UN METIER SERIEUX de Thomas Lilti : la critique du film

Un peu à la manière du duo Nakache/Toledano, le cinéma de Thomas Lilti fonctionne selon une formule établie. Le ton de la chronique, un mélange de comédie et d’émotion et le monde médical comme sujet dont le metteur en scène va ausculter les joies et les peines, lui qui le connaît si bien pour avoir été médecin. Le quotidien des internes en médecine dans Hippocrate, celui des médecins de Campagne dans le film éponyme, celui des aspirants toubibs dans Première Année, Lilti a composé une trilogie pertinente dont il était temps de se sortir. C’est ce qu’il fait avec Un Métier Sérieux, un nouveau long-métrage qui change de corps de métier. Cette fois, c’est dans le grand bain à remous de l’éducation nationale que plonge Lilti en dressant la chronique d’un groupe de profs d’un collège de banlieue parisienne, égrenant leurs difficultés, leur dévouement, leurs petites joies, leurs peines, leurs rapports à la profession, entre eux, les élèves ou leur hiérarchie.

On l’a déjà eu souligné plusieurs fois mais le quotidien des profs est un sujet devenu récurrent dans le cinéma français, comme celui du monde hospitalier d’ailleurs. Pêle-mêle on peut citer dans les oeuvres (plus ou moins) récentes La Cour des Miracles, La Vie Scolaire, Primaire, La Mélodie, Les Grands Esprits, Les Héritiers… Très Logiquement, Thomas Lilti n’apporte rien de bien neuf sur la question, ni un éclairage particulier ou des idées nouvelles. En revanche, ce qu’il apporte, c’est son savoir-faire pour croquer des personnages évoluant dans un monde professionnel en difficulté, aux allures de microcosme solidaire. Et c’est exactement ce qu’il fait avec Un Métier Sérieux, radiographie en prise directe d’un milieu sous pression qui compose comme il peut avec ses idéaux et ses contraintes. Balancé entre humour, émotion et réflexion sociale et politisée sur un secteur en souffrance, Un Métier Sérieux est souvent juste même si sa condition de long-métrage de cinéma le rend elliptique dans le sens où il dresse un portrait général -et surtout généraliste- fondé sur des archétypes représentatifs (le jeune prof qui débarque, le prof usé, celle en burn out, le prof décontracté, la prof dévouée…). Tout n’est pas très approfondi mais la plongée vectorisée par des personnages très attachants et représentatifs, est efficace, humaine, tantôt tendre tantôt tendue à l’image des rapports entre ces profs et leurs élèves. Et puis c’est très bien campé par une belle galerie de comédiens, pour la plupart des fidèles de Lilti (Lacoste reprenant même amusément le nom de son personnage dans Hippocrate).