Ce n’est pas forcément un chef-d’oeuvre entré au panthéon des oeuvres cultes du cinéma mais pour pas mal de cinéphiles (notamment ceux ayant grandi dans les années 80/90), Tombstone est un bon western resté dans les mémoires. Réalisé par George Pan Cosmatos, Tombstone revisite l’histoire du célèbre marshal Wyatt Earp et la fusillade de O.K. Corral dans les années 1880. Le film était porté par un casting trois étoiles, Kurt Russell en tête, suivi de Val Kilmer, Michael Biehn, Bill Paxton ou encore Powers Boothe dont le rôle pris de l’importance quand Robert Mitchum, initialement prévu, fut victime d’une chute de cheval l’obligeant à abandonner (ses répliques et scènes furent rebasculées sur le personnage incarné par Boothe). Si le film est palpitant, les coulisses de sa production le furent tout autant.
Dès le départ, Tombstone partait mal. A l’origine, le film devait être porté par Kevin Costner qui avait travaillé sur le script aux côtés du scénariste Kevin Jarre. Mais rapidement, de gros désaccords sur le contenu et l’histoire allaient les opposer. Le film capota et Costner parti faire son propre Wyatt Earp de son côté avec Lawrence Kasdan. L’ennui, c’est que Tombstone n’est pas mort à ce moment-là. Kevin Jarre trouva le soutien d’un Kurt Russell très intéressé par le projet, au point de s’y impliquer et de dénicher des financements (à hauteur de 25 millions $). Sauf que le Kevin Costner, ça l’emmerdait passablement qu’un concurrent soit en production parallèlement à lui. Le comédien fît alors jouer ses relations pour empêcher la distribution de cet embarrassant rival. Mais comme les studios hollywoodiens sont prêts à tout pour se concurrencer, Tombstone tomba dans l’escarcelle de Buena Vista (filiale de Disney) qui tenait là de quoi contrer le film en développement du côté de la Warner. Bref, passée cette guéguerre, les deux westerns ont commencé leur production. Si celle de Wyatt Earp s’est passée plus ou moins bien, celle de Tombstone fut une douleur.
Aux commandes, Kevin Jarre lui-même. Le scénariste devait endosser les deux casquettes. Mais ça c’était avant. Avant qu’il ne prenne la porte suite à de nouveaux désaccords sur le script, cette fois avec Kurt Russell. Jarre avait accouché d’un scénario très long, très détaillé au niveau des seconds rôles qui étaient nombreux de surcroît. Si Kurt Russell était prêt à quelques concessions (notamment réduire certaines de ses scènes pour en laisser aux autres), Kevin Jarre refusa catégoriquement de retoucher son travail. D’où son renvoi du poste de réalisateur. Le film se retrouvait alors sans metteur en scène et pas seulement puisque de nombreuses personnes furent également remerciées dans la charrette. Un peu pris de panique face au désastre qui se profilait et sur les conseils d’un certain Sylvester Stallone, Disney contacta ce bon vieux faiseur de George Pan Cosmatos (Cobra, Rambo 2, Leviathan) qui arriva à la rescousse. Un nouveau réalisateur dans la cabine de pilotage, le tournage pouvait reprendre. La question que l’on se pose encore, c’est pourquoi avoir enrôlé Cosmatos au fond ? Car après sa mort, Kurt Russell est revenu sur cette histoire ubuesque. L’acteur a expliqué que le cinéaste était arrivé essentiellement pour rassurer les huiles de chez Mickey, mais que le véritable maître à bord fut… lui-même. Une autre version disait que Russell avait assuré l’intérim après le débarquement de Jarre et en attenant que Cosmatos n’arrive pour le remplacer. Mais visiblement, ce n’est pas vraiment ce qu’il s’est passé. Au lendemain du départ de Kevin Jarre, Kurt Russell s’est accaparé le « bébé ». Il a retouché une nouvelle fois le scénario avec de nouveaux scénaristes, a réécrit de nombreuses scènes et même après l’arrivée de Cosmatos, ils. continué à assurer le poste de metteur en scène. Kurt Russell expliqua que chaque soir, c’est lui qui donnait les consignes pour la journée du lendemain, c’est lui qui décidait des plans et qui disait au metteur en scène « attitré » quoi et comment faire. Concrètement, de son aveu, c’est Kurt Russell qui a « réalisé » Tombstone quasiment d’un bout à l’autre. Un peu comme Mitchum avait officieusement « réalisé » La Nuit du Chasseur, mais pour d’autres raisons.
J’apprecie Kurt Rusell mais sur ce coup c’est un mytho, il a jamais touché une camera de sa vie.