Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : The Lego Batman Movie
Père : Chris McKay
Date de naissance : 2016
Majorité : 08 février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h47 / Poids : NC
Genre : Comédie, Animation
Livret de famille : Avec les voix françaises de Philippe Valmont, Rayane Bensetti, Stéphane Bern, Natoo, Antoine Griezman, Blaise Matuidi…
Signes particuliers : On voulait bien être indulgent avec le déjà fort mauvais premier opus mais là, faut pas pousser…
MOI, BATMAN, MAÎTRE DE GOTHAM
LA CRITIQUE DE LEGO BATMAN, LE FILM
Résumé : Il en rêvait depuis La Grande Aventure Lego : Batman est enfin le héros de son propre film ! Mais la situation a bien changé à Gotham – et s’il veut sauver la ville des griffes du Joker, il lui faudra arrêter de jouer au justicier masqué et découvrir le travail d’équipe ! Peut-être pourra-t-il alors se décoincer un peu…
Deux ans après le succès planétaire de La Grande Aventure Lego, les célèbres jouets en plastique jaunes sont de retour au cinéma avec Lego Batman, le film, nouvelle comédie d’animation complètement délirante où l’homme chauve-souris tient cette fois-ci le premier rôle. Car après tout, son égo surdimensionné avait bien besoin d’un film à lui-seul pour pouvoir s’exprimer pleinement ! Le tandem Christopher Miller & Phil Lord ayant filé vers de nouvelles aventures (en l’occurrence du côté de Star Wars, plus précisément, sur le spin-off consacré à la jeunesse d’Han Solo), c’est Chris McKay qui reprend les rênes de l’univers, après avoir officié comme superviseur des effets visuels sur La Grande Aventure Lego. Pour son premier long-métrage en tant que metteur en scène, McKay se devait de faire fructifier cette nouvelle branche de l’animation made in Warner/DC, qui pourrait bien durer encore quelques années si le succès est toujours au rendez-vous.
De manière générale, La Grande Aventure Lego avait su séduire une grande majorité par sa fraîcheur, son énergie et son humour décapant. Chris McKay tenait là, les bases du travail qu’il devait accomplir pour mener à bien ce spin-off dédié au super-héros de Gotham. Malheureusement, le cinéaste n’aura pas su s’y prendre de la meilleure des manières pour conduire ce nouveau chapitre « légoté », et Lego Batman, le film de venir s’abîmer dans un étrange paradoxe, voyant ses qualités se transformer en défauts horripilants. D’emblée, l’introduction mettait pourtant en confiance, jouant à fond la carte d’un humour complètement décalé, multipliant gags bien sentis et clins d’œil savoureux. Lego Batman, le film faisait rire, titillait notre fibre geek, et arborait un univers dont la richesse aurait dû lui permettre de tenir la distance sans problème. Mais la joie sera de courte durée. Passées des présentations aussi fun que déjantées, le film de Chris McKay commence alors à amorcer son lent déclin, avant de s’effondrer comme un château de cartes dans sa deuxième moitié, plombé par le poids de ses bonnes intentions. On a bien compris que McKay entendait rester fidèle à l’esprit de La Grande Aventure Lego et souhaitait capitaliser sur ce qui avait plu il y a deux ans. Mais parce qu’il a confondu générosité et excessivité, le cinéaste a tiré une balle dans le pied de son film, dès alors contraint de finir son périple à cloche-pied. Dynamique, chantant, délirant, riche, trépidant, tels étaient les adjectifs attribués à La Grande Aventure Lego. Trop rapide, trop bruyant, trop bordélique, trop surchargé, trop hystérique, tels sont ceux caractérisant ce Lego Batman, qui souffre d’un réel problème de rythmique et de dosage, et qui finit par excéder là où il pensait justement remporter la mise.
Lego Batman ressemblerait presque à un bon gros gâteau tellement recouvert de crème et de meringue, qu’il en deviendrait écœurant et étouffe-chrétien. A trop vouloir bien faire, le film de Chris McKay se retrouve à en faire « trop » tout court, franchissant la ligne jaune qui sépare le génialement jubilatoire, de l’excès lassant et insupportable. En somme, le syndrome du « over-the-top ». Par exemple, Lego Batman n’est pas « rondement mené », il est juste exténuant de dynamisme. Il n’est pas « savoureusement délirant », il est juste agaçant à vouloir caser dix vannes à la seconde sans jamais laisser le temps au spectateur de profiter. Pour tout, Lego Batman va souffrir de cette démesure hypertrophique, voyant sa luxuriance devenir outrancière. L’indigence de son script qui s’essouffle bien trop vite et la mise en scène migraineuse de McKay, incapable d’assurer un découpage lisible et de tenir un plan plus d’une seconde, n’aideront pas aider à redresser la barre d’un navire en perdition, navire que l’on voudrait aimer car il parvient à tirer des rires réguliers mais qui fatigue tellement par son hystérie ambiante. Sur ce dernier point, on regrettera d’ailleurs de voir la beauté visuelle de ce Lego Batman à ce point démolie par une réalisation proche de la bouillie, massacrée de surcroît par un montage conduit par un frénétique du « cut ».
Drôle et bourré de gags et/ou références bien sentis (tour à tour visibles ou plus subtiles), Lego Batman ne manque pas d’humour, impossible de lui enlever cette qualité. Malheureusement, le film ne tient pas la distance sur la longueur et fatigue vite avec son extrême agitation visuelle et verbale. McKay ne maîtrise pas l’art du temps fort/temps faible, et à force d’appuyer sur le champignon pendant deux heures, il finit par casser sa pédale pour terminer en roue libre.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux