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Le saviez-vous ? : Le tournage insensé de la scène de la roulette russe dans Voyage au Bout de l’Enfer

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L’immense carrière de Robert de Niro regorge de films cultes entrés au panthéon des grands classiques du cinéma. Taxi Driver, Le Parrain 2, Il était une fois en Amérique, Casino ou Les Affranchis… La liste est longue et il est impossible d’en oublier Voyage au bout de l’enfer, le chef d’œuvre de Michael Cimino tourné en 1977. L’histoire d’une bande d’amis d’une petite ville de Pennsylvanie, qui va être mobilisée et envoyée au Vietnam où la guerre fait rage. Christopher Walken, John Cazale ou John Savage complétaient la distribution de ce drame fleuve de plus de trois heures, particulièrement marquant pour sa violence et sa dureté. Au cœur du film, une scène mémorable parfois décriée, voire taxée de « raciste » par certains car jugée irréaliste. On parle bien évidemment de la fameuse scène de la roulette russe où les vietcongs obligent nos héros faits prisonniers, à se livrer à cette terrible séance de torture psychologique mortelle. Une scène dont le tournage aura traumatisé pas mal de comédiens.

Il y aurait énormément d’anecdotes à raconter rien que sur cette scène culte aussi éprouvante à l’écran qu’elle le fut au tournage. La tension était particulièrement palpable sur le plateau, résultat de plusieurs semaines de tournage difficiles. John Cazale était malade (il mourra d’un cancer peu de temps avant la sortie) et quand le studio l’apprit, il fut immédiatement question de le remplacer. Mais sa compagne à la ville, Meryl Streep, également dans la distribution, menaça de quitter le film. C’est De Niro qui paya de sa poche les frais d’assurance afin de calmer les exécutifs de Los Angeles. Mais au-delà de ce premier accroc, les conditions de tournage étaient de manière générale, très difficiles. Exemple, la scène où John Savage immergé dans l’eau, hurle qu’il y a des rats. La réplique n’était pas prévue et en réalité, Savage ne récitait pas une ligne de dialogue mais s’adressait à Cimino lui-même, car il venait de remarquer qu’il y avait vraiment des rats autour de lui. Le cinéaste profita de la spontanéité du passage et garda la scène au montage.
Mais revenons-en à la scène de la roulette russe. Les coups que reçoivent les comédiens n’étaient pas tous feints. Afin de renforcer le réalisme de la séquence, les acteurs jouant les vietcongs donnaient de réelles baffes à Robert De Niro et ses acolytes. Dans son délire fiévreux, Michael Cimino avait même convaincu Christopher Walken de cracher à la figure de Robert de Niro par surprise afin de… renforcer encore le réalisme de la scène. Walken l’a fait et Robert de Niro, surpris mais surtout furieux, menaça de quitter le plateau. Mais le pire restera le coup du revolver. Aujourd’hui, avec la mainmise encore plus accrue des assurances sur les tournages, l’idée est impensable. Et avec le recul, De Niro lui-même expliquera que c’était déjà à l’époque, du grand n’importe quoi.

On passe (plus tard dans le film) à la scène où De Niro s’en prend à John Cazale après une mauvaise blague de sa part avec un pistolet, qui va lui rappeler son traumatisme de la « roulette russe ». Dans un élan de colère quasi-psychotique, De Niro attrape un pistolet, le plaque sur la tête de Cazale et tire. Afin de renforcer encore et toujours plus le réalisme de la scène (dès fois que c’était déjà pas assez), Robert de Niro suggéra une idée à Michael Cimino. Et si on mettait une vraie balle dans le pistolet ? Bah tiens, et pourquoi pas, soyons tarés. En temps normal, n’importe qui d’un tant soit peu sensé aura bien entendu refuser de courir un tel risque. Mais comme rien n’était visiblement sensé sur ce tournage dément. Allez savoir pourquoi John Cazale a accepté mais… ils l’ont fait ! Entre chaque prise, l’équipe vérifiait bien que la balle n’était pas dans la chambre du pistolet. Faut dire que la mort d’un acteur en plein tournage aurait un peu fait tâche quand même. Surtout si le studio et les assurances n’étaient pas au courant de l’affaire. Certes, le résultat est hallucinant et la tension intenable mais bon… Fallait-il en arriver à de tels extrêmes avec des comédiens suffisamment bons pour jouer la peur autrement qu’en se faisant réellement… peur ? Ce qui est sûr, c’est que tout cela a participé à la légende du film, lauréat de 5 Oscars et aujourd’hui classé à la 53eme place de la liste du Top 100 de l’American Film Institute.

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