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LA DOULEUR d’Emmanuel Finkiel : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : La Douleur
Père : Emmanuel Finkiel
Date de naissance : 2017
Majorité : 24 janvier 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h06 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay…

Signes particuliers : Un film fort mais exigeant.

MÉLANIE THIERRY EST MARGUERITE DURAS

LA CRITIQUE DE LA DOULEUR

Résumé : Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté. Sa jeune épouse Marguerite, écrivain et résistante, est tiraillée par l’angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dyonis. Elle rencontre un agent français de la Gestapo, Rabier, et, prête à tout pour retrouver son mari, se met à l’épreuve d’une relation ambiguë avec cet homme trouble, seul à pouvoir l’aider. La fin de la guerre et le retour des camps annoncent à Marguerite le début d’une insoutenable attente, une agonie lente et silencieuse au milieu du chaos de la Libération de Paris. 

Adapter Marguerite Duras au cinéma n’est pas chose aisée. L’adapter correctement encore moins. Courageusement et non sans une passion dévorante pour l’auteure, le réalisateur Emmanuel Finkiel (Je ne suis pas un salaud avec Nicolas Duvauchelle) s’est pourtant attelé à la tâche en portant à l’écran, le roman semi-autobiographique qu’est La Douleur paru en 1985, et dans lequel Duras avait mis des mots sur la manière dont elle avait vécu l’attente infernale du retour son mari, envoyé dans les camps de concentration durant la guerre. Entre respect de l’œuvre, volonté de capter son essence profonde et petits rajouts nécessaires à tout travail d’adaptation, Finkiel a su tirer de son travail, un effort singulier, aussi singulier que l’était la plume de Marguerite Duras.

La Douleur, c’est l’extrapolation en images, d’un sentiment atroce, d’une attente terrible, d’une perdition personnelle. À travers ses écrits, Marguerite Duras avait su mettre des mots sur cet étrange état où l’on est replié sur soi-même, prisonnier de sa douleur, prisonnier de l’espoir, de l’absence, de l’omniprésence obsédante de cette même absence, et de la peur du deuil. De cet état de confusion jaillit une sorte de cacophonie mentale où tout se trouble, tout se distord, où le bruit fatigue autant que le silence angoisse à en devenir fou. Et c’est de cette idée qu’est parti Emmanuel Finkiel pour confectionner son film. À l’arrivée, 
La Douleur est un drame difficile, au moins autant que ce qu’il s’efforce de peindre. Difficile car exigeant, difficile car épuisant, difficile car il accule le spectateur dans ses derniers retranchements, jusqu’à le déstabiliser à la même mesure que l’héroïne dont il devient le témoin de la Douleur inextricable.

Si l’image est très travaillée, jouant souvent du flou pour illustrer l’état de confusion de son héroïne, c’est surtout sur le son qu’Emmanuel Finkiel a concentré ses efforts, transformant son film en expérience auditive unique. Les mots de Marguerite Duras planent au-dessus du long-métrage, déclamés avec langueur et puissance par Mélanie Thierry, et quand ils s’interrompent, c’est un brouhaha sonore maîtrisé qui se charge de prendre la relève pour remplir l’espace. Un mélange de sons et de musiques qui ont pour but de mettre le spectateur à genoux, de lui faire ressentir l’état de la protagoniste endolorie. Et 
La Douleur de devenir une expérience visuelle, sonore et physique, qui se veut viscérale, immersive, communicative. Peut-être jusqu’à l’excès parfois, car le côté ultra-méthodique de ce parti pris assourdissant, mène l’entreprise vers une étrange forme de chaos dont on perçoit l’intelligence de la démarche, autant que l’on pourra faire un rejet face à une émotion étouffée par ce formalisme exténuant. Et 
La Douleur de glisser vers le film très théorique, à la fois magistral et autistique, viscéral et mal aimable, qui lasse comme son héroïne est lassée, qui désarçonne comme son héroïne est désarçonnée, qui éreinte comme son héroïne est éreintée. Reste une chose indiscutable qui mettra tout le monde d’accord, la performance étourdissante de Mélanie Thierry, que l’on voit déjà césarisable.

BANDE ANNONCE :


Par Nicolas Rieux

2 thoughts on “LA DOULEUR d’Emmanuel Finkiel : la critique du film

  1. Je voudrais savoir quelles sont les musiques et notamment contemporaines utilisées dans ce film. Dommage que le générique du film soit aussi peu explicite car la musique est intelligemment présente tout au long de cette réalisation…

    1. Bonjour Kathy. Ce sont des musiques composées spécialement pour le film et malheureusement, la bande originale n’est pas sortie en CD pour le moment…

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