MADAME HOFMANN de Sébastien Lifshitz : la critique du film

Chaque nouveau documentaire de Sébastien Lifshitz est un petit événement en soi. Parce qu’en quelques films, le réalisateur s’est posé comme l’un des meilleurs en France. Les Invisibles, Adolescentes, Petite Fille ne sont que quelques exemples de longs-métrages aux images et aux émotions uniques. Et Madame Hofmann est dans leur lignée. À travers le quotidien de cette infirmière en chef de l’hôpital Nord de Marseille proche de la retraite, le documentariste parcours des sujets forts, l’hôpital en crise, vieillir quand on est une femme, s’occuper de soi des siens et des autres, des hommes et des femmes qui s’oublient, la pression écrasante du quotidien, quand et comment profiter de la vie…

Comme à son habitude, la force de Sébastien Lifshitz tient dans sa capacité à scruter sans impudeur un quotidien représentatif qui, entre rires et émotions, en dit long sur notre société. Sa Madame Hofmann est solaire, sage, lucide, fatiguée aussi. De son portrait touchant et très humain se dégage un puissant regard politique. Ou quand le personnel illustre le général. Le personnel, c’est celui de cette Sylvie Hofmann, dévouée et extraordinaire, qui fait face avec un courage normalisé au chaos de la vie. D’un côté les épreuves personnelles, de l’autre les difficultés professionnelles dans un système de santé qui s’effondre et où la seule réponse apportée semble être l’extrême engagement héroïque de gens lézardés par ce qu’ils affrontent. Voilà pour le général. Décidément, Sébastien Lifshitz n’a pas on pareil pour trouver des portes d’entrées humaines formidables afin de parler de sujets de société importants.