Nom : Reading Lolita in Tehran Père : Eran Riklis Date de naissance : 26 mars 2025 Type : sortie en salles Nationalité : Italie, Israël Taille : 1h47 / Poids : NC Genre : Drame, Historique
Synopsis :Azar Nafisi, professeure à l’université de Téhéran, réunit secrètement sept de ses étudiantes pour lire des classiques de la littérature occidentale interdits par le régime. Alors que les fondamentalistes sont au pouvoir, ces femmes se retrouvent, retirent leur voile et discutent de leurs espoirs, de leurs amours et de leur place dans une société de plus en plus oppressive. Pour elles, lire Lolita à Téhéran, c’est célébrer le pouvoir libérateur de la littérature.
LA CONDITION DES FEMMES EN IRAN
NOTRE AVIS SUR LIRE LOLITA A TEHERAN
Artiste engagée, Golshifteh Farahani a souvent témoigné de son engagement pour la cause des femmes iranniennes. En témoigne son passage bouleversant dans l’émission Culturebox où elle avait lu le poème Liberté de Paul Eluard en hommage aux victimes du régime lors de la révolte de 2022. Cette cause, la comédienne l’embrasse à nouveau avec Lire Lolita à Téhéran, l’adaptation d’un roman autobiographique d’Azar Nafisi où l’auteure racontait les sessions de lecture privées qu’elle organisait clandestinement chez elle avec quelques-unes de ses étudiantes à l’époque où elle était professeure d’université. Dans l’intimité de ce petit cercle de lectrices disparues, ce groupe de femmes lisait des classiques interdits par le régime comme le célèbre Lolita de Nabokov et d’autres. Elles retiraient leurs voiles et parlaient aussi de leurs espoirs, de leurs amours, de leur condition de femmes terrifiées par un régime autoritaire et théocratique.
Réalisé par l’israélien Eran Riklis (Le Dossier Mona Lisa, Spider in the Web), Lire Lolita à Téhéran appartient à cette catégorie de films dont l’élan cinématographique est dominé par un sujet plus fort que lui. Sous couvert d’une histoire douloureuse en prise avec une actualité encore brûlante, le film défend la cause des femmes bafouée par un régime intégriste intraitable et brutalement répressif. Il y est question d’intolérance, de privation des libertés et de vies qui n’en sont plus alors que la peur est permanente, que le spectre de la mort rôde dans une société iranienne asphyxiée par le fondamentalisme et l’obscurantisme religieux. Face à lui, Lire Lolita à Téhéran oppose le pouvoir de la littérature contre l’enfermement.
La démarche est intéressante. Dommage qu’Eran Riklis emploie un langage aussi didactique, lequel étouffe la puissance de son hymne en lui retirant toute urgence enragée. Là où un Tatamidécuplait sa force par un regard tiré au cordeau, là où des films comme Les Nuits de Mashhad n’hésitaient pas à se confronter viscéralement à l’impitoyable, là où un Leila et ses frères convoquait la fresque pour mieux radiographier une société meurtrie, Lire Lolita à Téhéran se laisse glisser sur un style trop appliqué, trop ampoulé, trop étiré ausssi, minorant l’impact de l’horreur et du drame faute d’aspérités. Peut-être en partie car Riklis n’est pas iranien mais israélien (sans que sa nationalité influe sur son travail malgré le timing géopolitique actuel plutôt délicat). Reste au moins le fond, le discours politique, qu’il n’est pas inutile de rabâcher pour continuer de braquer les projecteurs du monde sur le calvaire vécu par les femmes iraniennes.