Mondo-mètre :
Carte d’identité :
Nom : You Don’t Know Jack
Père : Barry Levinson
Livret de famille : Al Pacino (Jack Kevorkian), John Goodman (Nicol), Susan Sarandon (Janet), Danny Huston (Jeffrey), Todd Susman (Stan Levy)…
Date de naissance : 2010
Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 2h14 – 18 millions $
Signes particuliers (+) : Un sujet passionnant, matière à longs débats enflammés, un acteur formidable, un téléfilm intelligent et émouvant. La télé façon HBO et le talent façon Levinson, qui n’en fait jamais trop.
Signes particuliers (-) : Bon téléfilm, You Don’t Know Jack ne dépasse pas ses ambitions pour se muer en oeuvre poignante et féroce, restant trop sagement à sa place.
ÉCHEC ET JACK
Résumé : Le récit de la vie du docteur Jack Kevorkian, pionnier de la lutte pour l’euthanasie et qui a engagé un véritable bras de fer contre la société en « assistant » à la mort de plus de 130 personnes…
Toujours à la pointe en matière de série télé, la chaîne référence HBO (Rome, Game of Thrones, True Blood, Les Sopranos…) fait preuve également d’un sacré savoir-faire dans le domaine du téléfilm unique, toujours prête à aborder des sujets sensibles et délicats ou à enfoncer les portes du tabou audiovisuel. En s’associant de nouveau avec le producteur Tom Fontana qui a participé à donner ses lettres de noblesse à la chaîne avec la novatrice série Oz, on ne peut qu’avoir un œil très intéressé sur le projet développé…
D’autant qu’en spécialiste du brûlot de société ou du film titillant les frontières de l’éthique et de la morale, c’est au cinéaste Barry Levinson que le réseau câblé fait appel pour développer un projet de téléfilm se penchant sur l’histoire vraie du Docteur Jack Kevorkian, médecin tristement réputé pour s’être lancé dans les années 90, dans une campagne pour l’euthanasie, engageant ainsi un bras de fer qui fera grand bruit avec les autorités, assistant et aidant à des suicides assistés par dizaines. Kevorkian, en avance sur son temps et considérant avec trop de respect la dignité humaine, pour la voir mis à mal par des souffrances atroces de personnes condamnées à une mort inéluctable, s’est ainsi attiré les foudres des associations ou organisations ultra-conservatrices et bien entendu de la justice américaine face à laquelle il jouait un jeu dangereux, ne pratiquant pas d’euthanasie directe mais se contentant d’assister lors de « suicides » contrôlés.
Toujours avec une grande sobriété et bien rodé à ce type d’exercice, Levinson parvient une nouvelle fois à soulever un débat qui fait rage depuis longtemps dans bien des pays et à transformer son film en sujet de réflexion passionnant. Sans jamais chercher la dramatisation, l’attendrissement, sans chercher l’émotionnel faussement préfabriqué, Le cinéaste, ici téléaste, préfère partir dans la direction opposée. Pas question de faire pleurer dans les chaumières avec un sujet lourd. Son but ici est de faire réfléchir, de poser les bases d’un débat en donnant la parole à un homme dont la voix fut étouffée. Parfaitement maîtrisé dans sa construction et sa progression dramatique, You Don’t Know Jack nous propose l’histoire d’un parcours présenté avec une grande subtilité. Que l’on soit de l’avis ou non de Kevorkian, partisan ou pas de son combat de société, Levinson parvient avec subtilité, à placer une très légère distance d’avec son personnage permettant au spectateur de pouvoir se faire un avis nuancé sur lui, de pouvoir garder son recul nécessaire à la réflexion, plutôt que de nous imposer un angle de vision dogmatique qui aurait rendu le film « propagandistement » simpliste.
On ne pourra échapper évidemment à la mention spéciale au grand Al Pacino, auteur d’une prestation remarquable d’ailleurs primé dans pas mal de festivals dont les Golden Globes. Un grand numéro d’acteur qui montre que l’illustre comédien a encore quelques tours dans sa manche. Pacino is not dead et contrairement à un De Niro en perdition, il peut encore surprendre. Un joli numéro facilité ou du moins aidé par un entourage brillant puisque l’on retrouve au générique des grands tels que Susan Sarandon ou encore John Goodman. Sans être un grande œuvre poignante et troublante jetant un pavé retentissant dans la marre, You Don’t Know Jack est tout de même fort intéressant et se savoure comme un must de la production télé, dirigé par du sacré beau monde.
Bande-annonce :