Nom : Reine Mère
Mère : Manele Labidi
Date de naissance : 12 mars 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h33 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de Famille : Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard, Rim Monfort…
Signes particuliers : Un film attachant.
Synopsis : Amel est un personnage haut en couleur. Elle a du tempérament, de l’ambition pour ses deux filles, une haute estime d’elle-même et forme avec Amor un couple passionné et explosif. Malgré les difficultés financières elle compte bien ne pas quitter les beaux quartiers. Mais la famille est bientôt menacée de perdre son appartement tandis que Mouna, l’aînée des deux filles, se met à avoir d’étranges visions de Charles Martel après avoir appris qu’il avait arrêté les Arabes à Poitiers en 732… Amel n’a plus le choix : elle va devoir se réinventer !
IMMIGRATION ET CHARLES MARTEL
NOTRE AVIS SUR REINE MÈRE
Six ans après Un Divan à Tunis, la réalisatrice Manele Labidi passe la seconde avec Reine Mère, un deuxième long-métrage porté par Camélia Jordana et Sofiane Zermani. L’histoire d’une famille d’immigrés bien intégrée dans leur vie en France. Le jour où ils vont perdre leur appartement, tout dérape. Déjà qu’ils doivent gérer les visions de leur fille qui, depuis un cours d’histoire sur l’invasion arabe au VIIIème siècle, voit Charles Martel la suivre partout…
Pas facile de faire une comédie sur des sujets aussi sérieux que l’immigration, le déracinement, l’intégration, la crise d’identité, le racisme et les discriminations… Mais avec beaucoup d’humour et surtout une tendre douceur délicatement poétique, Labidi signe une fantaisie touchante dont la drôlerie se fond dans une entreprise de déconstruction des clichés au service d’un propos assimilé et restitué avec finesse et intelligence. Entre chronique sociale et comédie initiatique, Reine Mère offre à voir un portrait de famille d’immigrés célébrant la double-culture et cherchant à tout prix à combattre le rejet par une quête d’intégration totale et parfois drolatique. La figure du fantôme de Charles Martel (célébré pour avoir « repoussé les arabes à Poitiers en 732 » dixit les livres d’histoire) qui apparaît à la petite Mouna est ainsi allégorique et Labidi s’en amuse. Si le film n’est pas toujours bien maitrisé dans la gestion de son trop-plein d’idées, il n’en demeure pas moins comme une jolie fable souvent juste et très bien incarnée par sa galerie de comédien(ne)s, à commencer par une savoureuse Camélia Jordana en « fille de fermier qui se prend pour la reine d’Angleterre » comme la moque son mari (Sofiane Zermani), elle qui veut donner l’illusion d’une intégration absolue en refusant de quitter ses beaux quartiers pour le logement social de lointaine banlieue qu’on lui propose. Gentiment fantasque et bourrée d’un joli charme insolent, cette fable que l’on soupçonne un brin autobiographique, se révèle aussi modeste que touchante.