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A UNITED KINGDOM de Amma Asante : la critique du film

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note 1 -5
Carte d’identité :
Nom : A United Kingdom
Mère : Amma Asante
Date de naissance : 2017
Majorité : 29 mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 2h11 / Poids : NC
Genre : Romance, Biopic

Livret de famille : David Oyelowo, Rosamund Pike, Tom Felton, Jack Davenport, Laura Carmichael…

Signes particuliers : Un sujet en or saboté. Quel dommage.

THE AFRICAN QUEEN

LA CRITIQUE DE A UNITED KINGDOM

Résumé : En 1947, Seretse Khama, jeune Roi du Botswana et Ruth Williams, une londonienne de 24 ans, tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Tout s’oppose à leur union : leurs différences, leur famille et les lois anglaises et sud-africaines. Mais Seretse et Ruth vont défier les ditkats de l’apartheid. En surmontant tous les obstacles, leur amour a changé leur pays et inspiré le monde. 

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Trois ans après Belle, basé sur l’histoire vraie d’une célèbre esclave noire anglaise, la réalisatrice Amma Asante poursuit dans le registre du biopic historique et revient avec A United Kingdom, son troisième long-métrage. Cette fois-ci, la cinéaste braque ses caméras sur le Bostwana, remontant dans son histoire jusqu’en 1947, où une magnifique histoire d’amour allait faire le tour du globe et participer à transformer ce qui était alors, l’un des pays les plus pauvres et méconnus du monde.

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Avec A United Kingdom, Amma Asante tenait un sujet fort, récit d’une bouleversante romance contrariée par des questions politiques dans un contexte historique charnière pour l’humanité, le continent africain en particulier. L’amour entre Ruth Williams, jeune dactylo londonienne, et Seretse Khama, futur Roi du Buchuanaland (l’ancien nom du Bostwana), aurait inspiré l’Afrique toute entière, jusqu’à Nelson Mandela lui-même, alors que leur passion défiait les lois de l’Apartheid et la stabilité impérialiste de la Grande-Bretagne sur le Continent. Tout allait logiquement se dresser contre cette romance hors normes, dans laquelle la petite histoire rejoignait la grande, dans laquelle le romanesque particulier s’associait au changement plus général, sur fond de marche en avant de l’Histoire avec un grand H. Bref, Samma Asante avait une matière en or, de quoi porter à l’écran une page importante et méconnue de la transformation de l’Afrique, au carrefour des anciens temps coloniaux et de l’époque moderne. Malheureusement, le plus tragique ne sera pas à aller chercher dans ce récit poignant déroulé à l’écran, mais dans ce que la cinéaste va en faire, livrant un très mauvais drama lacrymal, plombé par tous les défauts possibles et imaginables qui auraient pu défigurer cette entreprise de biopic pourtant passionnant sur le papier.a_united_kingdom_film_4

Évoluant dans une imagerie insupportablement bouffie au glucose, A United Kingdom sombre de minute en minute dans la mièvrerie béatifiante, ne nous épargnant aucun plan, aucune scène, aucun motif sur-appuyé au marqueur. D’un film intelligent qui aurait pu fièrement mettre en lumière l’un des chapitres les plus importants de l’histoire africaine du XXème siècle sur fond de racisme et d’appel à la tolérance et à l’égalité, Samma Asante dérive vers un mélodrame niais et insipide, où le propos de fond se voit obligé de lutter en permanence pour s’extraire d’un penchant romanesque de la pire espèce, qui l’étouffe jusqu’à l’écœurement. A l’arrivée, on se retrouve très proche d’un de ces téléfilms de luxe que peut produire la BBC, avec tout ce que l’on espérait de cinématographique, évacué au profit d’une dimension mielleuse, soutenue par une mise en scène clichesque, scolaire et désincarnée, quand elle ne coule pas sous le mauvais goût. Comme cette épouvantable photographie cotonneuse dans laquelle baigne l’image, comme ces plans cartes postales de l’Afrique, avec un festival de girafes et d’éléphants pour bien nous rappeler -lourdement- à quel point ses contrées sont belles, ou comme cette musique sirupeuse et omniprésente empruntée à La Petite Maison dans la Prairie. Au milieu de ce naufrage plus artistique qu’idéologique, le couple Rosamund Pike/David Oyelowo livre l’une des pires prestations à l’écran vue cette année.

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A United Kingdom est probablement l’un des films les plus frustrants de l’année. Ou comment saboter une histoire absolument captivante, en la tirant sans cesse vers le médiocre par une illustration niaiseuse et une écriture abrutissante, faisant d’un épisode politique africain majeur, une romance simpliste digne d’un Disney. D’autant plus regrettable que derrière cette apparence risible, A United Kingdom a au moins le mérite de parvenir à poser et expliquer les enjeux de la situation qu’il présente, de manière intelligible, nous amenant ainsi à bien saisir ce qui était alors en jeu au cœur de cette romance certes personnelle, mais en réalité capitale pour le monde africain et occidental de l’époque.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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