[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : L’apparition
Père : Xavier Giannoli
Date de naissance : 2017
Majorité : 14 février 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h17 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Vincent Lindon, Galatea Bellugi, Patrick d’Assumçao, Claude Leveque…
Signes particuliers : De belles interprétations dans un film très démonstratif.
VINCENT LINDON QUESTIONNE LA FOI
LA CRITIQUE DE L’APPARITION
Résumé : Jacques, grand reporter pour un quotidien français reçoit un jour un mystérieux coup de téléphone du Vatican. Dans une petite ville du sud-est de la France une jeune fille de 18 ans a affirmé avoir eu une apparition de la Vierge Marie. La rumeur s’est vite répandue et le phénomène a pris une telle ampleur que des milliers de pèlerins viennent désormais se recueillir sur le lieu des apparitions présumées. Jacques qui n’a rien à voir avec ce monde-là accepte de faire partie d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ces événements.
Après le succès de Marguerite, film aux quatre César il y a deux ans, Xavier Giannoli est de retour avec L’Apparition, un drame théologique qui envoie Vincent Lindon enquêter sur les dires d’une jeune fille de 18 ans clamant avoir vu la Vierge Marie à plusieurs reprises dans un petit village du sud de la France. Un peu comme à Lourdes en 1858 avec Bernadette Soubirous, l’affaire prend une ampleur telle, qu’elle finit par effrayer l’église. Le Vatican mandate alors une commission d’enquête pour démêler le vrai du faux. Au sein d’elle, un journaliste qui a besoin de faits. Mais peut-on concilier foi et preuves ?
Sur le papier, le choix de cette histoire pourrait paraître étrange de la part d’un Xavier Giannoli qui n’a jamais affirmé sa chrétienté dans son cinéma. Pourtant, en repassant sur sa filmographie récente, on se rend vite compte qu’il est, au contraire, d’une totale cohérence, poussant encore loin les thématiques qui jalonnent son cinéma depuis quelques années. Si le récit en semble très éloigné, L’apparition est en réalité très proche de A l’origine et Marguerite, au point que les trois œuvres pourraient presque former sur une sorte de trilogie sur la croyance. Dans le premier, il était question d’une autoroute inexistante à laquelle tout le monde voulait croire. Dans le second, il était question d’un talent inexistant pour lequel tout le monde s’enflammait. Avec L’apparition, Giannoli parle une fois de plus d’imposture et remonte à la source de tout cela, questionnant directement son rapport à la foi. Peut-être la limite du film justement, trop personnel pour parler à tous ?
On sent que Giannoli a du cinéma en lui. L’apparition fourmille de plans dont la beauté rivalise avec la puissance évocatrice de ce qu’ils tentent d’orchestrer, on sent la volonté de déployer un questionnement thématique récurrent de film en film, on sent la profondeur d’une œuvre réfléchissant sur l’essence même de la foi. On sent aussi l’envie d’offrir un film pénétrant, intime et universel. Mais malgré ses bonnes intentions, le cinéaste ne sait pas vraiment comment s’y prendre (ou s’y prend mal) pour donner corps à toutes les idées qui sont à la base de son film. Dans son dispositif narratif, L’apparition est indigeste. Dans son formalisme, il est lourd. Et dans son fond, il est un peu vain, forcé de s’articuler autour de ressorts maladroits et de coutures très visibles pour organiser son propos théorique. Le résultat peine à emporter malgré sa très grande subtilité, et en dehors d’un Vincent Lindon comme toujours très convaincant et d’une épatante Galatea Bellugi, L’apparition sonne comme un effort à la fois semi-réussi et semi-manqué, certes magnifique et intrigant, mais dans le même temps ennuyeux et contrarié par son absence de point de vue affirmé, reflet d’une volonté de garder un mystère qui colle bien à l’idéal de la foi immatérielle et improuvable, mais qui a le défaut de mener le film nulle part. Car au fond, L’apparition pâtît de ce sur quoi il tente de réfléchir, cette impossibilité de matérialiser la foi et de prouver son discernement. Dans les méandres de son enquête, le film se retrouve vite confronté narrativement à cette impasse. On pourra y voir une logique imparable qui renforce la pertinence de l’œuvre où une élaboration très démonstrative qui se met d’elle-même en échec.
BANDE ANNONCE :
Par David Huxley
Ce n’est pas un bon film. Ce n’est pas une manière intelligente de parler du doute et de la foi. C’est inaudible, ce qui n’arrange rien. Synopsis bien trop compliqué , ce qui décourage le spectateur de tout effort d’entendement. L’ensemble, bien trop confus, se révèle prétentieux. L’esthétisme semble maquiller la confusion. Ce n’est pas une bonne matière pour celui qui voudrait progresser dans la question de la foi et de son mystère.
