[Note des spectateurs]
Carte d’identité :
Nom : Green Book
Père : Peter Farrelly
Date de naissance : 2018
Majorité : 23 janvier 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h10 / Poids : NC
Genre : Comédie, Drame, Biopic
Livret de famille : Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini…
Signes particuliers : Une belle histoire pavée de bonnes intentions.
UN PRÉTENDANT AUX OSCARS
LA CRITIQUE DE GREEN BOOK
Synopsis : En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité. Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.Habitué aux comédies potaches coréalisées avec son frangin Bobby, Peter Farrelly sort de sa zone de confort avec Green Book, un film biographique sur Don Shirley et Tony Lip. Le premier était un célèbre pianiste afro-américain, le second un italien du Bronx travaillant comme « maître d’hôtel » (comprenez videur musclé) dans un club en vogue dans le New-York des années 60. Le jour où Don Shirley décida d’entamer une tournée à risques dans les États du sud des États-Unis encore marqués par un fort racisme, il engagea Tony Lip pour le conduire et assurer ses arrières. L’histoire de leur rencontre sera la base de Green Book, récompensé du prix du public au dernier festival de Toronto.Porté par l’oscarisé Mahershala Ali et le toujours excellent Viggo Mortensen, Green Book assume avec modestie son statut de joli film conventionnel sur la forme, qui mène sa barque sans tromper personne sur la marchandise, racontant une histoire touchante en s’appuyant sur la force de l’interprétation de ses deux comédiens absolument éblouissants de conviction. Globalement assez consensuel et manquant peut-être d’un niveau de lecture supplémentaire pour accroître sa profondeur et l’aider à dépasser les clichés narratifs qui servent de véhicule à son récit, Green Book parvient à cueillir et à dépasser sa formulation un peu sage et cousue de fil blanc, surtout quand il essaie de contourner son regard anglé pour contrer tout manichéisme et repenser la notion de racisme, au lieu de s’enfermer dans une représentation trop binaire. A travers son histoire essentiellement pensée pour être édifiante, le film de Peter Farrelly s’applique à montrer qu’il existe plusieurs formes de racisme, toutes adossées sur des préjugés ridicules. Que l’on soit noir, juif, indien ou blanc, le racisme peut toucher tout le monde quand il est l’expression de gens cons qui se croient supérieur aux autres (ici l’italien regarde de haut le noir, le blanc regarde de haut l’italien et le noir, et ainsi de suite). Mais mieux que l’agressivité d’une réaction violente qui ne mènerait à rien, la dignité dans la résistance est sûrement la plus belle marque de résilience. En creux, c’est ce que tend à montrer Green Book, film joliment humaniste qui baigne dans l’émotion tout en se ménageant quelques petites notes d’humour pour rendre le voyage plus agréable au-delà du sérieux du propos.
Dans l’esprit d’exercices façonnés pour être simples et intelligibles (on pense souvent à La Couleur des Sentiments et consorts), Green Book est efficace dans sa mécanique de pseudo feel good movie à sujet dramatique, et si l’on pourra y voir un film paresseusement élaboré sur une enfilade de motifs caricaturaux (le noir riche, éduqué mais triste vs le blanc un peu bourrin, peu cultivé mais joyeux et honnête ou encore le Nord très progressiste vs le sud très rétrograde), le fait qu’il s’agisse d’une histoire vraie désarme l’argument de la critique trop expéditive et facile. Rangé derrière une mise en scène factuelle (un peu trop d’ailleurs) qui laisse avant tout parler son beau récit articulé sur le ressort classique de la rencontre entre deux personnes que tout oppose mais qui vont finir par s’apprécier, Peter Farrelly déroule son film sans chercher à en faire autre chose qu’une fable positive sur la lutte pour les droits civiques dénuée de réelles aspérités et nuances. La limite d’un film qui reste néanmoins plaisant et touchant.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux