Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Saint Seiya : Legend of Sanctuary
Père : Keichi sato
Date de naissance : 2014
Majorité : 25 février 2015
Type : Sortie Ciné
Nationalité : Japon
Taille : 1h33 / Poids : 100 M$
Genre : Animation, SF
Livret de famille : Avec les voix originales de Nobuhiko Okamoto, Kenji Nojima, Rikiya Koyama, Mitsuaki Madono, Daisuke Namikawa…
Signes particuliers : Le dessin-animé (et manga) culte de toute une génération renaît tel le chevalier du Phénix, à travers un nouveau long-métrage d’animation produit par la Toei, derrière la récente adaptation d’Albator.
NOSTALGIE, CULTE & MODERNITÉ : LE MARIAGE HASARDEUX
LA CRITIQUE
Résumé : Au commencement, il y avait une Déesse chargée de protéger la Terre, Athéna. Gardienne de l’équilibre, elle fut cachée des Forces du Mal.Quand sa vie est menacée, Seiya et les Chevaliers de Bronze endossent leurs armures. Ce sont les Protecteurs d’Athéna, les Chevaliers du Zodiaque. Pour sauver leur Déesse et l’avenir de la Terre, ils vont devoir atteindre le Sanctuaire du Grand Pope et y affronter sa légendaire armée des 12 Chevaliers d’Or. La plus grande bataille des Chevaliers du Zodiaque débute aujourd’hui.L’INTRO :
Génération du Club Dorothée, réveillez-vous, Les Chevaliers du Zodiaque sont de retour… au cinéma ! Le célèbre manga japonais devenu une licence animée culte qui aura bercé de nombreuses enfances, celles des jeunes des années 80 mais pas que, puisque la légende a continué depuis avec Saint Seiya – Chapitre Hadès en 2002 (31 épisodes) ou Saint Seiya Omega en 2013 (97 épisodes), s’apprête à faire un comeback sur grand écran. La Légende du Sanctuaire revient sur le meilleur pan de l’histoire des animés originaux de 1986, la traversée du sanctuaire tenu par ses chevaliers d’or, afin d’aller sauver la déesse Athéna des griffes du Grand Pope. Le film est une production de la Toei Animation, déjà derrière l’adaptation ciné de Albator – Corsaire de l’Espace, un autre souvenir de jeunesse réanimé avec nostalgie en 2013. Nous avions été bien déçu de l’adaptation ciné d’Albator l’an passé. On croisait donc les doigts pour que Saint Seiya connaisse un meilleur sort cette année. D’autant que la saga revient régulièrement comme le dessin animé préféré des geeks des eighties, chose somme toute assez logique considérant son univers incroyablement dense et riche, et bien entendu sa qualité notable qui en ont fait tout le mérite et le succès.
L’AVIS :
Alors, La Légende du Sanctuaire fait-il revivre toute une époque ? Un peu de « oui » et beaucoup de « non », tel est le bilan. Malheureusement. Les trahisons à la culture Otaku, aux mangas cultes et aux animés de notre enfance ont été nombreuses ces temps-ci. S’il n’était franchement pas très bon, Albator n’était pas ce qu’il s’est fait de pire. Rappelez-vous du catastrophique Dragonball Evolution de James Wong. La Légende du Sanctuaire a au moins cette amabilité de ne pas venir enterrer le souvenir que l’on avait des Chevaliers du Zodiaque. Parce que même s’il le fait à sa manière, avec une narration ultra-condensée et expéditive qui résume puisqu’elle ne raconte, au moins ce La Légende du Sanctuaire s’efforce de respecter dans une certaine mesure son matériau originel. Certes, il le malaxe, le pétrit et le digère à sa sauce, mais au moins les bases sont là, l’esprit n’est pas très loin, l’univers est familier et l’on a pas cette désagréable impression d’être face à une traîtrise éhontée à vous faire hérisser le poil. On en conviendra que les fondus de Saint Seiya auront beaucoup de choses à redire. Ils ne seront pas les seuls. Les amateurs de bon cinéma aussi. Mais se traînant une réputation pas des plus glorieuses, La légende du Sanctuaire limite la casse, voire pourrait plaire.
Formellement tout d’abord… On avait tiré à boulets rouges sur l’esthétique numérique ultra-moderne de Albator, dont la démarche visuelle nous avait profondément gêné avec sa laideur et son look de jeu vidéo, certes soigné sur le principe, mais toujours aussi dérangeant au cinéma. La Légende du Sanctuaire s’inscrit dans la même veine mais allez savoir pourquoi, ça passe beaucoup mieux et cette sensation de vilain s’efface au profit d’un formalisme très esthétisé, moderne, et plutôt élégant. Évidemment, on regrettera forcément les bons vieux crayons et le visuel de notre enfance mais malheureusement, qui aurait eu l’audace de pondre en 2015 un film basé sur une esthétique rétro datant de 1986 ? Personne. Triste mais soyons réalistes, résignons-nous, et passons à autre chose. Une chose est sûre, La Légende du Sanctuaire est plutôt beau dans son genre, et fait de gros efforts pour l’être, la réalisation essayant de mettre en valeur la splendeur des armures, de l’univers, des combats, de l’esprit manga.
Dans le fond maintenant. Et c’est sans doute là que les choses vont se gâter… La Légende du Sanctuaire fait clairement dans le fan-service. Et on ne doute pas que son auteur, Keiichi Sato, est un fan de Saint Seiya. Le film est à ce titre très ambivalent dans sa démarche d’existence. D’un côté, obligé pour d’innombrables raisons, Sato fait un rappel de la mythologie avant de se lancer dans le vif de son sujet à savoir la légendaire traversée du sanctuaire où nos chevaliers de bronze vont devoir affronter un à un, les surpuissants chevaliers d’or au nombre de 12. Un rappel que le cinéaste expédie manu militari. On sent bien que ça gonfle profondément le réalisateur de devoir resituer la saga et son histoire. Sans gants, sans tact, l’entame est tout simplement survolée. Les fans pourraient s’en satisfaire car ils connaissent déjà l’univers et n’ont pas nécessairement besoin qu’on le leur rappelle. Les autres auront l’impression d’être dans un grand n’importe quoi incompréhensible. Toujours est-il que ce parti pris a pour effet de ne pas rendre hommage à la mythologie en elle-même, qui dès lors manque d’étoffe et de densité, et qui va être ramener à 1h30 de fight qui dépote.
C’est un peu l’autre problème et paradoxe de La Légende du Sanctuaire. Désireux de donner aux addict ce qu’ils sont venus (ou pas) chercher, Keiichi Sato transforme son adaptation revenant aux mangas originaux (et de fait au dessin animé originel, loin des autres films réalisés depuis), en un amas à la fois ultra-généreux et presque informe d’action incessante. Pas de temps morts, pas d’enrichissement de l’histoire, seulement de la baston, de la baston et encore de la baston. Sur plus d’une heure, cela en deviendrait presque épuisant. Ce nouveau Les Chevaliers du Zodiaque n’est pas un missile tactique mais une bonne grosse bombe qui rase tout sur son passage. Concrètement, Sato semble partir du principe que les fans sont là pour regarder les chevaliers affronter leurs ennemis, il se contente de cela. Et par manque de budget et peut-être envie de signer un film court, le réel contenu du film est aussi expéditif que son introduction. Les combats s’enchaînent sans que l’on ait le temps de souffler, de se poser dans la mythologie et l’histoire. Plus vite, plus fort, plus costaud. Sans arrêt. Et le film de virer régulièrement vers la confusion brouillonne, enroulé autour d’un script aux finitions grossières et porté à l’écran avec une énergie notable mais excessive.
Pour le reste, La Légende du Sanctuaire alternera qualités louables et défauts handicapants. Au rayon des qualités, le film a au moins pour lui d’être efficace, de raviver des souvenirs, de résumer la traversée du dit sanctuaire en mode jeu vidéo, palier par palier, avec un boss final à la clé. L’arc narratif général de ce pan de l’histoire est là et le film fait dans la générosité appétissante, dans le plaisir coupable avant tout, avec une folie évidente qu’elle soit dans la dynamique de son récit ou la mise en scène qui joue avec les ralentis, le montage cut ultra-speedé… Les Chevaliers du Zodiaque en deviendrait presque plaisant. Mais ses défauts le rattrapent très/trop souvent. Quantité d’idées foirées dans l’exécution, des personnages congédiés, beaucoup de remaniements de l’histoire, un humour désagréablement pas drôle rendant certains personnages presque énervants (Seiya en tête), trop de partis pris formels bouillonnant d’envie mais rendant le film visuellement bordélique à souhait, une absence d’écriture sérieuse…
La Légende du Sanctuaire est au final un film le séant posé entre deux chaises. Assez mauvais de premier abord, à plus forte raison si l’on analyse ses composantes séparément et que l’on s’attarde sur son intelligence tellement rabougrie qu’elle en devient inexistante. Mais parallèlement, un film qui s’amuse furieusement. Un film que les amateurs des œuvres modernes de Saint Seiya, que la génération post-mangas et animés originaux pourra apprécier pour son spectacle ludique et massif. Autant que les aficionados de la première heure, ceux des eighties, vont tiquer régulièrement, presque à chaque instant, face à un résultat à la fois lointainement familier et dans le même temps, éloigné de nos souvenirs.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Merci Cactus Man. Disons que le film fait bondir les fans pur et dur des animés et des mangas, et on peut les comprendre sur certains points. Mais il est important d’avoir la lucidité de reconnaître qu’aujourd’hui, personne ne referait exactement les animés d’origine tels quels. Après le film a ses qualités et ses (gros) défauts mais honnêtement, on voit tellement pire chaque année !
Voilà une critique sérieuse qui fait plaisir. Perso ce film je le classe en « plaisir coupable », mais c’est juste pour dire que si tu descends le film, tu le fais avec méthode. C’est autre chose que la critique d’Animeland où on a choisi un fan hystérique qui s’est contenté de râler sur des trucs formels… Et pourtant dieu que ce film est superficiel !