Magnifique film sur les mystères de la foi!,
Merci de toutes vos explications, je n’avais rien compris, entre autre parce que le son est très mauvais. Je suis allé au bout du film malgré tout, mais je me suis finalement ennuyé, ce que je retiens c’est que loin de la simplicité prônée par le Christ, l’Eglise est le temple du diable, terriblement hiérarchisée, et que de l’apparition, le prêtre allemand a voulu faire un spectacle. L’attitude des foules en « adoration » est tout simplement d’une naïveté confondante, loin de la vraie foi, qui transporte vers la vie avec courage, c’est même attristant de voir tous ces gens en quête de consolation. Quant au mystère divin, bien sûr, qu’il y ait quelque chose plutôt que rien est le mystère des mystères.
Très, très mauvaise bande son. Les 3/4 des répliques de Vincent Lindon sont inaudibles
Bien d ‘accord avec l’ inaudibilité de la bande son ! Quel dommage !!!
C’est vrai je l’ai réécouté une deuxième fois en augmentant le son.
Impossible de comprendre ce qu’il dit.
En plus les variations de sonorités sont insupportables, la musique et souvent trop forte.
C’est vrai, le son est très mauvais, si bien que je n’ai rien compris à ce qui se passe.
Hello ! Oui il y a plein de zones d’ombre dans le film, des choses que je n’ai pas comprises, mais je me dis que c’est pas grave, que c’est comme l’existence de Dieu… Cependant, il me semble avoir compris que la femme sur la photo est la mère de Meriem, tuée par le gars en prison et à qui elle veut pardonner ?
Le père de son enfant serait lui le prêtre allemand (« qui s’est perdu ») qui bossait avec elle ?
A méditer !
Rien compris a ce propos merci pour vos pistes
Très beau film, profond, intelligent, magnifiques acteurs
du vrai cinéma, mais bien complexe, de nombreuses questions se posent
après l’avoir vu…la foi est un mystère, le mystère de Dieu et pour moi ce film
est un message celui de la foi chrétienne…….
Très beau film, profond, intelligent, magnifiques acteurs
du vrai cinéma, mais bien complexe, de nombreuses questions se posent
après l’avoir vu…la foi est un mystère, le mystère de Dieu et pour moi ce film
est un message celui de la foi chrétienne…….
Pour ma part, j’ai du mal à comprendre : pourquoi Anna se laisse mourir ?
J’ai 2 idées : soit elle est désespérée par l’imposture dans laquelle elle s’est enfoncée, à ce moment là c’est juste un suicide par dénutrition et hypothermie… Mais ça me paraît bien grossier pour un film aussi intelligent. L’attitude mystique de Anna, sa manière de lever les bras dans la forêt et sa phrase « Le martyr est une récompense, j’espère que j’en suis digne » me laisse penser qu’elle est rentrée dans une sorte de communion mystique, et que comme dans certains cas de médiums, elle est affligée par une souffrance physique et psychologique, et qu’elle offre son martyr pour se racheter de son imposture. Un peu comme si sa mort était une façon d’aller au bout de son engagement / son sacrifice pour Meriem et pour la Vierge Marie.
Néanmoins cette mort me laisse perplexe…
Qu’en pensez-vous ?
Très beau et émouvant long métrage sur le mode thriller-investigation : Xavier Giannoli nous emporte dans cette enquête commanditée par le Vatican quant aux apparitions présumées de la Vierge par la jeune Anna, novice dans un couvent.
C’est le journaliste Mayanno, interprété avec une grande justesse par Vincent Lindon, qui se trouve propulsé dans le milieu mystique qu’il découvre en immersion. Alors le contraste est saisissant entre la rigueur acharnée de Mayanno et le lâcher-prise d’Anna, interprétation habitée de Galatéa Bellugi, dont la foi hyperbolique la conduira, par des jeunes prolongés, sur une pente suicidaire.
La mise en scène épurée et lumineuse distille ses indices par touches progressives et nous enveloppe dans son halo de mystère, Mayanno lui-même s’y perd et abandonne ses repères comme s’il s’ouvrait au surnaturel.
Au final un Très Grand Film, servi par des comédiens tous excellents, et transcendé par une mise en scène quasi shakespaerienne : ainsi Xavier Giannoli côtoie les sommets du 7ème Art !
Très beau film malgré ses complexités. En effet c’est Myriem qui a « vu » la Vierge et c’est Anna qui s’empare du fardeau. Sa foi est de plus en plus intense, car elle pense avoir une mission « d’amour et de pardon », mais c’est trop lourd pour ses frêles épaules…C’est pourquoi elle en meurt volontairement! Elle se sacrifie par foi chrétienne.
