Nom : Good One
Mère : India Donaldson
Date de naissance : 13 novembre 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de Famille : Lily Collias, James LeGros, Danny McCarthy…
Signes particuliers : Le genre de film qui se veut (trop) être un chef-d’oeuvre.
Synopsis : Sam, 17 ans, préférerait passer le week-end avec ses amis, mais elle accepte de suivre son père Chris, pour une randonnée dans les montagnes Catskills. Un endroit paradisiaque où Matt, l’ami de toujours de Chris, est hélas également convié.
PORTRAIT D’UN ANTIHÉROS
NOTRE AVIS SUR GOOD ONE
Passé par de nombreux festivals dont Sundance, Cannes ou le Champs-Élysée Film Festival, Good One est le premier long-métrage d’India Donaldson, fille de l’ancien faiseur Roger Donaldson (Cocktail, Le Pic de Dante, The November Man), lequel apporte au passage son soutien à sa progéniture en officiant comme producteur exécutif de ses débuts dans le grand bain après plusieurs courts.
Dans la plus pure tradition formelle du film indépendant américain, Good One raconte l’histoire d’un week-end probablement fondateur pour Sam, une jeune fille de 17 ans qui accepte de partir en randonnée avec son père et un vieil ami de celui-ci. Il n’y aura aucune folle péripétie, pas de grande révélation ou autre chose du genre. Juste des petits signes qui feront déborder un vase intérieur sans doute déjà bien plein. Sam en reviendra grandie et différente.
C’est un film très délicat que signe India Donaldson. Sans artifice de mise en scène, sans grosses ficelles de narration, Good One avance à pas feutrés dans cette forêt traversée par les personnages, un père aimant, un vieil ami un peu lourd et bizarre mais sympathique, et une jeune femme qui semble traîner derrière elle une sorte mélancolie effacée. Une forêt presque symbolique, renvoyant à l’état d’une adolescente qui depuis trop longtemps se cache derrière des arbres, des réalités, et qui va en ressortir avec un sentiment d’émancipation nouveau. De ce voyage bucolique parfois tendre, parfois drôle, souvent interrogatif et généralement introspectif, émerge une trajectoire vers l’affirmation de soi, vers une voie/voix enfin trouvée.
India Donaldson orchestre tout cela avec beaucoup de modestie, de discrétion et de finesse. La jeune cinéaste n’a pas besoin d’en faire des tonnes, d’appuyer les choses, de dicter quoique ce soit ou de pousser son œuvre vers le démonstratif. Tout se joue ici en creux, dans des recoins, des lignes dialogues lâchées, des silences, des regards ou des ressentis qui planent. Si le propos n’était pas suffisamment clair, le dernier acte se charge de l’affirmer un peu plus directement. On aurait presque aimé le voir arriver plus tôt d’ailleurs, pour que le soudain malaise ambigu s’installe plus durablement dans cette poignée de jours où la post-adolescente réalise consciemment ou inconsciemment, des choses importantes. Sa voix d’enfant bien élevée va se transformer. Elle est adulte maintenant et ne peut plus tout accepter sous prétexte qu’elle est une « bonne fille »… une good one.
Sous ses airs de teen movie naturaliste à la gravité suspendue, Good One donne un temps l’impression d’être une comédie dramatique filial, un énième film sur les rapports père-fille teinté d’esprit feel good. On réalise plus tard qu’il est davantage que cela. « C’est la première question que tu me poses du week-end. » lâche laconiquement la jeune à son père à un moment. On ne l’avait même pas remarqué nous-mêmes, comme ce paternel un peu surpris. Mais c’est dit, et peu à peu la douceur d’alors cède sa place à un étrange sérieux renforcé par une scène marquante autour d’un feu de camp. Jusqu’alors un peu masqué, Good One se dévoile alors comme un petit bijou dont la subtile précision n’a d’égale que l’intelligence du regard placide et paisible en apparence mais qui hurle fort à l’intérieur. En plus de révéler une jeune étoile très talentueuse (impressionnante Lily Collias), le film vient s’insérer dans la néo-mouvance d’un cinéma féminin (plutôt que féministe) questionnant très subtilement les hommes, la lâcheté, le patriarcat ou la petite mysognie ordinaire, en contenant une colère sourde mais qui s’exprime calmement.
Par Nicolas Rieux