Au terme d’une soirée sous extrême tension entre le débat Polanski, la récente démission de la direction de l’Académie, les révélations d’Adèle Heanel sur ses attouchements subies et on en passe, c’est Les Misérables qui est sorti grand vainqueur de cette 45éme Cérémonie des César où l’on a plus parlé « polémique » que cinéma. Le film choc de Ladj Ly qui avait déjà remporté le Prix du Jury à Cannes, a reçu le César suprême du Meilleur Film de l’année. Son quatrième au cours de la soirée puisqu’il a également été couronné des César du meilleur montage, du meilleur espoir masculin pour son acteur Alexis Manenti et enfin du prix du Public.
A la surprise générale, le favori Portrait de la Jeune Fille en Feu de Céline Sciamma ne récolte que le César de la meilleure Photo, pendant que son « adversaire du soir » J’accuse de Roman Polanski rafle celui du meilleur réalisateur, de la meilleur adaptation et des meilleurs costumes. Autant de prix qui auraient pu aller au film de Sciamma mais… non. De quoi déclencher les hostilités puisque la réalisatrice et Adèle Heanel ont quitté immédiatement la salle et hurlant « la honte ».
Autre (énorme) surprise côté comédiens, c’est Anaïs Demoustier qui a finalement héritée du César de la Meilleure Actrice pour sa prestation pleine d’humour dans Alice et le Maire de Nicolas Pariser aux côtés de Fabrice Luchini. On attendait Adèle Heanel ou sa partenaire Noémie Merlant (les deux ultra-favorites) mais il semblait écrit que Portrait de la Jeune Fille en Feu serait presque totalement boudé. Chez les hommes, c’est Roschdy Zem qui a été récompensé pour sa performance mélancolique et intense dans le film policier Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin. Les César des Meilleurs Seconds Rôles sont allés à l’espiègle Fanny Ardant pour La Belle Epoque (également primé pour son scénario signé Nicolas Bedos) et à Swan Arlaud pour Grâce à Dieu de François Ozon.
Enfin, notons que le César du Meilleur Premier Film a été attribué au bouleversant Papicha. Son actrice principale, Lyna Khoudri, a été récompensée du César du Meilleur Espoir Féminin. Totalement mérité. Enfin, le somptueux J’ai Perdu Mon Corps prend le César du Film d’animation (il aurait bien mérité celui du Meilleur Film tout court cela dit) et après sa palme d’or à Cannes et ses 4 Oscars, le coréen Parasite a poursuivi sa folle aventure en décrochant comme attendu le César du Meilleur Film Etranger.