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LES FRÈRES SISTERS de Jacques Audiard : la critique du film

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Carte d’identité :
Père : Jacques Audiard
Date de naissance : 2018
Majorité : 19 septembre 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h00 / Poids : NC
Genre : Western

Livret de famille : Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed…

Signes particuliers : Un très grand western.

UN WESTERN TOUCHÉ PAR LA GRÂCE

LA CRITIQUE DE LES FRÈRES SISTERS

Résumé : Charlie et Elie Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels, celui d’innocents… Ils n’éprouvent aucun état d’âme à tuer. C’est leur métier. Charlie, le cadet, est né pour ça. Elie, lui, ne rêve que d’une vie normale. Ils sont engagés par le Commodore pour rechercher et tuer un homme. De l’Oregon à la Californie, une traque implacable commence, un parcours initiatique qui va éprouver ce lien fou qui les unit. Un chemin vers leur humanité ? Habitué aux drame intimistes ancrés dans notre époque avec Romain Duris, Tahar Rahim ou Marion Cotillard, Jacques Audiard quitte sa zone de confort et s’essaie au western, en langue anglaise, avec des stars américaines. Sacré virage et sacré challenge pour le metteur en scène d’Un Prophète ou de De Rouille et d’Os qui, avec Les Frères Sisters, tente un vrai saut dans l’inconnu en plongeant dans les grands espaces yankees au temps de la ruée vers l’or. Et c’est dans ces cas-la qu’on voit le vrai talent, quand il montre qu’il n’est pas délimité par un registre, un style, un type de cinéma. Le western n’est pas le genre le plus simple à approcher, et Jacques Audiard s’en empare avec génie, signant un grand moment de cinéma aux multiples visages, épique, intime, hargneux, drôle ou mélancolique.Pur western de tradition convoquant tous les codes du genre moderne entre raffinement d’une mise en scène pleine de souffle et violence de l’âpre monde qu’elle filme, Les Frères Sisters dépoussière le classicisme westernien sans le trahir, pour ériger une chevauchée sauvage palpitante à la narration virtuose et intelligente, où les cartes sont sans cesse rebattues. À tel point, qu’il n’existe aucune possibilité d’emprise pour l’ennui. Il se passe toujours quelque chose à l’écran, qui fait soit avancer l’histoire soit étaye la psychologie de personnages complexes et passionnants. Captivant sur la forme, Les Frères Sisters n’en demeure pas moins intelligent sur le fond. On se demandait si Audiard parviendrait à extirper quelque-chose de son histoire de poursuite dans les grands espaces américains, arc narratif mainte et mainte fois visité. La réponse est un triple oui. À travers sa chasse à l’homme, le cinéaste parle de la famille, des liens fraternels, de la cupidité qui empoisonne les âmes, de la recherche d’humanité, et surtout de son incessant déclin éternellement assujetti à l’espoir utopique de jours meilleurs qui ne viennent jamais.Visuellement magnifique, dramatiquement haletant et existentiellement profond, Les Frères Sisters s’élève constamment pour tutoyer une grandeur formidable, aidé dans sa tâche par une grande finesse d’écriture, par une technique à son diapason (quelle photo splendide !) et par des comédiens qui servent une composition subtile. Parfois, la somme de talents s’annihilent quand on les cumule. Ici, ils s’additionnent, tous au service du film, jamais d’eux-mêmes. Jake Gyllenhaal tout en discrétion, Joaquin Phoenix dont la sobriété balaie les dangers de la caricature, Riz Ahmed touchant de naïveté et John C. Reilly exceptionnel. Un quatuor fantastique qui bonifie un film entre alternant tension, émotion et humour picaresque, où le voyage épique proposé par sa cavalcade spectaculaire se double d’un voyage intérieur plus personnel et existentiel pour des personnages qui vont être confrontés à leur propre nature humaine. Du grand art.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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