrompu. Il s’associera à Tonto, en un indien un peu cinglé réclamant vengeance après ceux qui ont tué toute sa tribu alors qu’il était enfant…
Walt Disney Pictures, créateur mythique de magie ? C’est en tout cas la démarche de longue date d’un studio qui fait rêver petits et grands depuis des décennies. Un studio qui y met les moyens aussi, avec des réussites et des échecs. Cet été, c’est à une nouvelle aventure hors du commun que l’on est convié, pour prendre part à l’entertainment Lone Ranger, Naissance d’un Héros, gros spectacle pop corn estival qui réunit toute l’équipe de la saga Pirates des Caraïbes en vue de l’adaptation au cinéma d’une vieille série télévisée des années 50, elle-même tirée d’un ancestral feuilleton radiophonique du début des années 30. Le producteur Jerry Bruckheimer, le studio de Mickey, les scénaristes Ted Elliot et Terry Rossio, le réalisateur Gore Verbinski, le compositeur Hans Zimmer, l’acteur Johnny Depp… Tout le monde est présent sur le pont pour matérialiser ce grand film d’aventure budgété à 250 millions de dollars en vue de procurer plaisir, distraction et légèreté. Dernier de la série des gros blockbusters de l’été à sortir chez nous, Lone Ranger arrive néanmoins avec la patte cassée, traînant derrière lui le boulet d’un cuisant échec au box-office américain qui risque bien de condamner la possible franchise espérée du coté des producteurs qui voyaient sans doute là de quoi combler le trou que laissera celle de Pirates des Caraïbes une fois achevée. Lone Ranger sonne comme un lointain écho à John Carter l’an passé. Un plantage lourd de conséquences comme Disney espérait ne pas en revivre de sitôt. Malheureusement, un an plus tard… Avec seulement 86 millions de recettes sur le sol américain, Lone Ranger est très très loin d’avoir remboursé son coût et attend donc beaucoup de l’international pour soit récupérer ses billes soit limiter la casse au maximum. Un échec pourtant peu prédictible tant le film semblait parfaitement calibré pour le marché estival, d’autant qu’il n’a rien de honteux en soi.
Gore Verbinski nous emmène dans le sillage du Lone Ranger masqué et de son fidèle compagnon, l’indien déglingué Tonto (idiot en espagnol). Deux héros de légende associés sur le ton du buddy movie d’aventure. L’un est un ranger du Far West qui ne jure que par la loi avant de déchanter face à la corruption de toutes ses instances, préférant du coup s’orienter de l’autre côté de la barrière pour faire régner la justice, l’autre est un indien solitaire un peu décalé, marqué par un lourd passé gravé à jamais dans sa mémoire. Icône de la culture pop américaine, le Lone Ranger a vu ses aventures mainte et mainte fois adaptée dans tous les courants possibles et imaginables. Outre le feuilleton radio ou la série, il a déjà connu quelques adaptations au cinéma via des serials, vu naître un dessin-animé, un comics basé sur lui et même un jeu vidéo. Moins connu, il est même à l’origine du mythique feuilleton Le Frelon Vert qui est en réalité ni plus ni moins qu’un spin-off ! C’est dire l’importance de la mythologie de ce héros (ou plutôt duo de héros) qui retrouve une glorieuse place au cinéma à travers le spectacle proposé ici. Et c’est sur le comédien Armie Hammer (les inoubliables jumeaux de The Social Network) que les exécutifs du studio ont décidé de miser en lui confiant le rôle, au passage sa première tête d’affiche de cette envergure. Un choix courageux même si Johnny Depp est là pour assurer la rentabilité, qui n’est lui-aussi pas sans rappeler le choix de Taylor Kitsch pour John Carter, avec tristement le même destin…
Tristement car on s’attendait à voir une débâcle affligeante expliquant la catastrophe financière qu’a été la sortie américaine du film et il n’en est rien au final. Divertissement léger et entraînant, Lone Ranger, Naissance d’un Héros est un grand western d’aventures de près de 2h30 globalement agréable, avec tous les ingrédients nécessaires à une joyeuserie pleine de bonne humeur pour faire passer un bon moment de détente estival. Film pop corn largement sympathique, il convoque des gentils, des méchants, un complot, une femme, une affaire de vengeance, un grosse d’action teintée d’une belle dose d’humour et nous balade frénétiquement dans son univers de cow-boys et d’indiens, de Far West et de modernité naissante, en distillant au passage de nombreux clins d’œil malicieux reconnaissables, à l’image des références mignonnes et nostalgiques à Retour vers le Futur III (mais aussi Little Big Man et plusieurs autres westerns célèbres). Lone Ranger est en quelque sorte un mélange de Zorro, de Lucky Luke et de Robin des Bois, le tout mixé dans un spectacle généreux et exaltant, multipliant les folies, les effets pyrotechniques, les cascades, les voltiges, les gags et tout ce qui est nécessaire pour le rendre vivant et nous extirper de notre fauteuil de cinéma en nous embarquer dans sa foisonnante aventure.
Spectacle total magnifié par l’envie de toute son équipe et en premier lieu de ses interprètes qui semblent s’éclater comme des petits fous (Johnny Depp a fait des pieds et des mains pour en être), Lone Ranger est une belle comédie d’action réjouissante d’honnête facture, un peu cartoonesque, totalement excessive, un peu improbable, follement débridée, bref, un pur blockbuster hollywoodien plus qu’honorable malgré ses facilités, malgré son conventionnalisme ou quelques blagues qui tombent à plat. Il a au moins pour lui le mérite d’assumer à 100% son second degré et son grotesque, visant comme seule finalité, celle de nous entraîner dans son sillage pour une chevauchée hystérique et fun. On ne criera pas au chef d’œuvre du genre, au classique de l’entertainement, mais une chose est sûre, le film ne méritait pas d’être boudé ainsi. Il s’acharne avec une telle sincérité à proposer un intense moment récréatif et emballant, que l’on est irrésistiblement tenté de céder à l’appel aventureux pour monter à bord d’un cheval et cavaler le long des voies de chemin de fer naissantes.
Gros spectacle aux ficelles épaisses et pas forcément très original, recyclant du vieux pour faire du neuf, Lone Ranger est honnête dans sa démarche réchauffée mais charmeuse et surfe autant sur la vague Zorro que Jack Sparrow. On sent l’envie de renouer avec la tradition de l’entertainement épique à la Spielberg en convoquant autant John Ford qu’Indiana Jones dans une sorte d’attraction de fête foraine cinématographique démesurée qui finalement, s’attire un bon capital sympathique au-delà de son statut de blockbuster un peu patate sur les bords. Oui, c’est un poil long, parfois maladroit, avec quelques difficultés à se situer, peut-être un peu violent par exemple (le film est PG-13 aux Etats-Unis) ce qui l’empêche de ratisser au plus large, mais dans l’ensemble, on a vu bien pire comme grosse affiche carpe diem qui ne demande qu’à nous faire profiter de l’instant présent sans toutefois se priver d’une petite confrontation (aussi légèrement et facilement traitée soit-elle) de l’Amérique contemporaine face à son histoire rétroactive en rapport avec la question indienne, communauté balayée par vile cupidité et volonté de modernisation à tout prix d’un pays au détriment de ses minorités inconsidérées. Lone Ranger ou tout bêtement s’amuser sans chercher plus loin avec des poncifs qui s’annulent face à l’ambiance dépaysante. Un partout, balle au centre.
Bande-annonce :
J’ai effectivement adoré ce film burlesque.
Étonnant cet échec américain.
Peut-être parce que les indiens y sont les gentils et l’homme blanc, quel qu’il soit, un méchant