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END OF WATCH (critique)

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Carte d’identité :
Nom : End of Watch
Père : David Ayer
Livret de famille : Jake Gyllenhaal (Taylor), Michael Peña (Zavala), Natalie Martinez (Gabby), Anna Kendrick (Janet), David Harbour (Van Hauser), America Ferrera (Orozco), Frank Grillo (Sergent), Cody Horn (Davis)
Date de naissance : 2012 / Nationalité : Etats-Unis
Taille/Poids : 1h49 – 7 millions $

Signes particuliers (+) : La relation tendre et drôle entre les deux protagonistes principaux. L’humour des scènes de vie.

Signes particuliers (-) : La réalisation caméra à l’épaule insupportable. L’absence de propos. Un film vain qui roule sur les plates-bandes d’autres succès.

 

DEUX FLICS AMI-AMI

Résumé : Brian Taylor et Mike Zavala sont deux officiers de police patrouillant dans les quartiers chauds de L.A. Plus que des partenaires de travail, ils sont comme deux frères aux destins liés. Le récit de leur quotidien fait d’action et de danger, de basses tâches utiles et de moments d’héroïsme, entrecoupés par de répits salutaires où leur amitié jaillit…

David Ayer frappe encore et toujours dans le même registre. Cet enfant des quartiers chauds de Los Angeles s’est fait une mission de retranscrire le quotidien de ces endroits mal famés, autre facette d’un L.A qui ne se résume pas seulement qu’à Hollywood et Beverly Hills. Et pour se faire, il prend toujours comme angle d’attaque le quotidien des policiers et des délinquants, les fameux soldats du LAPD face aux vrais durs à cuire, chers aux fictions télé comme ciné qui aiment à les caricaturer, le tout dans un enrobage mariant le film d’action et le drame auquel il essaie, non sans prétention, d’y ajouter son « plus » qui généralement ne convainc d’ailleurs pas. Après avoir sévi à l’écriture (et parfois même à la production) sur le très surcoté Training Day d’Antoine Fuqua ou sur des bouses comme S.W.A.T, Fast and Furious ou Dark Blue, il est alors passé à la mise en scène, enchaînant les mineurs et peu mémorables Harsh Times (avec Christian Bale et Eva Longoria) ou Street Kings (Keanu Reeves, Forest Whitaker et Hugh Dr House Laurie en flics) sur lesquels il cumule tous les postes avant de signer aujourd’hui son troisième long-métrage, End of Watch. Autant de films tous cousus du même fil, sur les mêmes sujets et à l’esthétique souvent identique.

Avec sa bande-annonce efficace et ses intentions de montrer le quotidien des forces du LAPD sous un angle neuf, jamais vu d’aussi près, End of Watch (un titre qui sonne bon l’actionner crépusculaire puisqu’il fait référence à la fois à la fin du service journalier des officiers de police mais aussi à l’expression quand l’un d’entre eux décède dans le cadre de ses fonctions) avait de quoi séduire. Construit autour d’un solide duo, d’un côté le toujours excellent Jake Gyllenhaal et de l’autre, le trop insuffisamment employé Michael Peña (éternel second rôle jouant toujours les mexicanos et vu dans une quantité de films monstrueuse comme Crash, World Trade Center, Shooter, Battle Los Angeles…), très bon comédien mais qui n’a jamais droit aux premiers rôles, End of Watch s’annonçait comme une toute petite série B (seulement 7 millions de budget) nerveuse et tendue s’attachant autant à la peinture d’un contexte qu’à des personnages forts et torturés au quotidien mouvementé et tourmenté, ces gardiens de l’ordre public confrontés à la violence des plus furieuses, aux drames sordides mais toujours sur le pied de guerre, sauvés moralement par la fierté du métier et de l’uniforme et leur appartenance à une grande famille fraternelle solide.

End of Watch se voulait réaliste, immersif et sans concession. Réalisé à moitié par le truchement du procédé à la mode de la caméra subjective saisissant le réel à vif, le film de David Ayer avait pour ambition de naviguer dans les eaux troubles du mélange des genres entre le drame (des personnages torturés, complexes et profonds avec leurs joies, leurs peines, leurs aspirations et leur réalité mais aussi une voix-off  « psychologisante ») et le film d’action, avec des pointes d’adrénalines déchaînées venant entrecoupées des séquences de vie faites de joies, de drames et d’humour. Surtout d’humour. Car ce que l’on retiendra avant tout de End of Watch, c’est clairement ses deux personnages centraux, les officiers Taylor et Zavala et leur relation d’amitié fraternelle haute en couleurs et en sincérité. Drôle, complice, cette relation sera malheureusement la seule qualité relevant le niveau d’un film patchwork qui se la joue chronique moderne remettant au goût du jour dans une esthétique cool gangsta gang, les chroniques policières des années 70 comme si par exemple le chef d’œuvre de Richard Fleischer Les Flics ne Dorment pas la Nuit rencontrait Training Day ou la série The Shield. Dans une débauche visuelle pompeuse, David Ayer essaie de nous pondre un film-choc ultime et rentre-dedans mais réussit surtout à nous agacer au plus haut point avec sa mise-en-scène à ranger au rayon du grand n’importe quoi, sorte de bouillie visuelle confectionnée à base d’une shaker-caméra qui remue tout le temps pour soi-disant nous immerger dans l’immédiateté du moment efficace et désarçonnant mais qui parvient juste à nous donner le tournis et à nous désintéresser de l’image puisque de toute façon, rien n’y est compréhensible. Le show mis en branle n’a finalement rien de novateur et transpire l’esbroufe. Ayer se contente d’emprunter aux films en found footages leur débauche de mouvements saccadés pour la croiser avec un esprit pêché du côté de l’évoquée série The Shield montrant l’ambivalence de ces flics héroïques mais troubles et tourmentés. Alors que tout est too much, que les flics sont aussi cool que les bad guys sont bling-bling et excessifs, alors que les clichés se multiplient et que le cinéaste essaie de nous faire avaler une profondeur en réalité inexistante dans un film qui se drape dans un vaste écran de fumée censé donner l’illusion d’une pseudo-sophistication faussement intelligente mais réellement fumiste, End of Watch coule à pic dans ses intentions, de la même manière que Training Day avant lui. Etonnant ? Non. Décevant et tournant en rond ? Pas de doute. End of Watch utilise tout plein d’artifices pour nous faire crier au génie mais le brio n’y est pas d’autant qu’Ayer n’a jamais le courage d’aller au bout de ses idées, de ses choix, de ses rares inspirations (la fin par exemple). On s’éclate bien plus dans les scènes estampillées « comédie » sur ce duo de flics bourrins m’as-tu-vu qui roulent des mécaniques en se charriant à tout-va, que dans la lamentable peinture « vue de l’intérieur » du quotidien de cette police dont on a des doutes sur la part d’imaginaire fantasmé par le prisme d’un œil ancré dans la mode de la cool attitude et du gangstérisme tape-à-l’œil. Une vision bien hollywoodienne du combat entre le bien et le mal dans les chaudes rues de L.A.

Au final, on retiendra vaguement un film sympathique par moments mais le souvenir sera troublé par la sensation d’un portnawak indigeste et inutile, allant nulle part sans réel propos dépassant le seuil du communément admis et essayant vainement de piquer à (notamment) plein de bonnes séries télé actuelles, leurs qualités et leur style. Pas désagréable, End of Watch se regarde mais frustre car par sa mise en scène chaotique annihilant ses pics d’adrénaline et par  cette sale manie de vouloir faire du combat contre la grosse délinquance, un show spectaculaire et cool fonctionnant à la récup d’esprits tendance en mêlant rap, hip hop et flingues, lunettes de soleil et truands fêlés et blagues et situations tendues. Et puis l’ombre de The Shield (pour éviter de reparler de l’affreux Training Day) plane tellement dans ce resucé en moins bien. Dommage car tout n’est pas jeter pour une fois chez Ayer.

Bande-annonce :

2 thoughts on “END OF WATCH (critique)

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