Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Jane Got a Gun
Père : Gavin O’Connor
Date de naissance : 2013
Majorité : 27 janvier 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h45 / Poids : 25 M$
Genre : Western
Livret de famille : Natalie Portman (Jane), Joel Edgerton (Dan Frost), Ewan McGregor (Bishop), Noah Emmerich (Bill Hammond)…
Signes particuliers : Natalie Portman est une héroïne de l’Ouest dans un western signé Gavin O’Connor (Warrior) revenant de très loin. (Suite aux tragiques évènements du 13 novembre à Paris, la sortie du film est reportée au 27 janvier 2016).
A MA FAMILLE, TU NOUS TOUCHERAS POINT
LA CRITIQUE
Résumé : Jane Hammond est une femme au caractère bien trempé mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville. Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet. Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane.L’INTRO :
C’est une arlésienne qui revient de loin que ce Jane Got a Gun, western porté à bout de bras par une Natalie Portman à la fois actrice et productrice. L’histoire du cinéma est truffée de projets chancelants comme celui-ci, mais autant dire que Jane Got a Gun aura cumulé les malheurs à un point indescriptible. Si la motivation de son instigatrice n’avait pas aussi forte rendant l’irréel enchaînement des catastrophes bien triste, on aurait presque eu envie d’en rire. Rappel des faits. Mars 2013. Jane Got a Gun est sur le point d’entrer en tournage au Nouveau-Mexique. Mais à quelques jours des premières prises de vue, Michael Fassbender quitte le navire pour voler vers d’autres horizons (en l’occurrence X-Men). Jude Law est alors recruté en catastrophe pour palier à ce désistement de dernière minute. Tout va bien. Mieux du moins. Sauf que le premier jour de tournage, c’est au tour de la réalisatrice Lynn Ramsay (le bijou We Need to Talk about Kevin) de plier bagages. Alors que le producteur du film tire à boulets rouges sur la cinéaste, Gavin O’Connor (le très bon Warrior) est engagé dans l’urgence pour reprendre l’affaire en main. Mais les déboires ne sont pas terminés. Venu essentiellement pour la metteur en scène, Jude Law décide à son tour de s’en aller. Dans la foulée, Bradley Cooper, qui devait incarner le méchant de service, prend la tangente à son tour ppour rejoindre David O. Russell sur The Fighter. Il sera finalement remplacé par Ewan McGregor. Les prises de vues sont censées avoir commencé et il manque toujours un membre clé du casting à l’appel. Alors que le tournage est à nouveau reporté, Joel Edgerton signe. Troisième acteur. La valse est enfin terminée au terme d’un calvaire de production qui aura valu au film, un dépassement de budget de près de 10 millions de dollars.L’AVIS :
Bien des films ne se seraient pas relevés d’un tel enfer. Heureusement, avec l’implication des anciens et des nouveaux venus, Jane Got a Gun a pu être mené à son terme bon an, mal an. Restait seulement à espérer que toutes ces galères connues, n’auraient pas trop d’incidences sur le résultat final. La première bonne nouvelle est que non. De l’écriture à la mise en scène en passant par l’interprétation, Jane Got a Gun a su se relever et atteindre ses objectifs sans que ses ennuis ne se fassent trop sentir sur la cohérence artistique finale. Tirant le meilleur parti de son budget correct mais limité (15 M$ devenus 25 à la suite des nombreux imprévus initiaux), Jane Got a Gun s’impose comme un beau western très codifié selon les règles du genre. Certains y verront une absence de prise de risque, d’autres, un grand respect de ses valeurs, codes et archétypes. Suivant un sentier balisé où l’on reconnaît chaque panneau indicateur du chemin à prendre, le film de Gavin O’Connor s’applique à faire son job le plus proprement possible. Et sur sa route peu escarpée, l’on peut contempler la beauté de ses paysages, de sa photographie, de son production design, de sa mise en scène. Jane Got a Gun a pour lui d’être bien fait, propre, beau à voir, très bien interprété (formidable Nathalie Portman). Une esthétique qui compense finalement assez adroitement un scénario assez conventionnel, au canevas globalement facile et prévisible, appelé par les bons sentiments.Fondamentalement, Jane Got a Gun ne propose pas quelque-chose de vraiment fort, frais et personnel. On est aussi loin des meilleures œuvres du néo-genre (les Appaloosa, Blackthorn, True Grit, The Homesman voire The Salvation) que d’un Shérif Jackson par exemple, autrement plus furieux et rentre-dedans, et le tout manque parfois de poigne, d’inventivité et d’un vrai regard dominant son sujet. Car au final, Jane Got a Gun est un peu à l’image de sa star-productrice, véritable lady du cinéma : noble, sage, bon, sans vague, lumineux, peut-être même un peu naïf et romantique. Heureusement, Gavin O’Connor essaie d’équilibrer ces carences en aspérités narratives et en noirceur, par quelques envolées de violence frontale, bien que quantitativement maîtrisées. Mais bien ficelé malgré une utilisation du flashback très convenue, Jane Got a Gun se suit avec plaisir, installant patiemment son univers et sa visée, en essayant de nourrir au mieux son suspens et la tension qui l’anime. A l’arrivée, on se retrouve en présence de tout, sauf d’un échec embarrassant. Jane Got a Gun est un petit western modeste, que l’on aurait aimé voir plus rageur, mais qui assure l’essentiel autour de son héroïne tenace et de son ancrage à la tragédie, et c’est déjà pas mal.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
alexandre astier merci pour se concours