1997. Matt Damon et Ben Affleck étaient tout neuf à Hollywood. Mais malgré leur jeunesse, ils avaient de l’or entre les mains. Cet or s’appelait Good Will Hunting, un premier scénario qu’ils venaient d’écrire ensemble. A l’époque, tout le monde se l’arrachait et voulait produire le film, appelé à être un grand succès. Mais les deux jeunes amis étaient fermement décidés à ne pas faire n’importe quoi avec leur bébé. Ils savaient déjà ce qu’ils voulaient, et surtout ce qu’ils ne voulaient pas. Ce qu’ils ne voulaient pas, c’était d’un producteur businessman uniquement intéressé par le box office et se contrefichant de l’art et du cinéma. Ce qu’ils voulaient, c’était quelqu’un qui serait de leur côté, qui accompagnerait leur projet avec passion et réelle envie de prendre soin de leur film. Afin de choisir la bonne personne, Affleck et Damon ont alors eu une idée diabolique. Osée mais tellement drôle et maligne !
Lorsqu’ils ont envoyé leur script à différents studios, le binôme a volontairement ajouté un piège vers la 60ème page, avec une énorme scène digne d’un porno gay où les deux professeurs du film (ultérieurement incarnés par Robin Williams et Stellan Skarsgård) se faisaient mutuellement une fellation ! La scène sortait de nulle part et n’avait strictement aucun rapport avec l’histoire. Le but ? Tout simplement de voir quels étaient les producteurs qui lisaient vraiment les scénarios qu’ils recevaient. Car s’il y a bien une chose connue à Hollywood, c’est que beaucoup de producteurs reçoivent des scripts et disent banco sans vraiment les lire. Au royaume de l’hypocrisie, Ben Affleck et Matt Damon avaient décidé de jouer la ruse pour démasquer les bonimenteurs. Et alors qu’ils recevaient plein de louanges et d’offres, un seul studio a manifesté son étonnement : Miramax. Et plus précisément, l’ancien nabab Harvey Weinstein. Le désormais épouvantail répugnant d’Hollywood avait au moins le mérite de bien faire son job côté cinéma. Après avoir lu d’une traite le scénario, il fît son retour au jeune tandem en leur expliquant que leur script était formidable… à l’exception de cette scène à la page 60, qu’il ne comprenait absolument pas et qui n’avait d’ailleurs strictement rien à foutre là au milieu. C’est ainsi que Miramax rafla la mise sur Will Hunting. Tout simplement parce que Weinstein fut l’un des seuls à avoir vraiment lu le scénario !
Par Nicolas Rieux