Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Jours de France
Père : Jérôme Reybaud
Date de naissance : 2016
Majorité : 15 mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h21 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Pascal Cervo, Arthur Igual, Fabienne Babe…
Signes particuliers : Un petit ovni plein de charme et de beauté.
BALADE IDENTITAIRE À TRAVERS LA FRANCE
LA CRITIQUE DE JOURS DE FRANCE
Résumé : Au petit matin, Pierre quitte Paul. Au volant de son Alfa Roméo, il traverse la France, ses plaines, ses montagnes, sans destination précise. Pierre utilise Grindr, une application de son téléphone portable qui recense et localise pour lui les occasions de drague. Mais Paul y a recours aussi pour mieux le suivre. Au terme de quatre jours et quatre nuits de rencontres – sexuelles ou non – parviendront-ils à se retrouver ? Ni vraiment un drame, ni vraiment une comédie, ni vraiment quelque-chose entre les deux d’ailleurs, Jours de France est un petit ovni signé Jérôme Reybaud, sorte de road movie semi-lumineux entre l’échappée mélancolique et la balade caustique. Pour son premier long-métrage de fiction, le réalisateur nous embarque dans le sillage de Pierre, un jeune homme gay qui décide de tout plaquer, à commencer par Paul, con compagnon. Au petit matin, Pierre prend quelques affaires, son Alfa Roméo, et part sur les routes de France, déambulant au gré des routes sinueuses qu’il emprunte et des aventures qu’il va vivre, l’espace de quelques jours.Jours de France, c’est l’histoire d’une fuite en avant, pas pour se débiner lâchement et tourner le dos à ce qui ne va pas, mais plutôt pour quitter un quotidien devenu étranger, pour embrasser un idéal de liberté revigorant. En partant, Pierre tourne le dos à une vie devenue monotone, terne, insipide. Ses déambulations non-dirigées relèveront presque du fantasme, celui de se laisser porter par le hasard et l’inconnu. Jours de France est en réalité une double balade, à la fois un road movie aux quatre coins de l’hexagone, et une vaste introspection nous promenant autour d’un homme en pleine quête identitaire, cherchant dans son escapade imprévisible, à se trouver, se retrouver, se redéfinir lui-même. Une double, voire une triple, si l’on compte aussi celle de Paul, l’ex de Pierre, qui s’élance à sa poursuite à l’aide de son appli Grindr ! On ne sait pas grand-chose de Pierre, comme lui ne semble plus trop savoir qui il est. Et c’est au fil de ses tribulations merveilleuses, que l’on va apprendre à le découvrir, au gré de son voyage, de ses arrêts, de ses rencontres, de ses échanges. Cette liberté soudainement retrouvée par cet homme, le film de Jérôme Reybaud la reprend ensuite dans sa formulation. Jours de France se sent libre, capable de tout, capable d’être touchant, absurde, philosophe, charnel, littéraire, improbable, voyageur, grave, léger, documentaire, doux, curieux, merveilleux, bienveillant, enfermé dans une voiture ou ouvert sur le dehors… L’extrême pureté de sa narration dépouillée, la sophistication discrète de sa mise en scène, qui vient subtilement soutenir des dialogues riches et fins, le jeu des comédiens très naturaliste… On se croirait presque chez le Godard des débuts, ou chez le Truffaut ou Rohmer de la même époque. En fait, on croirait voir la Nouvelle Vague renaître de ses cendres, 50 ou 60 ans plus tard, avec en prime, des réminiscences rappelant le cinéma de Pasolini. Des références nobles qui collent bien à un film pourtant tout en humilité, récitant une partition au charme indéniable. Seul reproche, des longueurs inutiles, alors que Jérôme Reybaud semble se laisser entraîner lui-même par l’aventure divagante de son protagoniste, interprété avec charisme par Pascal Cervo. Un peu plus court, Jours de France aurait gagné en force sémillante.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
sexy road movie; pas trop de quéquettes, dommage !