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HAPPY END de Michael Haneke : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Happy End
Père : Michael Haneke
Date de naissance : 2017
Majorité : 04 octobre 2017
Type : sortie en salles
Nationalité : France, Autriche
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Isabelle Huppert, Toby Jones, Mathieu Kassovitz, Jean-Louis Trintignant, Franz Rogowski, Fantine Harduin…

Signes particuliers : Une démonstration qui ne prend pas.

LE CYNISME DISCRET DE LA BOURGEOISIE

LA CRITIQUE DE HAPPY END

Résumé : « Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles. » Instantané d’une famille bourgeoise européenne. 

Un festival de Cannes sans Michael Haneke, est-ce vraiment un festival de Cannes ? Le cinéaste concourait en compétition officielle avec l’espoir de décrocher une troisième Palme d’Or dans sa carrière, exploit qui aurait pu être unique et sans précédent, s’il l’avait emporté. Mais l’affaire s’est vite corsée avec ce nouvel effort réunissant un casting prestigieux, Jean-Louis Trintignant, Matthieu Kassovitz et sa muse Isabelle Huppert.

Happy End, ou un jeu de massacre d’une cellule bourgeoise française orchestré par Haneke. L’idée était séduisante, surtout compte tenu de la noirceur et de l’ironie psychologique dont est capable le réalisateur de Funny Games. Mais ce douzième long-métrage du taciturne autrichien trouve vite ses limites tant on lui reprochera de fonctionner en vase clos, laissant de trop le spectateur à distance d’un objet froid et excessivement théorique. Convoquant tout sens de la dérision acerbe et du cynisme analytique pour décrypter les sombres travers de l’être humain inlassablement amoral, Michael Haneke signe un film renvoyant souvent à ses précédents travaux via de nombreux clins d’œil référentiels, pour tenter d’élaborer une œuvre faisant la somme de ses thématiques de toujours. Ainsi, Happy End parle d’isolement émotionnel, d’incommunicabilité, de la prédominance des tabous dans nos vies et de os tendances à la « sociopathie » refoulée. A côté de cela, il parle d’égoïsme, d’enfouissement psychologique, de la crise des migrants, du libéralisme, de la fracture sociale, de la mort annoncée de notre modèle sociétal actuel au bord du chaos. En somme, Happy End parle de beaucoup de choses et c’est probablement ce qui en fait une œuvre pas évidente d’accès, voire impossible à cerner du premier coup tant ce qu’il écume vient se glisser dans toutes les pores d’un film-puzzle qui agence ses pièces lentement mais sûrement, y compris en les glissant dans des petits creux bien cachés. Mais le coup d’éclat supposé lasse vite. Car derrière ces nombreuses idées injectées, Michael Haneke semble n’avoir en réalité, que peu de choses à dire de nouveau avec ce drame faussement amer et aiguisé, certes servi par de grands comédiens, mais assez fade et dispensable. En réalité, Haneke semble surtout recycler plein de choses qu’il a déjà abordé, en mieux et avec plus de force cruelle, et son Happy End passerait presque pour une auto-caricature de son cinéma qui peine à avancer vers de nouveaux horizons. Et alors que l’on ne s’attache à personne, quoi de plus normal puisqu’aucun personnage n’est censé être attachant, Happy End se traverse sur la barque d’un ennui poli, et s’oublie finalement assez vite, comme un Haneke pas déplaisant, mais mineur, voire anecdotique.

En choisissant cette famille bourgeoise aux nombreuses frustrations cachés, Haneke ne parvient pas à se réinventer, pire, il livre un film qui semble avoir déjà été livré mille fois. Par lui-même, comme par d’autres, Buñuel ou Chabrol en tête. Sauf que pour couronner le tout, la démonstration est un peu lourde, subtile par intermittence, et elle manque de caractère, à l’exception d’un final qui est, à n’en pas douter, le meilleur visage du film tant il embrasse enfin, l’âme de la comédie noire jubilatoire, âme dont on aurait bien aimé ressentir la délicieuse présence, bien avant.

EXTRAIT :

Par Nicolas Rieux

 

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