Merci pour ces explications …et l’icône de la vierge Marie quelle est son importance ?
Quelqu’un pourrait-il m’expliquer l’importance du cri de Meriem (est-ce elle qui a vu l’apparition ?) et l’importance de l’icône de la Vierge…
L’icône de la Vierge Marie représente beaucoup, beaucoup de choses et sa signification évolue au fil du film. Voici une liste de ce que (je crois) qu’elle représente dans l’ordre chronologique :
1) un objet de culte brisé / la profanation / la violence de la guerre, qui s’oppose à la recherche de l’amour et de la paix associée à la dévotion à Marie.
Mais aussi le traumatisme de Jacques lié à la perte de son ami (c’est un souvenir de guerre) / l’état psychologique initial de Jacques ; c’est un visage brisé en deux et aux yeux évidés, ça représente donc à la fois le fait que Jacques se sente « brisé » et le fait que la guerre l’a « aveuglé », a abîmé sa capacité à s’émerveiller de ce qu’il voit (les yeux brûlés de l’icône, les cartons sur les fenêtres, son attitude dépressive). On sait aussi qu’il a reçu une éducation religieuse mais qu’il n’a pas persisté dans cette croyance : l’icône représente aussi l’abjuration de la foi, le fait de ne plus croire, et par ses yeux brûlés le questionnement qui traverse tout le film : faut-il voir pour croire ?
2) lorsque Jacques la retrouve : la découverte de l’objet lui fait comme un électrochoc, comme si une force (Dieu ?) avait voulu qu’il la trouve. C’est comme si son enquête n’était pas le fruit du hasard, et qu’une force lui donnait un avertissement « tu crois pouvoir tout expliquer avec tes preuves, mais comment tu explique ça ? » Le fait qu’il s’agisse de la Vierge sur l’icône et dans les apparitions renforce cette idée : ça représente la Providence. Ce peux être une coïncidence, mais c’est tellement gros que le doute est permis.
Par ailleurs, à ce moment l’icône est réparée : elle n’est plus cassée en deux (mais les yeux sont toujours percés). Ca représente le fait que Jacques commence à se « réunifier », que son traumatisme de la guerre commence à se résorber.
3) à la fin : Jacques rapporte l’icône, c’est une manière de boucler le cycle de ce personnage, qui retourne à son point de départ (en Syrie) mais avec un état d’esprit différent. Il va remettre l’icône à sa place comme une marque de respect pour la foi dans la Vierge Marie qu’il a pu observer chez Anna et les pèlerins, et ce au péril de sa vie puisqu’on nous dit que le monastère est sur une zone de guerre. C’est une façon de respecter le caractère sacré de l’objet, d’honorer Anna et aussi son ami décédé (il retourne se recueillir sur une zone de guerre).
Enfin le dernier geste est très symbolique : le monastère est en Jordanie, qui est une zone géographique importante dans la Bible. On peut dire que Jacques « se rapproche de Dieu », qu’il revient aux origines du sacré. Il dépose l’icône dans un linge, puis met une pierre dessus : ça représente évidemment la mise au tombeau du Christ dans son linceul et avec la pierre roulée devant l’entrée (venant d’un monsieur comme Giannoli c’est bien sûr impossible que ce soit un hasard).
L’icône représente l’état de la foi de Jacques : il ne peux pas prouver que Dieu existe, mais rend hommage au mystère chrétien. Ce geste dit au spectateur qu’on peux prouver que Jésus Christ est mort et a été enterré dans un linceul, mais on ne peux pas prouver qu’il est ressuscité ensuite ; il faut choisir de le croire, car la foi est un choix.
J’espère vous avoir donné matière à réflexion sur cet objet.
Merci beaucoup pour cette analyse très bien construite car je n’avais pas compris la fin du film
Merci pour cette analyse très fine et sensible qui m’a aidé a mieux comprendre ce film et toute sa force.
Bonjour, merci pour ces explications. Je ,’ai pas compris qui était la jeune femme morte que l’on voit en photo. Et pourquoi Meriem n’a pas voulu dire qu’elle avait eu une apparition
Hello ! Oui il y a plein de zones d’ombre dans le film, des choses que je n’ai pas comprises, mais je me dis que c’est pas grave, que c’est comme l’existence de Dieu… Cependant, il me semble avoir compris que la femme sur la photo est la mère de Meriem, tuée par le gars en prison et à qui elle veut pardonner ?
Le père de son enfant serait lui le prêtre allemand (« qui s’est perdu ») qui bossait avec elle ?
A méditer !
Merci beaucoup pour la clarté de vos explications qui font disparaître les zones d’ombres qui me genaient.