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BONNARD, PIERRE ET MARTHE de Martin Provost : la critique du film

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Nom : Bonnard, Pierre et Marthe
Père : Martin Provost
Date de naissance : 10 janvier 2024
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 2h02 / Poids : NC
Genre : Biopic

Livret de Famille : Cécile de FranceVincent MacaigneStacy Martin

Signes particuliers : Toutes les tares du mauvais biopic poussiéreux.

Synopsis : Pierre Bonnard ne serait pas le peintre que tout le monde connaît sans l’énigmatique Marthe qui occupe à elle seule presque un tiers de son œuvre…

PORTRAIT D’UN PEINTRE ET SA MUSE

NOTRE AVIS SUR BONNARD, PIERRE ET MARTHE

Décidément, il n’y a pas que les voies de Dieu qui sont impénétrables, il y a aussi celles du cinéma français (bon, et celles de la musique tant qu’on y est car Jul est un mystère – mais ça c’est un autre débat). Manifestement, quelqu’un s’est donc dit en réunion au bureau « Tiens, et si on faisait ce biopic sur la vie du peintre Pierre Bonnard ? ». Et à ça, deuxième effet Kiss Kool Kamoulox, Jean-Eudes de la Kekchose a répondu « Excellente idée ! ». Mmmmh, à vu de pif, là comme ça, à brûle pourpoint comme on dit, on serait tenté de mettre une petite pièce de 50 centimes que ça ne va pas marcher. Cindy au service com’ réseaux sociaux et Jacqueline de la compta doivent penser pareil mais elles ont peur que Jean-Eudes de la Kekchose ne les vire donc elles ferment leur gueule. Et voilà qu’on se retrouve avec Bonnard, Pierre et Marthe, nouveau long-métrage d’un Martin Provost qui visiblement, n’avait pas fait assez de mal comme ça avec La Bonne Épouse et qui récidive. Attention Martin, ça va se voir au bout d’un moment.

Porté par Vincent Macaigne et Cécile de France (avec un peu de Stacy Martin dedans), Bonnard retrace donc la vie de l’immense artiste méconnu qu’est Pierre Bonnard, depuis sa rencontre avec sa muse et femme Marthe à la fin de sa vie au Cannet. « Méconnu » car si les connaisseurs argueront -à raison- qu’il est un génie et un grand nom de l’impressionnisme français (avec un musée à son nom), fort à parier que les profanes n’auront probablement jamais entendu pipé mot ni de lui ni de son travail. Si son œuvre est inestimable et d’une beauté hypnotisante, la notoriété populaire de Pierre Bonnard reste en-deçà des Manet, Monet, Renoir, Cézanne et autre Gauguin ou Matisse. Tout ça pour dire qu’on s’en fout un peu d’un biopic sur Pierre Bonnard, de surcroît réalisé par Martin Provost. Mais bon, la chose a quand même été présentée en avant-première à Cannes 2023 et a manqué de peu de faire trépasser les quelques spectateurs qui avaient survécu au film de Catherine Breillat.

Quitte à être suicidaire et à vraiment vouloir se saisir d’un sujet comme « Pierre et Marthe Bonnard » pour faire un futur flop, alors autant faire les choses bien. Pas comme Martin Provost en somme, qui livre l’un des films les plus médiocres de la dernière édition cannoise. L’adage dit qu’il est de bon ton de toujours faire l’effort d’aller chercher le positif dans un film, même mauvais. On a cherché et on a trouvé. Le titre est pas mal. Le générique de fin aussi car il rime avec libération.

Martin Provost signe un biopic ampoulé donnant l’impression d’avoir emprunté la DeloRean de Marty McFly pour retourner dans le cinéma des années 60-70. C’est poussiéreux, c’est plâtreux, c’est académique, c’est sans idées, rien ne va dans cette reconstitution ridicule et débile qui tourne en rond sur elle-même. Imagé selon une mise en scène d’une effroyable platitude, Bonnard, Pierre et Marthe essaie vaguement de capter les angoisses obsessionnelles de l’artiste mais le film se résume surtout à une succession de scènes illustrant avec mollesse les grandes lignes de la page Wikipédia de l’artiste. Ah pour filmer vingt fois deux personnes qui passent leur temps à courir à poil dans la nature sur une musique insupportable, il y a du monde. Mais dès qu’il s’agit de donner un peu de personnalité à l’ouvrage, de le contaminer par le talent plastique de son sujet, de faire preuve d’un soupçon d’audace comme Bonnard en son temps, il n’y a plus personne. On se souvient du mésestimé Cézanne et Moi de Danièle Thompson qui avait su créer un pont entre ses sujets et sa propre confection artistique. Ici, tout est petit, tout est ramollo, sans inspiration, rythmé par le flegme enrhumé de Vincent Macaigne et l’énergie passionnée de Cécile de France. Bonnard, Pierre et Marthe est ce qu’il se fait pire dans la section « biopic », un film sans âme, un film figé dans sa reconstitution en toc, un passe-plat qui sonne toujours faux.

Dur de se faire à l’idée que ce médiocre Bonnard soit signé de la même main que celle ayant offert Séraphine, le film aux 7 César dans lequel Martin Provost dressait le portrait de la peinture autodidacte Séraphine de Senlis. En revenant à un sujet qui semble vraiment l’intéresser, le cinéaste se perd totalement dans les vapeurs de peinture et livre un film bancal, mal écrit, mou, répétitif, fade, traversé par une forme de paresse qui gangrène tout. Son regard sur l’artiste se dilate sous le poids de l’angle du drama romanesque. Au final, tout est dans le titre, il ne s’agit pas d’un film sur l’artiste Pierre Bonnard mais sur le couple indissociable Pierre et Marthe. Il était tout pour elle, elle était tout pour lui, sa femme, sa confidente, sa muse qu’il peignait flou ou de dos. L’angle était intéressant mais Provost n’en fait rien si ce n’est une ritournelle qui tambourine la même chose au portillon durant deux très longues heures.

 

Par Nicolas Rieux

One thought on “BONNARD, PIERRE ET MARTHE de Martin Provost : la critique du film

  1. En desaccord complet avec la critique ci-dessus et la dernière scène m’a touché. Certes un peu long mais c’est une maladie de tous les films actuellement. Par contre je n’ai pas pu lire le paragraphe final qui a défilé trop vite.

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