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THE 33 de Patricia Riggen : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : The 33
Père : Patricia Riggen
Date de naissance : 2015
Majorité : 08 juin 2016
Type : Sortie VOD
Nationalité : USA
Taille : 1h41 / Poids : 7 M$
Genre
: Drame

Livret de famille : Antonio Banderas, Rodrigo Santoro, Juliette Binoche, Gabriel Byrne, Lou Diamond Phillips, James Brolin, Bob Gunton…

Signes particuliers : Une histoire vraie traitée avec dignité mais sans talent.

PRISONNIERS DE LA MONTAGNE

LA CRITIQUE DE THE 33

Résumé : Le 5 août 2010 au Chili, suite à un effondrement dans une mine de cuivre et d’or, 33 personnes se retrouvent coincées dans les décombres. Réfugiés dans un abri à 700 mètres de profondeur, ces mineurs attendent que des équipes de secours viennent les récupérer. L’attente sera interminable et le périple durera 69 jours…

Août 2010 au Chili. Une mine de cuivre s’effondre, piégeant 33 ouvriers à plus de 600 mètres de profondeur. Aucun moyen de communiquer, des rations de nourriture et d’eau limitées à trois jours, et une chaleur étouffante atteignant en moyenne 36 degrés, telle était la situation et autant dire que l’horizon s’avérait sombre. L’emballement médiatique autour de cette histoire avait fait le tour du globe, d’autant que l’on apprendra la survie des mineurs qu’après 17 jours de recherches. Plus incroyable, les opérations de forage pour les secourir furent si complexes, que les malheureux auront dû patienter 69 jours avant de pouvoir être extraits de leur sarcophage de pierre. Le drame fut terrible et l’issue si belle, que les mineurs enterrés vivants devinrent de véritables célébrités. Comme on pouvait s’en douter, il ne faudra pas patienter bien longtemps avant que les droits de leur histoire soient vendus, pour un livre, mais surtout pour un film, américain bien entendu. La production commença assez tôt et le film fut présenté dès 2015. En France, il restera invisible assez longtemps jusqu’à une discrète exploitation en VOD.

Réalisé par la méconnue Patricia Riggen (Miracle du Ciel avec Jennifer Garner), The 33 est porté par un casting international réunissant des acteurs chiliens, rangés derrière l’espagnol Antonio Banderas, la française Juliette Binoche, le brésilien Rodrigo Santoro, l’irlandais Gabriel Byrne, le philippin Lou Diamond Phillips, ou les américains James Brolin et Bob Gunton. Le film essaie de retracer le plus fidèlement possible, malgré quelques touches de fiction dramatisantes, l’odyssée de ces survivants de l’enfer. Pour cela, la cinéaste a convoqué les codes du drame, du survival et du film catastrophe, mêlés afin de donner un maximum d’intensité à ce récit qui exploite deux angle d’approche, d’un côté le périple des mineurs enfouis, de l’autre celui des secours (un géologue et un ministre) et des familles s’organisant à la surface.

La discrétion du film dans son exploitation internationale laissait craindre le médiocre DTV bon pour une diffusion sur RTL9. Dans un premier temps, on est plutôt agréablement surpris de voir que le film déroule son scénario avec une certaine efficacité, sans trop avoir à rougir de l’évidente modestie de ses moyens. Si la mise en scène de Patricia Riggen est assez inerte et si la photo laisse souvent à désirer, peinant à donner du relief à l’obscurité des lieux souterrains, le résultat tient la route malgré le fait que l’on connaisse par cœur l’issue d’une catastrophe ultra-médiatisée. Le casting fait le job (quoique Juliette Binoche est aussi crédible en chilienne que Maître Gims en chanteur… Oups), l’élaboration est de facture classique, les stéréotypes sont au rendez-vous dans l’écriture comme dans la confection, mais The 33 fonctionne, davantage comme un téléfilm de luxe que comme un gros blockbuster spectaculaire mais il fonctionne. Sauf que sa bonne tenue initiale ne va pas durer.

Pourtant, Patricia Riggen pointe les bons éléments, montrant l’angoisse de ces morts en sursis, la faim qui ronge les ventres, les tensions qui se cristallisent autour de la peur, la complexité des opérations de secours soumises à un factuel 1% de chances de retrouver les mineurs vivants, ou encore l’attente des familles qui s’organisent comme elles le peuvent. De loin, la réalisatrice glisse également quelques parenthèses sur l’inaction de l’entreprise gérant la mine, l’action du Gouvernement davantage effrayé par l’emballement médiatique qu’animé d’une considération humaine, sur les médias qui rappliquent attirés par le goût du sang et du sensationnel (on se rappelle du Gouffre aux Chimères de Billy Wilder) ou encore sur le pathétique merchandising qui se met en place… Mais tous ces bons éléments sont balancés pêle-mêle dans un scénario trop fonctionnel et déséquilibré. Tout ce qui entoure le calvaire de ces malheureux mineurs aurait dû être des ressorts pour étoffer et dynamiser l’histoire, pour lui éviter d’être le simple récit d’un fait divers, et pour lui éviter de sombrer dans l’ennui et le statisme. Malheureusement, The 33 n’a pas eu cette intelligence. Le périple de ces prisonniers de la montagne s’étire en longueur au point de tourner en rond sur lui-même passée la première heure, les éléments périphériques sont observés avec une terne superficialité, et le film s’embourbe lentement dans sa trajectoire de drama convenu et sans ambitions. Au final, The 33 manque surtout d’un angle qui lui aurait apporté un peu de saveur. A vouloir passer rapidement sur tout, il finit par parler de rien et c’est bien dommage car cet événement spécifique avait le potentiel pour dire pas mal de choses. Encore fallait-il avoir du caractère et ne pas en faire un passe-plat.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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