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NEVER GROW OLD de Ivan Kavanagh : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Never Grow Old
Père : Ivan Kavanagh
Date de naissance : 2018
Majorité : 7 août 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : Irlande
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Western

Livret de famille : Emile Hirsch, John Cusack, Déborah François…

Signes particuliers : Un western solide mais qui demande d’avoir une bonne vue.

IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST BOUEUX

NOTRE AVIS SUR NEVER GROW OLD

Synopsis : Un charpentier et entrepreneur de pompes funèbres irlandais Patrick Tate vit avec sa jeune famille à la périphérie d’une petite ville sur la route de la Californie pendant la ruée vers l’or de 1849. La vie y est dure mais paisible jusqu’à l’arrivée de Dutch Albert et sa bande de Hors-la-loi qui va tout faire basculer et l’obliger à protéger sa famille… 

Rares sont les westerns au cinéma, le genre étant tombé en désuétude depuis longtemps alors que seuls les plus téméraires tentent encore d’en explorer les possibilités. Avec Never Grow Old, l’ancien monteur irlandais Ivan Kavanagh a voulu se frotter aux plus grands codes du western tout en leur tordant le cou. Audacieux pour un premier long-métrage. Déjà, si Never Grow Old situe son action en périphérie de la Californie à l’époque de la ruée vers l’or et convoque tous les motifs emblématiques du genre avec un shérif, des hors-la-loi, un saloon, un pasteur et des revolvers, c’est en Irlande et au Luxembourg qu’a été tournée cette production… européenne ! Ensuite, si le cinéma westernien a souvent privilégié les cowboys, les hors-la-loi et les shérifs, le réalisateur s’intéresse à une figure présente dans la plupart des westerns mais traditionnellement toujours reléguée au second voire au troisième plan : le croque-mort. Vous voyez, ce bonhomme que l’on voit débarquer prendre ses mesures sur les cadavres fumants après un bon vieux règlement de compte, mais qui ne prononce généralement qu’une phrase ou deux tout au plus. Never Grow Old la place enfin au premier plan en racontant l’histoire de Patrick Tate un immigré irlandais venu poser ses valises à Garlow, petite bourgade paisible située sur le chemin de la Californie des prospecteurs d’or. Charpentier de la ville, Patrick Tate essaie de joindre les deux bouts avec sa française de femme (Deborah François) et leurs deux enfants. La vie et les temps sont durs mais tout va changer avec l’arrivée d’une bande de hors-la-loi qui va prendre le contrôle de la ville. Les cadavres s’empilent, les affaires de Patrick deviennent florissantes et un dilemme moral assombrit le ciel de la famille.

Les vastes espaces, la poussière ocre de l’Ouest, les chevaux qui filent vers l’horizon, les fusillades enflammées… C’est tout un imaginaire habituel qu’Ivan Kavanagh reformule différemment avec son Never Grow Old. Ici, la ville de Garlow est comme un microcosme replié sur lui-même dont il est impossible de s’échapper. Ici, la fortune n’est pas source de joie et d’abondance mais source de malheur et de malédiction, comme le fruit d’un pacte avec le diable. Ici, la poussière est remplacée par la boue, la lumière du soleil écrasant cède sa place à la grisaille pluvieuse et les chevaux sont mis de côté. On préfère patauger dans cette gadoue synonyme de vie devenue merdeuse et crasse. Never Grow Old surprend par sa volonté de s’écarter de ce que l’on a vu mille fois tout en restant dans le sillage d’un récit archi-classique (des hors-la-loi qui font irruption et déstabilisent une ville auparavant calme, forçant un homme simple à se dresser pour protéger les siens). Très sombre pour ne pas dire hyper-nihiliste, Never Grow Old trouve son meilleur visage dans la manière dont il scrute l’évolution psychologique d’un homme tiraillé entre l’acceptation passive de son métier pour faire vivre sa famille et la conscience que ses nouvelles rentrées d’argent sont moralement difficiles à accepter. En clair, Patrick Tate gagne enfin bien sa vie mais sur le dos des victimes de ces « méchants » impitoyables qui font couler le sang. Il n’est pas responsable des meurtres en cascades mais il profite involontairement du crime.

Solidement interprété par Emile Hirsch et un intéressant John Cusack dans un rôle de bad guy à filer le frisson, Never Grow Old fait son petit effet à défaut de plus. Car en observant un homme passif, le film d’Ivan Kavanagh finit par épouser son caractère et devenir lui-même un peu passif devant les évènements qu’il filme, perdant en puissance ce qu’il gagne en psychologie, perdant en intensité ce qu’il gagne en intérêt humain. A défaut de rythme, une ambiance délétère. A défaut de spectacle, quelques scènes dures et sans concessions. L’ensemble reste solide et à peu près maîtrisé en dehors d’une photographie pas évidente à appréhender tant l’obscurité permanente oblige à froncer les sourcils. Kavanagh aime la nuit certes, mais le chef opérateur était-il en vacances au moment du tournage ?

Par Nicolas Rieux

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