[Note spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Halloween
Père : David Gordon Green
Date de naissance : 2018
Majorité : 27 février 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Slasher, Horreur
Livret de famille : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Will Patton, James Jude Courtney, Virginia Gardner, Haluk Bilginier, Andi Matichak…
Signes particuliers : Le meilleur volet de la saga depuis le premier !
LE MAÎTRE DU CARNAGE EST DE RETOUR !
Synopsis : Laurie Strode est de retour pour un affrontement final avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle a échappé de justesse à sa folie meurtrière le soir d’Halloween 40ans plus tôt.
C’est un anniversaire qui n’a pas échappé aux amateurs de cinéma de genre. En 2018, Michael Myers a fêté ses 40 ans et le boogeyman culte jadis créé par John Carpenter et Debra Hill s’est payé une gigantesque teuf sanglante du côté d’Haddonfield en s’offrant un nouveau retour à l’écran, onze ans après que Rob Zombie l’ait ressuscité pour les besoins de ses deux reboot semi-réussis. Cela faisait un bout de temps que les productions horrifiques qui sortaient au cinéma pour les fêtes d’halloween n’étaient franchement pas bandantes mais l’an passé, on a tout oublié, car le maître du carnage a refait surface couteau à la main, sa sœur Laurie Strode dans le viseur. Et parce que la bonne nouvelle n’est pas arrivée seule, l’iconique Jamie Lee Curtis l’a accompagné dans son comeback pour un nouvel affrontement familial dantesque. Produit par Jason Blum et réalisé par un David Gordon Green dont la carrière est de plus en plus imprévisible (Joe, Manglehorn, Stronger), Halloween version 2018 a été une tuerie dans tous les sens du terme. C’est la troisième bonne nouvelle de l’histoire, et c’est cadeau !
LA CRITIQUE DE HALLOWEEN
Trois options s’offraient à David Gordon Green en s’attaquant au revival d’Halloween. Première option, se ranger derrière les codes de la néo-horreur adolescente sans trop se casser les reins pour pondre un film hors des standards modernes et attendre le succès tranquille que rencontrent les productions Blumhouse formatées. Deuxième option, essayer de réinventer le slasher, chose très périlleuse car beaucoup ont essayé et peu nombreux y sont parvenus. Dernière option, revenir à la base, au film de papa Carpenter, et lui offrir la digne suite qu’il n’a jamais eu, quoique Halloween II était loin d’être l’opus le plus honteux de la franchise. C’est le dernier choix qu’a fait Gordon Green, celui de se reconnecter au film originel et matriciel, et marcher à ses côtés quitte à le copier un peu en essayant de gentiment en moderniser la facture, voire l’essence. Certains seront peut-être un peu déçus de la direction choisie en arguant un exercice qui ne se foule pas (un peu comme de ce qu’on a pu lire au sujet de Star Wars 7 à sa sortie) mais force est de constater qu’en limitant les prises de risques et en s’appliquant à travailler sur des valeurs sûres, Gordon Green a fait un choix censé pour un résultat qui fonctionne.
Brutal, sanglant, tendu et jubilatoire, cet Halloween 2018 réunit tous les ingrédients que l’on espérait retrouver pour accompagner le comeback de Michael Myers, lequel balaie au passage toutes les suites navrantes commises depuis puisqu’il s’impose comme une suite directe au film de 1978, faisant fi des inepties qui l’ont suivi. La présence de Big John Carpenter à la production a sans doute aidé à remettre un peu d’aplomb dans ce sacré bordel narratif parti sacrément en quenouille au fil des années. Chose intéressante, ce retour de Michael Myers s’affirme dans un intelligent entre-deux entre le respect extrême de l’original et la volonté de renouveler certains de ses codes et son approche. Par exemple, adieu l’idée du symbolisme phallique du couteau pénétrant (à ce titre, la seule scène de nudité à attendre est un extrait du premier Halloween !) et bienvenue à une réalité plus moderne où le tueur ne s’en prend plus à des proies isolées mais opère à la vue de tous, dans la masse. Une nouvelle représentation qui, en un sens, symbolise l’Amérique d’aujourd’hui et ses démons qui opèrent au grand jour mais que l’on ne repère que trop tard, quand le drame a eu lieu. Et puisque l’on en est à parler de modernité, on s’amusera aussi du petit commentaire glissé en fond sur le nouvel Hollywood féminisé (sans qu’il n’écrase toutefois le film de son idéologie), lequel ancre ce comeback dans son temps avec des femmes héroïnes revanchardes qui remplacent des hommes effacés.
Thématiquement, Halloween a un peu changé mais côté plaisir slasheresque, on s’y retrouve très vite. Dès les premières secondes, c’est une excitation nostalgique qui jaillit à l’écran avec ce générique old school, cette citrouille accompagnée de la flippante mélodie horrifique créée par Carpenter lui-même il y a 40 ans, et qui marche toujours aussi bien. Derrière, Gordon Green s’applique à construire une intrigue simple, crédible et efficace, limitant les clins d’œil geek faciles à quelques références intelligemment placées, imaginant un Michael Myers enfermé dans un asile depuis 40 piges et une Laurie Strode traumatisée et névrosée qui n’a jamais cessé de se préparer à son éventuel retour. Et l’attente valait la chandelle tant l’affrontement entre la machine à tuer jusqu’ici endormie et la femme badass sur-préparée va prendre un accent épique dans ce nouveau périple meurtrier dont le carnage ne va pas être filmé à grands renforts d’un montage excité, mais plutôt à travers de longues séquences brutes de décoffrage, laissant parler la violence implacable du roi des boogeyman.
Mieux, derrière la simple euphorie de retrouver un slasher de qualité et des personnages que l’on adore, Gordon Green ne se contente pas d’une simple balade sanglante sans apport. Outre ses idées thématiques évoquées plus haut, le cinéaste essaie également de creuser un peu le mythe Michael Myers en soulevant quelques interrogations psychologiques intéressantes. Croque-mitaine et pure incarnation du Mal ou sociopathe complexe, Michael Myers est-il intérieurement motivé par des pulsions/émotions ou frappe t-il au hasard sans conscience ? La question est intéressante car elle n’a quasiment jamais été soulevée dans la saga et ce regard va quelque part humaniser le monstre au masque, un peu comme Tobe Hooper avait tenté furtivement d’humaniser son Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse au détour de quelques plans géniaux. En bref, cet Halloween 2018 est une belle réussite, peut-être le meilleur opus depuis le chef-d’œuvre originel de Carpenter. Un opus à l’intrigue qui se tient, un opus qui n’oublie pas d’être angoissant, un opus qui n’esquive pas le gore barbare (mon dieu la scène de la station service !!). Confirmation : 40 ans après, Michael Myers est toujours le maître.
LE TEST BLU-RAY DE HALLOWEEN
Passée la question « DVD ou Blu-ray » (et vu la beauté du film, autant partir sur de la HD quand même), il vous faudra ensuite choisir entre le Blu-ray classique et le Blu-ray 4k, les deux versions proposées par Universal. A vous de voir en fonction de votre « maniaquerie » sur la qualité d’image mais une chose est sûre, le Blu-ray standard envoie du beau avec une qualité d’image aux p’tits oignons et des pistes audio admirables qui restituent toute la pleine puissance sonore du film. A domicile, si vous êtes à peu près bien équipé, et dans le noir, Halloween version 2018 fera encore son petit effet comme au cinéma, aidé par cet impeccable travail sur la galette vidéo. Dans les scènes de nuit (et il y en a beaucoup), le film ne paraît jamais sombre. Dans les scènes qui dépotent, le son n’explose jamais à l’excès ni ne frôle la saturation. Les pistes sont bien égalisées et très riches question finesse sonore. Universal n’est pas toujours sérieux dans ses bandes-annonces (chose qui nous agace à chaque fois), mais en revanche, le studio s’est toujours montré appliqué sur ses sorties comme sur ses éditions vidéos, et il le prouve une nouvelle fois avec cette belle édition à laquelle il ne manque d’un joli fourreau Steelbook pour être parfaite.
Côté suppléments, l’édition Blu-ray semble assez riche de premier abord avec pour commencer, une série de scènes coupées ou rallongées. Regret, mais c’est le lot de bien des Blu-ray, ces choix de montage ne sont pas accompagnés d’explications. On aurait aimé savoir par exemple pourquoi a été retiré, ce malicieux clin d’œil au Psychose d’Hitchcock au travers d’une scène de douche. Est-ce par ce qu’il aurait été totalement gratuit, ce que l’on suppose d’emblée en le regardant mais sans en avoir la confirmation ? Il est toujours frustrant de voir ainsi des scènes additionnelles sans avoir le fin mot de l’histoire quant à leur retrait. Vient ensuite les modules making of et pour le coup, on est plus proche de la déception frustrée que de la grande jubilation extatique. Il y a pas mal de bonnes choses dans ces modules qui reviennent sur le tournage avec pas mal d’images des coulisses, qui s’attardent sur le retour de Jamie Lee Curtis, qui font intervenir la légende John Carpenter, qui évoque le son et la musique de ce nouveau chapitre… Comment ne pas sauter de joie en écoutant Jamie Lee Curtis interviewée devant les décors du film ? Comment ne pas être captivé en voyant John Carpenter et son fils travaillant ensemble sur la musique ? Comment ne pas être fasciné par les images de la conception de ce nouveau masque « vieilli » ou captivé par les interventions du réalisateur David Gordon Green et du scénariste Danny McBride qui clame leur amour pour l’original à chaque phrase ? Malheureusement, si ces suppléments renferment pas mal de petites choses précieuses, c’est un sentiment de frustration qui prédomine au moment de refermer le Blu-ray. Car tous ces modules sont des modules promos d’une durée comprise entre 2 et 6 minutes. Rien n’est vraiment développé en profondeur, les interview ouvrent des tas de pistes inexplorées et nous laissent avec 1001 questions, les modules sur la musique ou le travail sur le masque manquent de consistance (2minutes chacun). On aurait aimé plus d’images de making of, plus de longs entretiens, plus de travail sur les différents modules, plus d’analyses aussi alors que le 1er de 1978 vient de fêter son 40eme anniversaire et qu’il rode dans ces bonus à travers quelques anecdotes et images du film. Cette frustration est par exemple parfaitement symbolisé dans l’ultime module baptisé « L’héritage d’Halloween ». En cliquant sur lecture, le bonheur. Jamie Lee Curtis, John Carpenter, David Gordon Green et Jason Blum assis autour d’une table et qui échangent et s’interrogent respectivement sur Halloween. Génial, non ? Oui… Mais ça dure 4 minutes. Tout est dit. Bref, fort à parier qu’on verra un jour débouler une « édition ultime » de cet Halloween 2018, avec pléthore de suppléments, de reportage et d’entretiens. D’autant que le Blu-ray américain est identique et a lui-aussi suscité la frustration des fans. Espérons juste que ce ne sera pas dans 20 ans !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux