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DEUX SOEURS de Mike Leigh : la critique du film

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Spectateurs

Nom : Hard Truths
Père : Mike Leigh
Date de naissance : 02 avril 2025
Type : sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h37 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Marianne Jean-BaptisteDavid WebberMichele Austin

Signes particuliers : Un drame difficile à définir et à cerner.

Synopsis : Pansy est rongée par la douleur physique et mentale et son rapport au monde ne passe que la par colère et la confrontation. Son mari Curtley ne sait plus comment la gérer, tandis que son fils Moses vit dans son propre monde. Seule sa sœur, Chantal, la comprend et peut l’aider.

 

PORTRAIT D’UN DESESPOIR

NOTRE AVIS SUR DEUX SOEURS

La longue et riche carrière du britannique Mike Leigh est truffée de petits trésors qui n’ont jamais été faciles à appréhender. Comme son bouleversant Vera Drake. Comme sa Palme d’Or Secrets et Mensonges. Ou comme son éprouvant Naked il y a trente ans. C’est justement vers ce dernier que se tourne aujourd’hui le cinéaste octogénaire. Dans Naked, Mike Leigh dressait le portrait d’un personnage mal-aimable, sorte de zonard incarnant une Angleterre effritée par l’ère Tatcher. Dans Deux Sœurs, Leigh renoue avec un personnage difficile à aimer, une femme enragée qui déteste tout le monde et préfère rester cloîtrer chez elle. Tout l’inverse de sa sœur -solaire- qui ne la comprend pas mais qui l’aime quand même. À nouveau, Leigh ne dresserait-il pas à travers elle, un tableau de la société anglaise d’aujourd’hui marquée par le ressentiment, la colère, les divisions, et une unité fragile ?
C’est un film de contrastes à la fois frontal et diffus mais aussi dur et mélancolique, que livre Mike Leigh avec ce portrait d’une femme coincée dans son propre désespoir enragé. Est-elle malade ? En dépression ? Victime d’un vieux trauma enfoui qui la grignote de l’intérieur depuis longtemps ? Mike Leigh prend le parti de ne pas donner beaucoup de réponses, il n’impose aucun diagnostic explicatif. Le cinéaste préfère laisser vivre son portrait souvent bouleversant, douloureux et étonnamment empathique. Car si sa Pansy Deacon est mal-aimable, on ne la déteste pas pour autant. Car Leigh opère avec tact, inspirant plus de la compassion que du rejet face à un personnage que l’on devine en détresse au fond d’elle. Et ça, il l’infuse avec une grande subtilité, se permettant même de flirter avec la drôlerie quand les colères excessives de son anti-héroïne débordent du cadre du raisonnable. Ces touches d’humour presque involontaires ont par ailleurs le mérite d’alléger le tragique ambiant d’un long-métrage psychologique aussi difficile que son personnage (exceptionnelement incarné par Marianne Jean-Baptiste). Profondément humain dans la banalité épurée de son histoire anti-cinématographique tant aucun spectacle n’est formulé, Deux Sœurs est un film fait de constantes aspérités tranchantes. Mais parce que le récit est un constat sans enjeux, l’histoire de Deux Soeurs n’est pas amenée à évoluer, nous laissant ainsi avec une forme d’insatisfaction frustrée.

 

Par Nicolas Rieux

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