Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Girl Asleep
Père : Rosemary Myers
Date de naissance : 2016
Majorité : 22 mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Australie
Taille : 1h20 / Poids : NC
Genre : Comédie, Fantastique
Livret de famille : Bethany Whitmore, Harrison Feldman, Eamon Farren, Tilda Cobham-Hervey, Matthew Whittet…
Signes particuliers : Un trip métaphorique complètement déjanté. Trop justement.
LES ANGOISSES D’UNE ADO EN DÉTRESSE
LA CRITIQUE DE FANTASTIC BIRTHDAY
Résumé : Greta Driscoll, jeune fille introvertie, est en passe de franchir le cap de ses 15 ans. Seule ombre au tableau : elle ne veut pas quitter le monde douillet et rassurant de l’enfance, une bulle dans laquelle elle s’enferme avec son seul ami au collège, Elliott. Quand ses parents lui annoncent l’organisation d’une grande fête pour son anniversaire, elle est prise de panique. Le grand soir, elle va basculer dans un univers parallèle un peu effrayant et complètement absurde dans lequel elle va devoir affronter ses peurs pour pouvoir se trouver et aborder autrement cette nouvelle ère.
Et c’est la lointaine Australie qui remporte le prix de l’ofni du mois de mars 2017 ! Il s’appelle Fantastic Birthday, et il est la première réalisation de la néo-cinéaste Rosemary Myers, auteure de pièces de théâtre tout fraîchement débarquée sur la grande scène du cinéma. Fantastic Birthday, c’est l’histoire d’une adolescente en passe de franchir le cap de ses 15 ans. Ses parents, une gentille et jolie famille bien fêlée comme on les aime, décident de lui organiser une grosse boum d’anniversaire, avec tous ses camarades d’école… qu’elle n’aime pas vraiment, elle la marginale timide, du genre que l’on croise dans les couloirs en chuchotant à ses amis, qu’elle est mignonne, ringarde et bizarre. Greta va donc devoir gérer cette situation ô combien gênante, en même temps que le terrifiant passage de l’enfance à l’adolescence.
Rosemary Myers est une habituée des planches de théâtre, et ça se sent très vite avec Fantastic Birthday, aussi bien sur le fond que sur la forme, le film ayant souvent tendance à virer au spectacle artistique bricolé avec imagination. Une chose est sûre, c’est dans un univers à l’étrangeté complètement surréaliste que nous entraîne la réalisatrice avec un film à la fois déroutant et désarmant. Fantastic Birthday réclame une seule et unique chose de la part du spectateur : un besoin de lâcher prise d’avec le classique et le tangible. Ce sera le seul moyen de passer la porte loufoque qui sépare la normalité de l’aventure comico-fantastique que nous réserve l’auteure, déployant avec son premier effort, une œuvre oscillant entre le délicieusement symbolique et le délirium déjanté complètement raté. Car c’est tout le problème avec Fantastic Birthday, le film divise partisans et détracteurs. Son extrême radicalité proche du gros n’importe quoi totalement barré, est comme une invitation que certains accepteront avec bonheur, prêts à se laisser happer par un trip aux confins du surréalisme, alors que d’autres resteront sur le bord de la route, déconfis devant une telle absurdité complètement déroutante.
En réalité, Fantastic Birthday démarre sur des terres que l’on connaît, et qui ne manquent pas de séduire. Rapidement, on pense à Wes Anderson, à Tim Burton, voire à Michel Gondry ou Spike Jonze. Que des auteurs avec de vrais univers décalés, que l’on aime follement pour leur singularité et leur capacité à illustrer du concret par la rêverie. C’est un peu à ce jeu là que joue Rosemary Myers, sauf… Sauf que la cinéaste part très loin dans son délire, tellement loin qu’on finit par décrocher et ne plus la suivre. Et alors qu’elle cavale tête baissée en fonçant dans son univers incarnat l’onirisme à l’état pur, on aurait envie de lui crier « Bon allez, vas-y, file devant, on te rattrapera plus tard… ou pas ». Car Rosemary Myers, elle, ne se préoccupe de rien, elle accélère et fonce s’enfermer dans son trip résolument fou. Pourquoi pas dans l’absolu, on est toujours prêt à expérimenter de nouvelles aventures cinématographiques. Sauf que l’on sent pertinemment que la douce folie qu’elle tente d’imposer à son histoire, à laquelle elle tente de soumettre toute son entreprise, Rosemary Myers ne la maîtrise pas, ou plus. Comme si elle avait perdu le contrôle de son bolide, ne dominant plus rien et laissant le véhicule s’emballer en espérant qu’il finira par s’arrêter de lui-même. Entre l’extravagant et l’absurde, Fantastic Birthday finit par s’emmurer dans sa mécanique métaphorique au point de lasser, voire de saouler. On a bien compris l’idée, la forêt dans laquelle se perd mentalement sa jeune protagoniste symbolise l’adolescence, avec sa part de merveilleux et d’effrayant. Greta va s’y débattre de toutes ses forces, et va devoir y affronter ses démons et ses peurs enfouies. En clair, son long rêve fantastique plein d’aventures, ne va être qu’une longue métaphore de son passage de l’enfance douillette à l’adolescence menaçante. Ok, c’est malin mais tellement lourd, tellement forcé, tellement pas subtil.
Au bout de ses courtes 1h20, Fantastic Birthday apparaîtra au choix, comme une délicieuse loufoquerie, comme une superbe expérience originale et singulière, ou comme un court calvaire qui paraîtra durer interminablement. La seule chose qui mettra tout le monde d’accord, c’est la performance exceptionnelle de la jeune Bettany Whitmore, formidable révélation du film. Pour le reste, Fantastic Birthday partait d’une bonne idée, tentait de développer des intentions amusantes et audacieuses, mais n’est pas Wes Anderson ou Gondry qui veut, et Rosemary Myers se plante dans les grandes largeurs avec un film plus prétentieux qu’il n’en a l’air, et qui n’a vraiment pas de quoi l’être tant il brille de long en large et en travers, par l’aberrante facilité de sa seule idée, soulignée au marqueur et exploitée sans la moindre subtilité.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux